2 octobre 2025
Haïti sous occupation des gangs : L’ONU exige des mesures concrètes contre le trafic d’armes
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Haïti sous occupation des gangs : L’ONU exige des mesures concrètes contre le trafic d’armes

Rétablir la dignité : Un appel mondial pour mettre fin à la violence en Haïti

La situation en Haïti s’est gravement détériorée, marquée par une violence de plus en plus coordonnée et systématique contre la société haïtienne. Ce qui était autrefois une violence de gangs éclatée s’est transformé en une force organisée qui démantèle lentement les infrastructures et la société du pays. La coalition de gangs Viv Ansanm, une puissante alliance de groupes criminels, a pris le contrôle de zones stratégiques à Port-au-Prince, étendant son influence des quartiers marginalisés jusqu’au cœur de la capitale et au-delà. La violence, alimentée par des armes à feu illégales, a transformé Haïti en un champ de bataille, avec des vies humaines prises dans la ligne de mire.

Entre juillet 2024 et février 2025, les Nations Unies pour les droits humains ont recensé plus de 4 200 meurtres et plus de 1 350 blessés, soulignant la brutalité de la situation sur le terrain. Lors d’un massacre particulièrement odieux, plus de 200 personnes ont été exécutées au cours d’une tuerie qui a duré plusieurs jours à Cité Soleil. Ces chiffres sont non seulement un rappel frappant de la violence extrême, mais aussi un signe de la sophistication croissante des armes utilisées par les gangs, souvent acheminées depuis des ports étrangers, y compris ceux des États-Unis. Le chef des droits humains de l’ONU, Volker Türk, a souligné que ces armes de plus en plus puissantes ne sont pas fabriquées en Haïti, mais font partie d’un réseau de trafic international.

La prolifération des armes à feu illégales est au cœur de la violence qui ravage Haïti, alimentant non seulement les meurtres, mais aussi les enlèvements, les agressions sexuelles et l’extorsion. Les gangs ont installé des points de contrôle sur les principales routes, exigeant des « taxes de circulation » des civils. Toute personne qui résiste risque d’être abattue. Pour enrayer cette violence, il est crucial de lutter contre l’afflux d’armes illégales. L’application de l’embargo sur les armes de l’ONU, le renforcement des contrôles aux frontières, le démantèlement des réseaux de trafic, et la mise en place de programmes de désarmement sont autant de mesures nécessaires.

Un autre problème majeur est la violence sexuelle à grande échelle que subissent les femmes et les filles aux mains des gangs. Enlèvements, viols, et exploitation sexuelle forcée sont devenus une terreur quotidienne. Ces crimes sont souvent sous-déclarés en raison de la peur des représailles, de la stigmatisation sociale et du manque de confiance dans les institutions publiques. La situation des enfants est tout aussi dévastatrice, avec de nombreux jeunes incapables de fréquenter l’école, d’autres exposés à des violences extrêmes, et certains même réduits à la traite par les gangs. Pour les jeunes filles qui survivent aux violences sexuelles, les cicatrices psychologiques sont profondes, mais leur résilience demeure inébranlable.

Des efforts sont en cours pour traiter ces problèmes. En mars, les autorités haïtiennes, avec le soutien des Nations Unies pour les droits humains, ont créé des unités spécialisées pour traiter plus rapidement les affaires de massacres et de violences sexuelles. De plus, il est de plus en plus urgent de mettre en place un système de soutien complet pour les victimes, incluant des soins médicaux immédiats, un accompagnement psychologique, une assistance juridique et des programmes de réintégration sociale.

La crise humanitaire en Haïti est exacerbée par la prise de contrôle des gangs sur les routes et infrastructures essentielles, perturbant gravement le commerce et l’aide humanitaire. Plus de 1 million de personnes ont été déplacées, beaucoup d’entre elles à plusieurs reprises, et des milliers d’autres vivent dans des conditions proches de la famine. Une grande partie de la population fait face à une insécurité alimentaire aiguë, tandis que les travailleurs de la santé et le personnel humanitaire continuent d’être ciblés. Il est urgent de fournir des refuges sûrs, d’assurer l’accès aux services de base et de protéger ceux qui œuvrent pour alléger la crise.

Au cœur de cette catastrophe se trouve la corruption systémique et l’impunité, qui ont permis à ces organisations criminelles de prospérer. Le système judiciaire est faible, avec peu de cas de violations des droits humains jugés. La Police Nationale d’Haïti, malgré ses efforts, est débordée et souvent impliquée dans l’utilisation excessive de la force, ce qui a conduit à la mort de civils innocents. Comme l’a souligné Volker Türk, les bailleurs financiers et politiques des gangs doivent rendre des comptes. Le gel des avoirs, la mise en place de sanctions et l’assurance d’une véritable responsabilité sont des étapes cruciales pour démanteler ce réseau d’impunité.

Malgré la désolation, le peuple haïtien continue de résister. Il y a eu quelques succès, comme la réouverture des écoles et des cliniques dans les zones où la mission de soutien à la sécurité multinationale (MSS), soutenue par l’ONU, a été déployée. Cependant, la situation reste désastreuse, et la communauté internationale doit agir rapidement. Les solutions sont bien connues, comme l’a déclaré William O’Neill : « Les nations du monde doivent fournir à la mission de soutien à la sécurité multinationale dirigée par le Kenya ce dont elle a besoin pour réussir. » Si le monde tarde à agir, il pourrait ne plus rester grand-chose à sauver d’Haïti.

Cette crise appelle à une réponse mondiale qui aille au-delà des discours et se traduise par des actions concrètes. Il est impératif que la communauté internationale soutienne Haïti dans la restauration de sa dignité et dans la fin de la violence qui ravage son peuple depuis trop longtemps.

source: https://www.ohchr.org/en/stories/2025/04/restoring-dignity-global-call-end-violence-haiti

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