Trop, c’est trop : halte à l’indécence politique
Alors que les Nations Unies viennent de rapporter plus de 200 assassinats à Kenskoff et que la ville de Mirebalais voit ses rues envahies de cadavres déchiquetés par des chiens errants, alors que deux religieuses ont péri dans l’anonymat le plus total, Haïti s’enfonce dans une tragédie nationale qui ne cesse de s’intensifier. Et pourtant, au milieu de ce chaos généralisé, l’on apprend que l’un des « braqueurs de la BNC », M. Smith Augustin, ancien ambassadeur accusé de corruption et de détournement de fonds publics, se déplacerait à Montréal pour… parler de référendum. Comment oser?
À quel moment avons-nous collectivement perdu le sens des limites? Comment en sommes-nous arrivés à ce point de non-retour où un homme mis en cause dans une affaire de passeports lorsqu’il était en poste à Santo Domingo, épinglé officiellement en 2024 par l’Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC), se permet d’apparaître sur la scène publique internationale pour promouvoir un référendum que la Constitution haïtienne, rappelons-le, interdit formellement? Où est passée la décence?
Haïti ne peut ni ne doit, dans son état actuel, organiser un référendum. Le contexte est insoutenable, la population est en détresse, les gangs règnent en maîtres, et l’État, lui, se délite. Parler aujourd’hui de réforme constitutionnelle alors que la vie de centaines de citoyens est quotidiennement piétinée relève non seulement de l’incohérence, mais de la provocation.
Les Haïtiens de Montréal ont ici une responsabilité historique. Ils ne peuvent cautionner cette mascarade. Ils doivent dire non à l’arrivée de Smith Augustin sur leur sol. Non, il ne peut être un interlocuteur crédible. Non, il ne peut représenter une quelconque légitimité. Il faut le déclarer persona non grata. L’indécence a ses limites.
La priorité absolue, ce n’est pas un référendum, mais la sécurité, la justice, la restauration de l’ordre public. Haïti a besoin d’élections transparentes, organisées dans la dignité et non d’un théâtre orchestré par ceux qui fuient leurs responsabilités.
Smith Augustin, retournez à Port-au-Prince. Affrontez la justice. Laissez l’Histoire vous juger.
Point final.
