Flashback – 7 mai 2021 : Rosny Desroches dénonce l’utilisation des gangs par le pouvoir.
Vision 200 – Professeur Rosny Desroches : « La violence est l’arme privilégiée des acteurs politiques haïtiens. L’opposition s’en sert pour forcer la population à se révolter et le pouvoir utilise les gangs armés pour accomplir ses basses besognes. »
Le 7 mai 2021, dans un contexte d’escalade de la violence et de la criminalité en Haïti, Rosny Desroches, directeur exécutif de l’Initiative de la Société Civile (ISC), sur Vision 2000, a exprimé son inquiétude face à la situation sécuritaire du pays.
Avec une prudence mesurée et sans désigner explicitement de noms, il a fait remarquer que, contrairement aux accusations mutuelles du pouvoir et de l’opposition, les deux camps – qu’il s’agisse du PHTK-Tèt Kale 2 avec le président Jovenel Moïse et de ses alliés Lapin, Jouthe, Claude Joseph, Mathias Pierre… ou du SDP avec Me André Michel, Marjorie Michel, Nènèl Cassy… – portent chacun une part de responsabilité dans l’engrenage de la violence, notamment par leur instrumentalisation des gangs armés.
M. Desroches a précisé que « la violence est l’arme privilégiée des acteurs politiques haïtiens. L’opposition s’en sert pour forcer la population à se révolter et le pouvoir utilise les gangs armés pour accomplir ses basses besognes. » Il a ainsi dénoncé ce qu’il considère comme une stratégie suicidaire et irresponsable des deux côtés, mettant en exergue la manipulation des groupes criminels à des fins politiques.
En appelant le gouvernement à prendre ses responsabilités, M. Desroches a insisté sur le rôle fondamental de l’État en tant que garant des libertés individuelles. « Si cette situation perdure, la réputation du gouvernement risquerait de se détériorer », a-t-il averti, soulignant que l’insécurité était le résultat direct des antagonismes politiques non résolus. Il a proposé le dialogue comme solution pour apaiser les tensions, affirmant que la violence ne pourrait être combattue que par un rapprochement sincère entre les acteurs politiques.
Dans cette même déclaration, il a aussi mis en garde contre les conséquences d’un blocage politique – peyi lock – prolongé. Selon lui, sans un accord entre le pouvoir et l’opposition, la nouvelle constitution de 2021 restera une simple lettre morte, et les élections à venir seraient marquées par l’absence de crédibilité. L’appel à la réconciliation et à un véritable dialogue, notamment sous l’égide de l’OEA, restait, pour M. Desroches, une condition sine qua non à la sortie de crise.