Haïti, « violence planifiée » selon Fritz Alphonse Jean : les gangs incendient la résidence de l’ex-sénateur Simon Dieuseul Desras, originaire de Saut-d’Eau
La tension monte à Saut-d’Eau, localité stratégique du département du Centre, où la résidence de l’ancien président du Parlement haïtien (2012-2015) et ex-ministre de la Planification, Simon Dieuseul Desras, a été incendiée en pleine journée. Des témoins sur place pointent du doigt les gangs lourdement armés Viv nan San ou Viv Ansanm, actifs dans le Plateau Central, une région longtemps marginalisée par l’État.
Cet acte de violence survient au lendemain du discours de Fritz Alphonse Jean, président du Conseil présidentiel de la Transition, prononcé à l’occasion du premier anniversaire de l’installation de cette instance. Dès l’ouverture de son allocution, M. Jean a affirmé sans détour que la spirale de violences que connaît actuellement Haïti est, « planifiée », selon ses propres termes — une déclaration aussitôt relayée par Rezo Nòdwès et désormais reprise dans l’espace public comme une thèse centrale.
Fragilisé politiquement après la rupture avec sa plateforme BSA, qui l’accuse de déconnexion avec les réalités du terrain, Fritz Jean a dénoncé un chaos méthodiquement orchestré. Il a appelé à des sanctions sévères, sans toutefois nommer ni menacer explicitement les principaux instigateurs de cette violence planifiée. Le constat est d’autant plus alarmant qu’aucun chef de gang identifié publiquement n’a encore été arrêté ou neutralisé, malgré les opérations dites « kamikazes » menées par la Police nationale avec l’appui de la Primature.
Dans ce climat d’impunité, les gangs terroristes Viv nan San et Viv Ansanm poursuivent leurs exactions, notamment dans les départements de l’Ouest et de l’Artibonite, où ils opèrent en toute liberté. Leur pouvoir de nuisance reste intact, alimenté par des circuits logistiques jamais démantelés : aucun de leurs fournisseurs en armes et munitions n’a, jusqu’à présent, été interpellé ou traduit devant la justice.
Figure politique aux parcours multiples, Simon Dieuseul Desras fut sénateur du Centre, président du Sénat, puis ministre de la Planification sous le gouvernement d’Ariel Henry, dans les mois ayant suivi l’assassinat du président Jovenel Moïse. Les motivations exactes derrière l’attaque de sa résidence demeurent à ce jour inconnues.