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Le mercredi du désamour : acte officiel de divorce entre la PNH et la population ?
minute de la rédaction
Mercredi matin, devant les locaux de la Primature, la Police Nationale d’Haïti a fait une démonstration de force que l’histoire retiendra comme un modèle d’efficacité. Face à une foule réclamant des mesures urgentes pour lutter contre l’insécurité galopante « programmée », l’institution a fait preuve de rigueur : gaz lacrymogènes, charges musclées, coups de feu, une exécution parfaite de ce qu’elle sait faire de mieux. Cette performance est à saluer : la police s’est montrée intraitable face à ceux qui, en dernier recours, demandaient simplement à vivre sans la crainte permanente de l’arbitraire des bandes terroristes lourdement armées. Les citoyens ont pris acte, et sans doute avec une « pointe d’admiration, » car désormais une chose est sûre : la police a les moyens de frapper fort.
On peut donc s’attendre à ce qu’il y ait une évolution dans l’attente. La police s’est distinguée en écrasant la contestation populaire, reste à la voir appliquer la même vigueur contre les véritables maîtres du territoire. Il ne serait plus acceptable d’invoquer le manque de moyens, d’effectifs ou de matériel. A Village de Dieu, Croix-des-Bouquets, Carrefour, Cité Soleil, Croix-Périsse… dans tous ces bastions de la violence « programmée », on s’attend désormais à une manifestation identique à celle de mercredi dernier. L’Etat et son bras armé se doivent de faire preuve d’une cohérence absolue : si l’usage de la force est possible contre des citoyens désarmés – kap mande Leta kont – , il doit l’être avec encore plus de fermeté contre ceux qui, au quotidien, terrorisent le pays.
La scène de mercredi dernier amène donc une question de fond : contre qui la police haïtienne fait-elle réellement la guerre ? Contre qui choisit-elle de déployer ses stratégies les plus fructueuses ? En réprimant violemment des citoyens venus simplement revendiquer leur droit à l’existence, elle a clairement démontré qu’elle pouvait répondre avec autorité. Il serait paradoxal, voire insultant, que ce zèle ne s’exerce que sur les faibles et disparaisse lorsqu’il s’agit d’affronter les bandes qui défont la République. Le temps est venu de mettre ces muscles à l’épreuve : nous voulons les voir se tendre dans des opérations de rétablissement de l’ordre, là où c’est vraiment nécessaire.
L’Etat haïtien, par l’action de sa police, a tracé une ligne dont la logique ne peut être inversée. Désormais, l’excuse de l’impuissance ne tiendra plus. Il n’y a pas de retour en arrière possible : soit la police prouve qu’elle est l’ultime garant de la sécurité publique en s’attaquant avec la même détermination aux forces criminelles, soit elle se condamne à être considérée comme une institution dont la seule force est d’opprimer les faibles – dan pouri gen fòs sou banan mi -. Le peuple a vu, le peuple a vécu, a su et il attend.
cba
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