3 octobre 2025
Haïti : une levée de boucliers contre toute tentative de référendum constitutionnel imposé par un « gouvernement inconstitutionnel et corrompu »
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Haïti : une levée de boucliers contre toute tentative de référendum constitutionnel imposé par un « gouvernement inconstitutionnel et corrompu »

Un référendum de trop ? Le peuple haïtien refuse la manœuvre du CPT

Port-au-Prince — Une vague de désapprobation populaire monte contre un éventuel référendum constitutionnel initié par le Conseil Présidentiel de Transition (CPT). Dans des correspondances distinctes adressées cette semaine à Rezo Nòdwès, de nombreux citoyens et citoyennes ont exprimé, avec une rare véhémence, leur opposition à toute initiative de cette nature « illégitime et dénuée de tout fondement juridique« .

A leurs yeux, ce projet, porté « depuis 2012 par une équipe de corrompus aux colonnes vertébrales recourbées s’arrogeant le droit d’exécuter un plan de chaos et d’exclusion d’Haïti sur la scène internationale », constitue une menace directe aux aspirations démocratiques du pays.

Cette résistance s’inscrit dans un climat de méfiance généralisée envers les initiatives « téléguidées ou imposées par des intérêts étrangers« . « Haïti a besoin de dirigeants avec une colonne vertébrale », a commenté un lecteur, s’appuyant sur les propos de l’ancien envoyé spécial du président Biden en Haïti, Daniel Foote. Ce dernier, dans un entretien accordé cette semaine à Fox News, a dénoncé l’influence persistante des États-Unis dans les affaires internes haïtiennes, rappelant que Washington avait, depuis plus d’un siècle, contribué à faire et défaire les gouvernements du pays.

M. Foote a souligné le rôle excessif de la diplomatie américaine dans les décisions politiques haïtiennes. Ce témoignage vient renforcer les critiques adressées à des figures comme l’ancien Premier ministre Ariel Henry, surnommé par certains « le roi de la courbature », pour son attitude « trop accommodante envers les puissances extérieures« .

La méfiance populaire envers le CPT, organe de gouvernance collégiale composé de neuf membres, ne cesse de croître. Près d’un an après son installation, ses promesses de stabilité et de sécurité nationale n’ont pas fait long feu malgré les multiples notes de presse. La situation sécuritaire, loin de s’améliorer, a connu une escalade dramatique, au point que l’archevêque du Port-au-Prince, Max Leroy Mesidor, a récemment qualifié la situation de « chaos ».

Ce climat de défiance n’est pas nouveau. Plusieurs gouvernements précédents, notamment sous Jovenel Moïse, avaient tenté de remettre en question la Constitution de 1987, pilier des acquis démocratiques du 7 février 1986. Ces tentatives de réforme constitutionnelle se sont souvent heurtées à la critique, certains dénonçant des textes déjà rédigés en dehors de toute consultation nationale réelle et dépouillés des avancées démocratiques historiques du pays.

Dans ce contexte de crispation, plusieurs organisations de la société civile ont d’ores et déjà appelé à une grande mobilisation populaire le 29 mars 2027, date symbolique de l’adoption de la Constitution de 1987. Leur objectif : dire un « non » catégorique à toute tentative de référendum-bidon, ainsi qu’à l’émergence de « dirijan san karaktè », selon leur propre expression. Pour ces voix critiques, seule une législature régulièrement élue peut, en fonction des nécessités et des exigences de l’époque, engager de manière légitime un processus de réforme constitutionnelle.

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