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Houston, Texas — L’administration Trump remet en place la politique controversée de détention des familles migrantes avec enfants, relançant ainsi une pratique vivement critiquée par les défenseurs des droits humains. Cette décision s’inscrit dans le cadre d’une vaste opération de renvoi promise par le président, qualifiée par ses services comme la plus importante de l’histoire américaine récente.
D’après un rapport interne consulté par CBS News, les services de l’immigration (ICE) ont commencé jeudi à détenir un premier groupe de parents et d’enfants dans un centre texan conçu pour l’accueil de familles. Parmi eux figurent trois enfants, selon les informations du document.
Tricia McLaughlin, porte-parole du Département de la Sécurité intérieure (DHS), a confirmé que plusieurs centres de détention au Texas étaient en cours d’aménagement pour accueillir ces familles en situation irrégulière. « Nous ne comptons pas ignorer la loi », a-t-elle déclaré.
Les installations concernées sont situées à Karnes City et Dilley, deux localités proches de San Antonio, qui avaient été utilisées sous l’administration Biden pour détenir exclusivement des adultes. Ce revirement marque une rupture avec la politique de l’administration précédente, qui avait mis fin à la détention prolongée des familles, une pratique largement étendue sous l’administration Obama pour dissuader les traversées illégales de la frontière sud.
Les associations de défense des droits de l’enfant et plusieurs experts en protection de l’enfance dénoncent depuis longtemps les effets délétères de la détention familiale sur le développement et la santé mentale des enfants. En 2016, un rapport commandé par le DHS recommandait d’ailleurs l’abandon progressif de cette pratique.
« Il n’existe aucune manière sûre ou justifiable de détenir des familles. Cette politique inhumaine n’a aucune légitimité », a affirmé Neha Desai, avocate au National Center of Youth Law, qui représente plusieurs enfants migrants dans une procédure fédérale.
Un défi juridique et logistique de longue date
Le gouvernement américain se heurte depuis plusieurs années à une série de défis juridiques, humanitaires et opérationnels face à l’arrivée de familles migrantes. En 2015, une décision judiciaire avait déjà restreint la durée de détention des enfants à un maximum de 20 jours, limitant considérablement la portée de la détention familiale.
Le rétablissement de cette politique s’inscrit dans une stratégie plus large de l’administration Trump visant à accroître les capacités d’arrestation, de détention et d’expulsion de l’ICE. Sous une forte pression politique, l’agence se voit contrainte d’intensifier ses actions de contrôle sur le territoire.
Cependant, les opérations d’expulsion massives se heurtent à des obstacles logistiques persistants. Selon des données internes, les centres de détention de l’ICE dépassaient déjà jeudi 120 % de leur capacité, avec plus de 46 000 migrants détenus pour 38 000 places officiellement disponibles.