Entre décembre 2024 et février 2025, le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH) a enquêté sur 3 massacres orchestrés à Wharf Jérémie, à Kenscoff et à Chateaublond, par les groupes armés membres de la fédération terroriste Viv Ansanm.
Lors de ces massacres, des atrocités innommables ont été enregistrées dont des assassinats, des blessures par balles, des enlèvements, des disparitions ainsi que des viols. Parmi les victimes figurent des bébés, des enfants, des filles et des femmes, des personnes du troisième âge ainsi que des personnes à mobilité réduite ou vivant avec une déficience sensorielle. Des maisons et des véhicules ont aussi été incendiés.
Le bilan de ces atrocités ainsi que les raisons pour lesquelles elles ont été commises sont effarants :
• Après avoir été informé par un hougan que la maladie et la mort de son fils Benson ALTES étaient imputables aux loups-garous de la zone, les 6 et 7 décembre 2024, à Wharf Jérémie, Monel FELIX encore appelé Micanor ALTES alias Roi Micanor a assassiné au moins 110 personnes âgées pour la plupart entre 60 et 80 ans.
• Dans une velléité d’élargissement de leur territoire, les 27, 28 et 29 janvier 2025, des bandits membres du gang armé de Village de Dieu dirigé par Johnson ANDRE alias Izo 5 secondes, ont attaqué Kenscoff, plus précisément les localités de Bongard, Godet, Chauffard, Belot, Kafou Bèt et Bwa Majò, où ils ont assassiné et / ou fait disparaitre au moins 139 personnes, tout en incendiant des dizaines de maisons trouvées sur leur passage.
• Au lendemain de la mort d’Annil JEAN-PHILIPPE, membre du gang armé Kraze Baryè, tué le 14 ou le 15 février 2025 lors d’une intervention policière, l’un de ses fils, Stanley JEAN-PHILIPPE, estimant que l’information ayant aidé la PNH provenait des riverains de Chateaublond, a sollicité et obtenu du chef du gang Vitelhomme INNOCENT, l’autorisation de venger son père. Le 16 févier 2025, il a donc conduit une expédition punitive à Chateaublond qui s’est soldée par l’assassinat de 20 personnes au moins, le viol d’une fillette de 10 ans et l’incendie de nombreux maisons et véhicules.
Ainsi, en 3 mois successifs, 3 massacres sont perpétrés par les bandits armés sous le regard indifférent des autorités de la transition qui, en dépit de leurs cellules de renseignement, n’ont rien fait en vue d’empêcher que les bandits armés tuent au moins 269 personnes dont 56 du troisième âge, 7 enfants et 13 autres présentant une déficience physique ou sensorielle. Pire encore, alors que ces massacres sont perpétrés, les bandits armés ont continué à s’en prendre à la population dans d’autres zones, semant la terreur partout où ils passent.
Le Conseil Supérieur de la Police Nationale (CSPN) – dont le président ainsi que les membres avaient promis de ramener l’ordre et la sécurité dans le département de l’Ouest particulièrement – a perdu le contrôle total de la situation. Les agents de l’institution policière, déployés sur tous les fronts et sans moyens adéquats, s’échinent à riposter aux bandits qui, de leur côté, semblent mettre en œuvre un plan bien déterminé. La Mission Multinationale d’Appui à la Sécurité (MMAS) – vendue par la communauté internationale et les précédents gouvernements comme la solution miracle à l’insécurité en Haïti – ne rassure pas quant à ses capacités à aider efficacement dans le rétablissement des conditions minimales de sécurité, d’autant plus que sa présence sur le terrain n’inquiète pas outre-mesure les bandits armés.
Les Forces Armées d’Haïti (FAD’H) sont tout simplement inexistantes. 5. Le RNDDH estime que les autorités de la transition ne prennent pas l’ampleur de ce qui se joue et les exhorte à se ressaisir en vue de : Fournir assistance financière, médicale et psychologique à la population haïtienne, fatiguée de vivre dans ces conditions de violence, d’incertitude et d’errance ; Tout mettre en œuvre en vue de ramener l’ordre et la sécurité dans le département de l’Ouest ; Traquer les bandits armés en vue de les juger et de les condamner pour tous les faits qui leur sont reprochés. Le RNDDH recommande aussi aux membres du CPT de renoncer aux fonds alloués à l’intelligence qu’ils se sont octroyés, au profit des institutions policière et militaire.
En décembre 2024, en janvier et février 2025, Wharf Jérémie, Kenscoff et Chateaublond, trois (3) zones différentes du département de l’Ouest, relativement éloignées l’une de l’autre, ont été le théâtre d’événements sanglants ayant occasionné des pertes humaines et matérielles énormes.
Trois (3) massacres ont été perpétrés à l’encontre de la population, par des bandits armés tous membres de la fédération terroriste Viv Ansanm, pour des raisons différentes. Si à Wharf Jérémie, Micanor ALTES alias Roi Micanor s’en est d’abord pris aux personnes âgées puis a assassiné des jeunes de sa communauté, sous prétexte qu’il voulait tuer les loups-garous de la zone qui attaquaient son fils Benson ALTES, à Kenscoff, les bandits armés poursuivaient leur objectif d’élargissement de leur territoire et à Chateaublond, l’expédition punitive menée par Stanley JEAN-PHILIPPE avait pour but de venger la mort son père Annil JEAN-PHILIPPE qu’il impute à des membres de la communauté.
1Même si les raisons sont différentes, ces épisodes de violence démontrent que les bandits armés, bénéficiant du laxisme et de la complicité des autorités de la transition, tuent avec facilité, perpétuant ainsi la politique de banalisation de la vie, mise en œuvre par ceux et celles qui, depuis plusieurs années, se succèdent au pouvoir. En l’espace de trois (3) mois consécutifs, deux-cent-soixante-neuf (269) personnes au moins ont été assassinées soit cent-dix (110) à Wharf Jérémie, cent-trente-neuf (139) à Kenscoff et vingt (20) autres à Chateaublond où au moins une fillette de dix (10) ans a aussi été violée.
Il convient aussi de souligner que parmi les victimes, au moins cinquante-six (56) personnes du troisième âge, un (1) bébé, sept (7) enfants ainsi que treize (13) personnes vivant avec une déficience motrice ou sensorielle, ont été dénombrés. 145. Des véhicules ainsi que des maisons ont été vandalisés et/ou incendiés. Encore une fois, la population civile, victime des pires atrocités jamais recensées lors des massacres et attaques armées enregistrés en Haïti depuis 2018, a dû tout laisser derrière elle pour se réfugier comme elle peut, chez des proches ou dans des sites de déplacés où les conditions sont caractérisées par la promiscuité, l’insalubrité et l’extrême pauvreté.
La réponse étatique à ces massacres n’a pas été identique. Les moyens qui ont été déployés pour reprendre le contrôle de Kenscoff et de Chateaublond, n’ont pas été remarqués pour Wharf Jérémie. En dépit de cela, cette réponse n’a pas été suffisante pour ramener l’ordre et la sécurité dans les zones en question.
Le président du Conseil Supérieur de la Police Nationale (CSPN), Alix Didier FILS AIME n’a, depuis son accession au poste de premier ministre, que promis de résoudre le problème de l’insécurité. Aujourd’hui, force est de constater qu’il n’a, à date, manifesté aucune volonté réelle de résoudre ledit problème. Le ministre de la Justice et de la Sécurité publique, le Docteur Patrick PELISSIER, premier vice-président du CSPN, se contente, à chaque massacre et attaque armée, de durcir le ton comme ses prédécesseurs, dans des notes inutiles, menaçant les bandits armés et faisant des promesses qu’il sait ne vouloir tenir. Le ministre de l’Intérieur et des Collectivités Territoriales Paul Antoine BIEN-AIME, deuxième vice-président du CSPN, dont la nomination a été bien accueillie par la population qui pensait qu’il allait aider à mettre un frein à ces massacres et attaques armées, est totalement effacé.
La stratégie mise en place par l’institution policière avec à sa tête le directeur général de la Police Nationale d’Haïti (PNH) Normil RAMEAU secrétaire exécutif du CSPN, n’est pas de nature à résoudre le grave problème d’insécurité auquel nous faisons face. Au contraire, les policiers, déployés sur tous les fronts avec très peu de moyens, n’arrivent pas à fournir de résultats probants.
Les Forces Armées d’Haïti (FAD’H) amorphes sont mises de côté, sans moyen face à la dégradation de la situation sécuritaire du pays, en dépit du fait que leur haut – commandement avait laissé croire qu’elles avaient la capacité d’aider à résoudre – et même à éradiquer – le problème de l’insécurité en Haïti, pour peu que certains équipements de combat leur soient fournis. La Mission Multinationale d’Appui à la Sécurité (MMAS) de son côté, semble n’avoir pas encore pris ses marques. A date, ses interventions ne rassurent nullement sur sa capacité à venir en aide à la population haïtienne qui continue de souffrir des agissements des bandits armés