Quatre millions disponibles pour des « hostilités » carnavalesques dans un contexte crispé de risque et de vulnérabilité paroxysmiques, l’animal à sept têtes et deux cornes trôné à cette présidence impotente et budgétivore serait tombé sur la tête. Les opportunistes politiques seraient prêts à attirer dans la jungle « quatre mille lions » enragés pour rendre plus pénibles les conditions de vie déjà délétères des familles haïtiennes persécutées. Encore une fois, ce CPT tant décrié ne se démarque pas du groupe G-9 des familles et alliés détraqués qui se fichent du bien-être de la collectivité. La connivence de quelques-uns de ces profiteurs des privilèges providentiels avec les barbares largués dans la Cité ensanglantée qui se réclament du groupe terroriste « Viv-Ansanm », a été déjà trop choquant.
Tandis qu’à ce bal incongru la cavalière harassée culbute en des pas non synchronisés avec les opus auditionnés, des balles perdues et des balles planifiées se logent dans les cœurs et les poumons de ses enfants prometteurs. Maladroitement mise sur ses talons d’Achille, cette mère accablée a eu vent des tristes nouvelles de ses progénitures assassinées en salle de classe, de ses dignes policiers exécutés, de ses professionnels de la presse assassinés devant des hôpitaux, de ses vieillards égorgés au sein de leurs résidences. Haïti feuillette des pages parmi les plus tristes de son histoire. En voulant apporter des couleurs de débauche à ce traumatisant tableau de précarité, de crime et de scandale de corruption impliquant anciens présidents, premiers ministres, ministres, directeurs généraux et aujourd’hui un trio mafieux d’entre eux, ce Conseil présidentiel se montre insouciant aux méandres de la population.
Comme une vulgaire cavalière accompagnée par des quatre pattes métamorphosées en deux, Haïti est contrainte de danser dans une claustrophobie sonore un bal masqué orchestré par les maestros arrivistes qui ont badigeonné la sphère politique de toutes les inepties. Depuis le tsunami politique post-sismique générateur d’un fiasco fécal intégral, cette bien-aimée mal-aimée inhale un parfum à l’arôme nauséabond répandu par des salauds répugnants addictés à la prostitution et au cannabis. En des poussées électoralistes égocentriques, ces myopes qui ne pouvaient voir plus loin que la pointe de leurs nez ont pondu dans la Cité une palanquée de bandits convertis aujourd’hui en cannibales. Ces monstres perturbent la paix sociale de la république emblématique dans un récital de violences extrêmes. Depuis l’intronisation de la bêtise à l’hypophyse de sa sphère stratégique, Haïti se couche et se lève au quotidien dans des climats de conflit et d’effusion de sang.
Au Centre-Ville, dans les bidonvilles, dans les hauteurs de Pétion-Ville, aux hôpitaux, aux écoles classiques, au sein des facultés et dans les airs, les sons balistiques s’expriment en des décibels de tonnerre. Les barbares adoptent aussi le slogan « The Sky Is the Limit ». En novembre dernier, pour festoyer ou exprimer leur colère face à la destitution du PM Kennedy Garry Conille, les gangs avaient dégainé sur des aéronefs commerciaux jusqu’à les détourner de leur destination du tarmac Toussaint Louverture. Cette attaque spectaculaire à caractère transnational a résulté dans la cessation des vols internationaux sur Port-au-Prince, réduisant ainsi les chiffres du tourisme international à un zéro absolu. Les arriérés détraqués ont maintenu en otage les fils et les filles de la diaspora haïtienne qui peinent à triompher de cette nostalgie maladive nourrie par un attachement viscéral avec la terre natale.
Les derniers épisodes de la série cannibale vécue en Haïti constituent un véritable régal infernal au profit du diable. Effets de récence, personne ne peut jeter promptement dans les oubliettes de l’histoire les avanies vécues par un ensemble de familles à Kenskoff. Plusieurs cadavres ont été recensés dans le camp de la population sans défense alors que le président du CSPN, un Fils mal Aimé, a avoué que les institutions responsables de la sécurité publique étaient au courant de l’invasion criminelle bien avant sa réalisation. Quelle sottise de l’intelligence ! En octobre dernier, un carnage indescriptible causant plus d’une centaine de décès gratuits a été orchestré au Pont-Sondé, à la Petite Rivière de l’Artibonite. Parallèlement, le quartier de Solino a été dans la visière des gangs de la capitale qui incendiaient des maisons et des entreprises, expropriaient et tuaient plusieurs résidents.
Au mois de décembre, la situation avait empiré dans un massacre démoniaque à Cité-Soleil qui a vu selon un rapport de l’ONU environ 200 personnes âgées exhaler leur dernier souffle dans l’indignité la plus totale. Même au jour sacré de la Noël, les bandits n’avaient pas chômé. Ils avaient assassiné des compatriotes dont deux journalistes devant le plus grand centre hospitalier du pays, un espace censé être stérilisé. Tandis que les crises humanitaires et la promiscuité provoquée par les déplacements spontanés dans des camps inappropriés portent les germes des maladies contagieuses, l’Hôpital Général n’a toujours pas été récupéré par le gouvernement. D’une part, les projectiles transpercent les corps des habitants ; de l’autre, l’accès au soin de santé devient de plus en plus utopique. La rupture de l’aide étrangère entrainera à coup sûr la rareté de certains services subventionnés par des OI et des ONG. Sous peu, Haïti connaîtra une recrudescence de la vulnérabilité socioéconomique. Est-ce vraiment un timing approprié pour des projets de débauche qui promettent toujours des blessés et des morts ? Gouverner c’est prévoir ; gouverner c’est éviter de gaspiller des vies et des ressources rares.
Sacrifices à la Jean Baptiste, de multiples têtes ont été décapitées et offertes sur des plateaux pour plaire au palais de Lucifer. Sous les caprices des escadrons de la mort, des organes vitaux des deux sexes et de toutes les tranches d’âges ont été brutalement arrachés à leurs détenteurs. Sans faire le deuil des victimes du Sud, le Nord avait déjà été attaqué par des coups tragiques. Cela fait plus de cinq ans que le sang des innocents ne cesse de couler à flots sur les trottoirs, notamment dans les zones urbaines et rurales de l’Aire métropolitaine de Port-au-Prince. Il est temps qu’Haïti cesse de végéter sous l’emprise du démon. Elle doit briser les chaînes et fermer cette vanne d’effusion de sang qui a trop duré. Cependant, gardons à l’esprit que le pays ne s’en sortira pas en absence de gouvernants dotés de la vertu politique de reconnaître la primauté des intérêts collectifs sur leurs intérêts mesquins.
Coût d’opportunité du carnaval
Le coût d’opportunité représente un coût de renonciation par rapport à des choix alternatifs. Par exemple, l’option d’investir plusieurs millions de dollars dans un projet de route revient à renoncer à d’autres choix de dépenses publiques. Cette option écarte donc la possibilité de construire un hôpital, un campus universitaire, un parc sportif, un marché public, etc. En effet, envisager de dépenser quatre millions de dollars au carnaval revient à ne pas offrir des soins de santé ou à ne pas améliorer les conditions d’accueil à l’université. Ce choix sacrifie par exemple celui de relancer les championnats nationaux de football dans la perspective d’offrir des divertissements décents aux jeunes tout en explorant les talents sportifs qu’Haïti aurait pu mobiliser dans des contrats juteux en Europe ou en Amérique du Nord. Les choix alternatifs sont infinis. Voilà pourquoi les politiques doivent être constamment interpellés à utiliser conscience et intelligence pour mieux cerner les priorités du moment.
Tandis que plusieurs établissements scolaires et hôpitaux ont été vandalisés et que ce sont les places publiques qui accueillent la plupart des millions de citoyens haïtiens contraints de déguerpir leurs résidences sous la menace des gangs, le CPT juge que la débauche est la meilleure allocation à faire des fonds publics. Situation d’urgence avaient-ils claironné en sollicitant un arbitrage à cristalliser dans un budget de guerre pour faire taire cet orage de l’insécurité qui tue le pays. Nous convenons que ce contexte bancal requiert une force légale pourvue de stratégies et de toutes les ressources létales pour désarticuler les bandits. Mais la concrétisation du projet de la restauration de la sécurité et la sûreté publique doit se refléter dans une meilleure allocation des ressources financières au profit de la police et de l’armée. Pourtant en plus d’une gestion calamiteuse des fonds de l’intelligence qui bénéficie à chacun de leurs clans, ces conseillers présidents dépensent notre argent grossièrement. L’incohérence est flagrante.
Haïti vit un moment difficile où chaque centime public alloué à un projet devait faire l’objet d’une analyse pointue afin d’évaluer sa rentabilité économique et sociale. La sécurité étant une production primordiale pour toutes les initiatives publiques, comment le carnaval peut-il être possible quand la perte des territoires en Haïti devient désormais notre refrain quotidien ? Le carnaval ne saurait être la priorité du moment. Sortir la carte des coutumes ou des habitus culturels est juste un prétexte. Sur cette lignée, qu’avons-nous donc fait de la culture des championnats nationaux, notamment du football au masculin et au féminin ? D’ailleurs, la rentabilité économique et sociale n’est plus à démontrer dans le secteur sportif. Suivez mon regard avec la mobilité sociale que connaissent nos grenadiers et grenadières alors qu’ils n’ont même pas bénéficié d’un encadrement adéquat de l’État haïtien. Comme pour le carnaval, j’aurais aimé vivre un déclic où nos politiques choisiraient de consentir des efforts gigantesques pour mobiliser les jeunes à devenir compétitifs sur les plans académique et athlétique.
Les quatre millions de dollars ne peuvent-ils pas servir une meilleure cause ? J’imagine par exemple l’augmentation de productivité qui découlerait des services de la PNH si elle devait recevoir une incitation de quatre millions de dollars. La force de l’ordre aurait pu se procurer de matériels logistiques supplémentaires tout en motivant son personnel à travers des salaires et des primes alléchants. Parlant de bambocher, le CPT aurait emboîté le pas à la bande criminelle « Viv-Ansanm ». Après une « riche année » soldée en 1.5 millions de déplacés, plus de 5 600 décès, une pléiade de filles et de femmes violées, des pharmacies vandalisées, un nombre pléthorique de bâtiments publics incendiés, plusieurs entreprises décapitalisées, il vient donc le temps pour les criminels de fêter.
En voulant festoyer leurs victoires sinon leurs multiples sacrifices offerts à Lucifer à travers des ambiances de carnaval dans l’Aire métropolitaine, les escadrons de la mort du groupe terroriste « Viv-Ansanm » demeurent cohérents. Vu leur agenda, ils ont de quoi fêter. Cependant, quand ce sont les « gouvernants » qui invitent la population à des ambiances pour se soûler et se déhancher en déshonorant la mémoire de nos regrettés provoqués par ces bandes criminelles, le bon sens est atterré. Sauf s’ils avaient le même agenda, sauf si les conseillers présidentiels sont eux-mêmes des gangs à cravate, alors ils n’auraient pas tort de faire comme les gangs à sapate en organisant des ambiances festives sur le sang versé par de nombreuses victimes de la terreur installée au pays.
Compte tenu de la priorité des priorités de rétablir la sécurité, des risques encourus dans un contexte déjà si précaire et surtout des multiples pertes en vies humaines vécues au pays en 2024 et tout au début de cette année, un carnaval en février-mars 2025 est juste insensé. Espérons que le gouvernement va se ressaisir en annulant cette décision grossière de faire valser la population rescapée sur le sang des innocents ensevelis dans la précocité.
Carly Dollin
