LETTRE OUVERTE AUX MEMBRES DU CONSEIL DES DROITS DE L’HOMME DES NATIONS UNIES
OBJET : Désignation d’une Commission d’enquête sur l’ampleur du génocide planifié principalement par les Etats-Unis d’Amérique contre le peuple haïtien.
Distingués membres du Conseil des Droits de l’Homme,
Nous, signataires, originaires d’Haïti, un Etat membre fondateur des Nations Unies depuis 1945, tenons à vous assurer que la présente lettre ouverte s’inspire des attributions essentielles du Conseil des Droits de l’Homme dont les suivantes :
« Le Conseil a pour but principal d’évaluer des situations de violations des droits humains et d’émettre des recommandations pour y remédier. » En outre, « Le Conseil établit des Commissions d’enquête et des Missions d’établissements des faits qui produisent des preuves irréfutables sur les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité. »
Ces attributions se situent au croisement de notre grande préoccupation quant à l’urgence d’une Commission d’enquête du Conseil aux Etats-Unis d’Amérique sur l’ampleur du génocide planifié par cet Etat membre de l’ONU contre le peuple haïtien.
Vous n’êtes pas sans savoir qu’Haïti fut parmi les tout premiers membres de l’ONU à apprécier la grande vision de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de 1948 en tant qu’Etat rapporteur de la Commission y relative.
Nous, signataires, nous nous inspirons d’un Droit fondamental inscrit à l’article 3 de ladite Déclaration, précisément le DROIT A LA VIE et nous sommes fortement indignés par les violations de ce droit suprême du peuple haïtien par le gouvernement étatsunien. En ce sens, plusieurs faits sont à rappeler, tels :
–Le rapport de l’ONUDC. Dans un rapport publié en mars 2023, l’Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime (ONUDC) a relevé l’implication des Etats-Unis d’Amérique dans le trafic d’armes et de munitions vers Haïti, notamment à partir de l’Etat de Floride.
–Les révélations d’un Colonel retraité de la Marine, Mark Cancian, rapportées par la presse américaine. Selon ses propos tenus en 2024 « Les forces de sécurité n’ont pas pu obtenir les armes dont elles avaient besoin en raison des restrictions imposées par les Etats-Unis aux forces de l’ordre tandis que les gangs, confrontés à un tel obstacle, ont pu acquérir des armes plus lourdes et plus sophistiquées. » En outre, l’ex Colonel retraité a affirmé que « La politique américaine a armé les gangs mieux que la police et l’armée par inadvertance. » (Miami Herald, 12 avril 2024)
Un fait plutôt paradoxal quand l’on considère que depuis 34 ans, le gouvernement américain a imposé un embargo sur les armes à destination d’Haïti. Aucun achat d’armes et de munitions ne peut être effectué par la Police Nationale d’Haïti sans son autorisation. Est-il interdit de penser que ces gangs sont en fait des terroristes de service pilotés par des experts étatsuniens ? Au juste, combien de personnes ont été victimes en Haïti en 2024 des balles américaines qui leur ont été distribuées ? A ce sujet, c’est encore un organisme onusien qui renseigne.
Dans un rapport publié le 7 janvier 2025, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux Droits de l’Homme (HCDH) indique que « La violence des gangs a tué au moins 5601 personnes l’année dernière, soit une augmentation de plus de 1000 victimes par rapport à l’année 2023.»
Le Haut-Commissaire des Droits de l’Homme, Volker Türk, précise : « Ces chiffres à eux seuls ne permettent pas de rendre compte des horreurs absolues perpétrées en Haïti mais ils illustrent la violence incessante à laquelle la population est soumise.» Il souligne que « Les armes qui affluent en Haïti finissent souvent entre les mains des gangs criminels avec des conséquences tragiques : des milliers de morts, des centaines de milliers de déplacés, des infrastructures et des services essentiels tels que des écoles et des hôpitaux, perturbés et détruits. »
La question ne saurait être évitée et encore moins la réponse : Qui est le véritable auteur de ce chaos, de ce génocide planifié ? Le fournisseur d’armes et donneur d’ordres.
N’est-il pas choquant que ce soit ce même Etat membre de l’ONU qui se positionne comme porte-plume des décisions à discuter sur Haïti ? Que ce soit l’envoi de troupes en provenance du Kenya, du Salvador, du Guatemala sans oublier la Jamaïque et autres… Il persiste à anesthésier la force militaire haïtienne tandis qu’il court ici et là en Afrique, dans la Caraïbe, en Amérique centrale, à recruter des pions tout heureux d’empocher l’argent facile de missions sans recherche de résultat. Ces joueurs kenyans, salvadoriens, jamaïcains et guatémaltèques n’accusent que des nuls.
Le peuple haïtien ne voit pas leur raison d’être et leur présence laisse un goût amer d’autant plus qu’il n’a pas encore fait son deuil des trente mille victimes du choléra, un crime onusien encore impuni et non réparé. Qu’à cela ne tienne, le projet n’est pas écarté. Il sera imposé à la nation haïtienne par séquence. Il suffit de programmer tous les trois ou six mois l’arrivée d’une nouvelle troupe originaire de l’Amérique latine, d’Afrique, d’Asie et pourquoi pas encore une fois du Népal – dont des unités ont introduit le choléra meurtrier en 2010 – et le tour est joué : une mission onusienne sans le nom garantissant un taux de non-reddition de comptes et d’impunité encore plus élevé.
Déjà en 2023, l’Etat membre de l’ONU et chef d’orchestre du chaos haïtien avait décidé d’un Plan de dix ans pour Haïti par le biais d’un processus dénommé « Strategic Framework-10 years Plan for implementing the US Strategy to prevent conflict (US Department of State, March 27, 2023). » Est-ce une Résolution du Conseil de Sécurité qui autorise le Ministère des Affaires Etrangères d’un Etat membre à planifier le futur d’Haïti ?
Aune quinzaine d’années du séisme du 12 janvier ayant entrainé une cohorte de sans-abris, il est regrettable de constater que le séisme par balles provoqué par cet Etat membre a déjà engendré plus de 700 000 déplacés-es dont plus de la moitié sont des enfants, des chiffres communiqués par l’Organisation Internationale de la Migration (OIM, 2/10/2024).
Distingués membres du Conseil des Droits de l’Homme,
Comme l’indique le texte fondateur : « Le Conseil bénéficie d’un appui substantiel, technique mais aussi des services de secrétariat du Haut-Commissariat des Nations Unies aux Droits de l’Homme (HCDH). » Il ne fait aucun doute qu’un nouveau rapport sur Haïti sera produit par le HCDH en 2026 sur le nombre de personnes victimes de violences de gangs en 2025. Ce futur rapport sera-t-il indicateur d’un bilan plus considérable ou moins que celui de 5601 victimes avancé par le Haut
Commissariat pour l’année 2024 ? Nous, signataires, estimons toutefois que cette démarche du HCDH sera incomplète si elle n’est pas accompagnée d’un rapport parallèle sur l’Etat fournisseur d’armes et de balles destructrices des vies haïtiennes. Ainsi, des recommandations pourront être produites sur des sanctions à adopter contre cet Etat membre violateur du DROITA LAVIE, un droit fondamental.
A noter que lorsqu’un Etat membre du Conseil de Sécurité, la Fédération de Russie, a envahi l’Ukraine, tout un train de sanctions a été annoncé indépendamment des décisions onusiennes par plusieurs Etats membres incluant ceux de l’Union Européenne. Mais, quand un autre Etat membre du CS, les Etats-Unis d’Amérique déversent sans arrêt des flux d’armes destructrices vers Haïti, la boîte à sanctions de la plupart de ces Etats reste vide voire invisible.
Al’évidence, l’insécurité sur le territoire haïtien est une médaille à deux faces : d’une part, un exécuteur-contractuel et d’autre part, un fournisseur-donneur d’ordres. En conséquence, nous, signataires, insistons sur la désignation d’une Commission d’enquête dans l’Etat fournisseur d’armes illégales de sorte à éviter le biais du deux poids deux mesures dans le traitement du dossier d’Haïti. A retenir que le bilan de 5601 tués-es en 2024 communiqué par le HCDH se traduit au fait par une moyenne d’environ 16 personnes tuées chaque jour, en majorité par des balles américaines. Déjà en 2023, un quotidien haïtien rapportait que le nombre de civils victimes de violences en Haïti surpassait celui de la guerre en Ukraine (Le Nouvelliste, 21 mars 2023, « Plus de civils meurent en Haïti qu’en Ukraine »).
Ce bilan dramatique n’est pas à négliger. Au nom des principes onusiens prônés, toute indifférence ou inertie s’assimile dans le cas d’Haïti à la non-assistance à un peuple en danger.
S’il existe des Etats membres intouchables au sein de l’ONU, autant honnêtement en changer l’appellation. Au lieu de l’Organisation des Nations Unies, opter pour l’Organisation des Nations majeures et mineures. Ou encore VIV ANSANM tel qu’argumenté dans un rapport présenté le 25 septembre 2020 à une session du Conseil de Sécurité par l’ex Représentante des Nations Unies, Helen La Lime, et entériné par l’organe onusien.
Distingués membres du Conseil des Droits de l’Homme,
Nous, signataires, vous remercions d’ores et déjà pour toute l’attention que vous voudriez bien accorder à notre requête et vous prions d’agréer l’expression de notre haute considération.
Suivent les signatures
Konbit Òganizasyon Sove Nòdwès (KOSNO) / Odelin Guilbeau
Organisation Paysanne pour le Développement de Fond-Ramadou (OPDF) / Félix Joseph
Centre d’Animation et de Développement Intégré (CADI) / Pierre Marius St-Pierre
Mouvman Jeklere pou sove Ayiti (MOJEKSA) / Me Enock Thimoté
Rezo Òganizasyon Bèlfontèn (ROB) / Emmanuel Mérilan
Konbit Fanm Peyizan Nip (KFPN) / Maille Line Jeune
Konbit Peyizan Nip (KPN) / Rony Gilles
Mouvman pou Inite Ti Peyizan Ayisyen (MITPA) / Roland Fleurismat, Kòdonatè Latibonit
Rezo Òganizasyon Nòdwès / Jackenson Philor
Fòs Popilè Laplèn / Jonès Jean-Baptiste
Union Nationale des Normaliens/nes d’Haïti (UNNOH) / Péguy Noël
KONBIT Òganizasyon Popilè Sendikal ak Politik / Josué Mérilien
Kolektif Solidarite Idantite ak Libète (KSIL) / Rudolph Prudent
Platfòm Rezistans Peyizan Latibonit (PREPLA) / Nicolas Pierre-Louis
Kòdinasyon Plantè Seksyon Kominal Ba Maribawou (KPSKBM) / Josaphat Antoinéus
Organisation des Groupements de Paysans pour le Développement de La Victoire (OPDL) / Jonas Paul
Mouvman Demokratik Popilè (MODEP) / Guy Numa
Syndicat pour la défense des Employés OAVCT (SDE/OAVCT) / Alexis Bathol, Président
Syndicat des Employés du Système National de Formation Professionnelle (SESNFP / INFP) Hérold Charles CIVIL Collectif des Enseignants pour la Nouveauté de l’Education en Haïti (CENEH) / Ferdinand JEAN-MARY, Coordonnateur general Association Nationale Syndicale des Transporteurs Visionnaires d’Haïti (ANSTVH) / Wilson Charles Président ; Esther Elboy, Vice Présidente Syndicat des Consommateurs Haïtiens / Jean Garby Bristus, Coordonnateur Général
Association des Motocyclistes pour le Bien-Etre de la Communauté (AMOBIC) / Jean Kenson Chéry, Porte-Parole