En République démocratique du Congo (RDC), le gouvernement a récemment procédé à l’exécution de 102 hommes accusés de banditisme urbain, également appelés « Kulunas, » suscitant des réactions mitigées. Ces exécutions, réalisées dans la prison d’Angenga, dans le nord-ouest du pays, ont été confirmées par le ministre de la Justice, M. Mutamba, dans un communiqué à l’Associated Press. Alors que 70 autres prisonniers ont été transférés à la même prison, leur sort reste encore incertain.
Au cours de la dernière semaine, le gouvernement congolais a exécuté 102 hommes accusés de vol à main armée et qualifiés de « bandits urbains », communément appelés Kulunas. Ces exécutions ont eu lieu à la prison d’Angenga, située dans le nord-ouest du pays. Selon le ministre de la Justice, Mutamba, 45 d’entre eux ont été exécutés fin décembre, tandis que les 57 autres ont subi le même sort au cours des dernières 48 heures.
De plus, un vol en provenance de Kinshasa aurait transporté 70 autres prisonniers vers la prison d’Angenga. Bien que leur sort reste incertain, le ministre Mutamba a confirmé que ces prisonniers pourraient constituer le « troisième groupe » destiné à subir la peine capitale.
Une mesure controversée
La reprise de la peine de mort au Congo, annoncée en mars 2024 après une suspension depuis 2003, continue de susciter des débats intenses. Si certaines voix saluent cette initiative comme un moyen efficace de rétablir l’ordre dans les zones urbaines, d’autres s’inquiètent des dérives potentielles et des violations des droits de l’homme.
Fiston Kakule, habitant de Goma, se dit favorable à cette mesure. « Cela permettra de mettre fin à la criminalité urbaine. Ici, à partir de 20 heures, il est dangereux de sortir par crainte de croiser un Kuluna », explique-t-il.
Cependant, Espoir Muhinuka, militant des droits de l’homme, met en garde contre les risques d’exécutions extrajudiciaires. « Il est impératif de respecter rigoureusement les procédures judiciaires et les garanties fondamentales. La pression politique pourrait entraîner des condamnations injustes et des exécutions arbitraires », alerte-t-il.
Un contexte socio-économique en cause
Pour les observateurs, la lutte contre les gangs urbains ne peut se limiter à des mesures répressives. Muhinuka insiste sur une approche multidimensionnelle : « La pauvreté, le chômage et l’exclusion sociale alimentent souvent la criminalité. Il est crucial d’adopter des politiques publiques qui s’attaquent aux causes profondes de ces phénomènes. »
Une peine de mort controversée
Abolie en 1981, puis réinstaurée en 2006, la peine de mort au Congo a été longtemps réservée aux infractions graves commises par des militaires, notamment la trahison. La décision récente d’élargir son application aux civils marque un tournant.
Alors que le gouvernement met en avant la nécessité de restaurer la sécurité, la communauté internationale et les organisations de défense des droits humains appellent à la prudence. L’avenir des 70 prisonniers transférés à Angenga reste incertain, renforçant les interrogations sur la transparence et l’équité des procès qui ont conduit à ces condamnations.
Le Congo se trouve aujourd’hui à un carrefour. La quête de sécurité urbaine doit s’accompagner d’une justice respectueuse des droits fondamentaux pour éviter que des solutions brutales ne compromettent davantage la paix et la stabilité sociale.
