Le Collectif des Femmes pour le Travail Décent en Haïti et pour l’Équité de Genre (COFETDHEG) se dit profondément alarmé par la situation d’insécurité marquée par une escalade de violences aveugles perpétrées par des gangs à Port-au-Prince et dans d’autres régions du pays. À l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination des violences faites aux femmes et aux filles, le 25 novembre, les dirigeantes du COFETDHEG ont rappelé que les femmes restent les principales victimes de cette insécurité et ont exhorté les autorités politiques à indemniser les commerçantes ayant perdu leurs moyens de subsistance.
Le thème retenu cette année, « Pa gen eskiz pou zak vyolans ki fèt sou fanm ak tifi » (« Aucune excuse pour les violences faites aux femmes et aux filles »), illustre la gravité de la situation en Haïti, où les femmes sont les premières à souffrir des conséquences de l’instabilité. Selon Yvette Gauthier Étienne, présidente du COFETDHEG, la situation demeure extrêmement préoccupante.
En Haïti, au cours des dix dernières années, le nombre de femmes victimes de viols, de pertes économiques, ou de chômage n’a cessé d’augmenter. La présidente du collectif dénonce un tableau accablant, affirmant que la détresse des femmes a un impact direct et négatif sur le fonctionnement de la société. Elle a également souligné des cas tragiques de femmes enceintes tuées par des gangs ou de femmes contraintes de fuir leurs foyers pour se retrouver dans des conditions précaires. Ces situations, selon elle, devraient alerter les autorités.
De nombreuses femmes commerçantes, victimes de violences et contraintes de cesser leurs activités, ont rejoint les rangs des sans-emploi. D’autres, vivant dans des abris de fortune, sont confrontées à des vulnérabilités extrêmes : infections, troubles psychologiques, et conditions sanitaires déplorables. La dirigeante du COFETDHEG a fermement appelé les autorités à prendre des mesures contre les groupes armés qui continuent de terroriser la population.
Dans ses recommandations, Yvette Gauthier Étienne a exhorté le gouvernement de transition à accompagner les femmes victimes de violence. Elle a plaidé pour une intervention urgente des ministères concernés, notamment le Ministère des Affaires Sociales et du Travail (MAST) et le Ministère du Commerce et de l’Industrie (MCI), pour mettre en place des programmes d’urgence permettant aux femmes de relancer leurs activités économiques. Elle a également demandé au Ministère à la Condition Féminine et aux Droits des Femmes (MCFDF) de développer des initiatives pour soutenir les femmes victimes de traumatismes et a insisté sur la nécessité pour le système judiciaire de sanctionner sévèrement les auteurs de violences sexuelles.
Le COFETDHEG a salué toute initiative visant à combattre l’insécurité en Haïti. Yvette Gauthier Étienne a encouragé une collaboration renforcée entre la police, la population et les Forces Armées d’Haïti (FAd’H) pour restaurer un climat de sécurité. Elle a également plaidé pour l’intensification de la campagne d’autodéfense « Bwa kale ».
Enfin, le Collectif des femmes de la Confédération des Travailleurs du Secteur Public et Privé (CTSP) et le COFETDHEG ont appelé le Conseil de la Police Transitoire (CPT) à s’engager pleinement pour rétablir la sécurité en Haïti.
Hervé Noël
vevenoel@gmail.com