La démarche de Leslie Voltaire et de son Forum d’Appui au Processus Électoral apparaît ainsi empreinte de paradoxes. D’une part, elle souligne un désir de renouer avec les pratiques « démocratiques », mais d’autre part, elle ignore ou minimise les défis sécuritaires immédiats qui menacent la faisabilité de toute élection libre et crédible sous la houlette de Lavalas, Tèt Kale, OEA, secteur privé…
Alors que les deux branches de l’Exécutif pratiquent la politique de la chaise vide et que le pays est plongé dans une violence généralisée, marquée par une recrudescence des kidnappings et une insécurité omniprésente, poussant les citoyens à déserter les rues de Port-au-Prince dès la tombée de la nuit, le gouvernement haïtien engage pourtant un dialogue en vue de l’organisation d’élections « libres, honnêtes, et crédibles »… et patati patata.
C’est dans ce contexte tendu que Leslie Voltaire et Garry Conille, tentant de jouer le parfait tandem tout en cherchant à faire taire les rumeurs d’un éventuel remplacement du chef de la Primature, se sont exprimés le samedi 9 novembre lors du lancement du Forum d’Appui au Processus Électoral (F.A.P.E.) — une tentative de reprise d’une ancienne stratégie de propagande, comme celle du « Gouvènman Lakay » utilisée sous le régime PHTK.
Monsieur Leslie Voltaire, initialement prévu pour clôturer l’événement, a, d’après les informations recueillies par Rezo Nòdwès, pris la parole dès le début de la séance, puis s’est retiré avant l’intervention du Premier ministre Dr. Garry Conille, que certains observateurs considèrent en disgrâce.
Dans son discours, sans jamais aborder le grave problème de l’insécurité, Voltaire a souligné l’importance de tenir des élections pour « reconstruire une démocratie inclusive et participative ». Il a présenté le Forum d’appui au processus électoral (F.A.P.E.) comme un espace de réflexion destiné à faciliter les échanges entre les différents acteurs de la société civile, les partis politiques, et les institutions nationales et internationales impliquées dans le soutien au processus électoral. M. Voltaire s’est dit convaincu que ce forum pourrait devenir un levier pour des élections transparentes et crédibles, constituant une étape indispensable pour restaurer la confiance du peuple haïtien dans ses institutions.
Au-delà des mots soigneusement choisis pour introduire le F.A.P.E., un analyste politique, assimilant l’initiative à une utopie face à la perspective d’un « référendum inconstitutionnel et d’élections en 2025 », remarque que la priorité reste le rétablissement d’un climat de paix et de sécurité. Sans cela, insiste-t-il, « l’avenir électoral de la nation risque de demeurer figé dans une perspective incertaine et une défiance croissante. »