L’ironie de l’histoire : À l’approche du 18 novembre, date marquant la victoire décisive contre la France lors de la bataille de Vertières, une scène inattendue se déroule sous nos yeux. Le ministre haïtien de la Défense, affichant un sourire satisfait, salue fièrement le départ de soldats haïtiens vers la Martinique, un territoire d’outre-mer toujours sous contrôle français, pour y suivre une formation militaire. Dessalines, le chef de l’Armée indigène, avait-il eu besoin d’une telle assistance pour infliger cette défaite à l’armée napoléonienne et abolir l’esclavage ?
Ce contraste saisissant souligne la distance entre les exploits héroïques du passé et la réalité contemporaine, où l’ancienne colonie envoie désormais ses troupes se former auprès de la puissance contre laquelle elle a jadis lutté pour sa liberté, s’est lamenté le leader des droits humains, Dr. Josué Renaud.
À l’heure où la Martinique fait face à ses propres défis et où Haïti lutte pour sa stabilité, le projet de formation militaire annoncé par la France mérite une attention particulière, soulignégne Renaud. L’ambassadeur français en Haïti, M. Antoine Michon, a déclaré dimanche l’envoi de soldats haïtiens en Martinique pour y recevoir, a-t-il précisé, « une formation militaire ».
Cette initiative suscite des interrogations quant aux véritables intentions de la France, dont le passé colonial complexe avec Haïti reste ancré dans les mémoires. En effet, comme le rappelle Dr Josué Renaud de la New England Human Rights Organization (NEHRO), l’indemnité imposée à Haïti par la France en 1825, qui a lourdement pesé sur le développement économique et social de la première république noire, est toujours perçue comme l’une des causes des difficultés actuelles.
La portée réelle de cette initiative, a poursuivi Renaud, suscite toutefois des doutes. S’agit-il d’un geste de soutien sincère ou d’une tentative de la France pour détourner l’attention des crises internes et de sa responsabilité historique envers Haïti, alors que les Antilles, sous domination française, traversent une période d’agitation croissante, incluant la Martinique ?
Le ministre haïtien de la Défense s’est réjoui, a indiqué Antine Michon, du départ du premier groupe de soldats vers la Martinique, marquant ainsi le début de cette coopération bilatérale. Cette étape est présentée comme une avancée significative pour renforcer les capacités de l’armée haïtienne grâce à l’expertise de l’armée française.
La coopération militaire avec la France n’est-elle qu’un écran de fumée masquant les faiblesses structurelles et politiques d’Haïti ? Dr Josué Renaud s’interroge à l’approche du 219e anniversaire de l’indépendance d’Haïti, une indépendance obtenue au prix de la lutte contre l’esclavage inhumain pratiqué par la France.