9 octobre 2024
Marc Sony Ricot, pour l’amour du livre
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Marc Sony Ricot, pour l’amour du livre

L’auteur et journaliste littéraire Marc Sony Ricot a signé Secrets d’écrivain et mystère de la lecture (C3 édition, 2024), samedi dernier dans les locaux de C3 édition à Delmas. Cet ouvrage collectif qu’il a dirigé sur l’importance de la lecture regroupe une trentaine de personnalités, parmi lesquelles : Evelyne Trouillot, Dany Laferrière, Evains Weche, Jean Billy Mondésir, Stanley Péan, Ardain Isma, Kettly Mars, Guy Bélizaire, Gabriel Orson… Durant la vente signature, le présentateur du podcast Des fous et des dieux a animé une causerie autour du thème : « Une bibliothèque idéale, pourquoi faire ? »

Devant un public composé d’étudiants, de journalistes et d’écrivains, le directeur de l’ouvrage Secrets d’écrivain et mystère de la lecture a fait l’éloge de la lecture, de son amour pour les livres et de sa rencontre avec les écrivains. « On ne peut pas faire de littérature sans la rencontre. J’ai rencontré des écrivains et écrivaines qui ont changé ma vie. Si je n’avais pas rencontré le romancier Evains Weche chez lui à Berthé, je ne serais pas là devant vous. Evains est un homme généreux. Il m’a encadré. Il m’a donné des livres et des rêves. Je ne cesserai jamais de le remercier. C’est pareil pour Claude Bernard Sérant et Kettly Mars », confie le journaliste. Pour lui, parler de la lecture est un exercice noble et enrichissant. « Quand on parle des livres dans lesquels on s’est plongé avec délice pendant des heures ou des jours, on les valorise, on insuffle de la vie aux personnages, on enrichit nos propres vies et on attise l’intérêt de ceux qui nous écoutent. Les lecteurs ont beaucoup de pouvoir sur les livres. Parce qu’on peut ajouter son propre souffle à l’histoire, l’étoffer, l’interpréter à sa façon, la prolonger, la réinventer même. La fiction est un monde secret où ni l’auteur, ni les lecteurs ne peuvent tout visiter », dit-il avec passion.

Il considère la littérature comme l’une des choses les plus mystérieuses qui existent. « À chaque fois qu’on parle d’un personnage, j’ai l’impression qu’il existe, qu’il vit quelque part dans son propre monde. Pour moi, on peut toucher Manuel de Gouverneurs de la rosée, ou Ricardo du roman Tours et détours de la vilaine fille de Mario Vargas Llosa. Quand je me cache dans ma chambre à Delmas 60 pour dévorer L’Étranger d’Albert Camus, je ne considère pas que je lis un livre de Camus. C’est comme si je replongeais dans une histoire que j’avais écrite mais dont je ne me rappelle ni le début ni la fin. Et c’est là toute la beauté de la littérature avec ses mystères, ses paradoxes, ses surprises et ses métaphores. »

Pour le jeune ambassadeur de la Francophonie, les livres que nous aimons, que nous adoptons, et que nous avons lus avec passion deviennent nos propres œuvres, comme s’ils avaient été écrits pour nous. Comme s’ils étaient sortis du fond de nous-mêmes, de nos propres tripes. Il raconte son expérience : « Prenons par exemple le poème Le Gardeur de troupeaux. Chaque fois que je lis ce poème, je ressens une joie immense, une sorte de réconfort. Je me dis : oui, ce poème est à moi parce qu’il me parle. Il est à moi parce que je connais les vers comme une prière. Les livres nous habitent, on le sent. Il y a des livres qui allument des étincelles en nous. J’ai lu Vivre vite (Flammarion, 2022) de Brigitte Giraud. C’est un livre d’inspiration autobiographique. L’auteure raconte la mort de Claude, son mari, dans un terrible accident de moto en 1999. Le livre nous entraîne dans une enquête où l’auteure collectionne des données sur tout ce qui a précédé cet accident. À la manière d’une investigatrice, elle dresse une liste méthodique de questions pour découvrir l’origine de cet événement. Chaque élément de cette liste devient le titre et l’objet d’un chapitre : « Si je n’avais pas voulu vendre l’appartement », « Si mon grand-père ne s’était pas suicidé », « Si je n’avais pas visité cette maison »… plus d’une vingtaine de si. Elle dit que « par ma volonté, j’avais préparé, sans le savoir, les conditions de l’accident ». C’est une véritable enquête sur chaque détail. »

Une trentaine d’écrivains, d’écrivaines et de professionnels du livre partagent leurs expériences dans cet ouvrage. Secrets d’écrivains et mystère de la lecture ? Le chroniqueur a répondu ainsi : « Secrets d’écrivain parce que, pour écrire, il y a plusieurs secrets. Ces secrets se trouvent dans les livres, la nature, les visages… Mais, d’abord, pour écrire, il faut lire jusqu’à en perdre la vue et le corps. Mystère de la lecture parce que les lecteurs et lectrices qui ont participé à ce livre nous racontent leur propre mystère. »

Marc Sony Ricot encourage les jeunes à développer la passion pour la lecture : « On doit parler littérature, on doit parler de livres. Parler des livres, c’est parler d’amour. L’amour entre les êtres, avec les arbres. La littérature, c’est comme la mer, elle relie le monde. Elle nous relie. Une bibliothèque idéale parce que parler des personnages qui nous habitent ou qui nous ont marqués, cela nous relie les uns aux autres. Une bibliothèque idéale parce que la littérature n’est pas une parole secrète. C’est une parole libre qui mérite d’être dévoilée au monde », conclut-il.

Wincy LINDOR

lindorwincy2017@gmail.com

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