15 octobre 2025
Kenya : L’enlèvement de manifestants relance le débat sur les pratiques de torture sous le régime de William Ruto
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Kenya : L’enlèvement de manifestants relance le débat sur les pratiques de torture sous le régime de William Ruto

Nairobi, Kenya – La révélation de l’enlèvement de deux frères, Jamil et Aslam Longton, ainsi que de l’activiste Bob Njagi, a plongé le pays dans l’émoi. Abductés à Kitengela, les trois hommes ont décrit des scènes dignes des heures sombres de l’histoire du Kenya, rappelant les années 1980, sous le régime de Daniel arap Moi, lorsqu’on dénonçait des pratiques de torture secrète à l’encontre des opposants politiques.

Les frères Longton ont raconté comment, après avoir été enlevés, ils ont été bandés aux yeux et conduits dans un lieu inconnu. Là, ils ont été soumis à des tortures physiques et psychologiques, avec des repas irréguliers et des interrogatoires pendant 32 jours. Ce calvaire n’est pas sans rappeler les techniques de répression d’une époque révolue, où les voix dissidentes étaient étouffées dans des chambres de torture secrètes.

Des voix citoyennes alarmées : retour aux années 1980 ?

L’affaire a suscité une vague d’indignation à travers le pays. « Ruto nous ramène lentement dans les années 80, sans se rendre compte que nous avons une nouvelle constitution », a déclaré un citoyen anonyme, faisant allusion aux abus d’autrefois sous la dictature de Moi. Pour lui, ces pratiques sont la marque d’une gouvernance autoritaire qui ne respecte pas les droits fondamentaux instaurés par la constitution promulguée en 2010, censée garantir la liberté d’expression et le droit de manifester pacifiquement.

Un autre citoyen a exhorté ses compatriotes à rester vigilants face aux développements inquiétants de ces dernières semaines. « Ouvrez grand les yeux, Kenyans, Ruto suit le chemin emprunté par l’Ouganda », a-t-il déclaré, évoquant la dérive autoritaire perçue chez le voisin ougandais sous le président Yoweri Museveni.

Un climat politique sous tension

Ces témoignages interviennent alors que le pays traverse une période de troubles politiques, marquée par des manifestations régulières contre les mesures économiques et politiques du gouvernement de William Ruto. L’administration Ruto, qui s’était initialement engagée à protéger les libertés publiques, est désormais critiquée pour sa gestion répressive des manifestations. Plusieurs organisations de défense des droits de l’homme ont dénoncé l’usage de la force contre les manifestants et le recours à des méthodes illégales telles que les enlèvements et la torture.

Le président Ruto, arrivé au pouvoir sur une promesse de réforme économique et de renouveau démocratique, fait face à une opposition croissante, accusée de ne pas respecter les principes constitutionnels et les droits de l’homme. Ces accusations, renforcées par des récits comme celui des frères Longton et de Bob Njagi, risquent de ternir davantage son image internationale.

La question des droits de l’homme au cœur du débat

Cette affaire d’enlèvement et de torture relance le débat sur le respect des droits humains au Kenya. Le pays, pourtant salué pour ses avancées démocratiques ces dernières années, semble aujourd’hui pris dans une spirale de répression que beaucoup craignent de voir s’aggraver.

Les défenseurs des droits de l’homme appellent à une enquête indépendante sur ces allégations de torture et à la mise en place de mesures concrètes pour protéger les droits des citoyens. La communauté internationale observe également avec inquiétude la tournure que prennent les événements dans ce pays d’Afrique de l’Est.

Alors que les révélations sur ces « chambres de torture secrètes » secouent le pays, les Kényans sont de plus en plus nombreux à exprimer leurs craintes quant à l’avenir des libertés publiques sous la présidence de William Ruto.

source: The Nation Africa

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