Par Marcelin Montaigne
Sauf surprise, les troupes Kenyanes seront bel et bien en Haïti dans les prochains jours. C’est ce qu’a confirmé le gouvernement du Kenya ce dimanche.
Derrière la rhétorique panafricaniste du gouvernement kenyan se cache ce qui sera bientôt peut être l’assujettissement direct des différents secteurs de la population haïtienne aux mains de l’État kenyan, aidé et encouragé par les États-Unis.
Et si le Kenya met en œuvre en Haïti les mêmes relations et initiatives développées avec les acteurs du secteur des Télécommunications pour contrer les activités d’Al-Shabaab , un groupe terroriste en Somalie, pour sécuriser les communications et protéger les citoyens contre les menaces terroristes, la collaboration entre la Mission de Stabilisation et de Sécurité (MSS) autorisée par le Conseil de Sécurité et les principaux opérateurs du secteur Télécom en Haïti risque d’être lourde de conséquences.
Comme en Somalie avec le groupe terroriste Al-Shabaab , cette collaboration visera probablement à utiliser les capacités et les ressources du secteur des télécommunications pour contrer les activités de Barbecue , Izo-5 Segond, Lanmo 100 Jou et d’autres chefs de gangs armés criminels.
Cependant le, Kenya a rencontré plusieurs difficultés dans ses relations avec les acteurs du secteur des télécommunications dans sa lutte contre Al-Shabaab. Ce sera sans doute le cas en Haïti.
Ces défis nécessitent une approche intégrée et collaborative, impliquant des améliorations dans la législation, la technologie, la formation, ainsi qu’une coopération étroite entre le gouvernement, les opérateurs de télécommunications, et les partenaires internationaux.
Nous présentons içi les principaux aspects de cette collaboration entre le Kenya et les opérateurs Télécoms de la Somalie dans le cadre de la lutte contre les groupes terroristes en Somalie ainsi que les défis et problèmes rencontrés .
A- PRINCIPAUX ASPECTS DE CETTE COLLABORATION :
1. Partage de Renseignements –
– Les gouvernements kényan et somalien collaborent avec les opérateurs de télécommunications pour surveiller et analyser les communications suspectes qui pourraient être liées à Al-Shabaab.
– Les échanges de renseignements aident à identifier les réseaux de financement, les plans d’attaque et les mouvements de militants.
Exemple d’Action : Les agences de renseignement kényanes et somaliennes collaborent avec les principaux opérateurs de télécommunications pour surveiller les appels et les messages suspects. En 2020, cette collaboration a permis de déjouer une attaque planifiée par Al-Shabaab grâce à l’analyse des communications interceptées.
Initiative Spécifique : Mise en place de centres de fusion du renseignement où les données des télécommunications sont analysées en temps réel pour identifier les menaces potentielles.
2. Suivi des Transactions Financières :
– Al-Shabaab utilise souvent les services de transfert d’argent (comme le mobile money) pour financer ses opérations. Le Kenya travaille avec les opérateurs de télécommunications pour surveiller et intercepter ces transactions.
– Les mécanismes de suivi et de signalement des transactions suspectes sont renforcés pour couper les flux financiers du groupe terroriste.
– Exemple d’Action : En partenariat avec des opérateurs tels que Hormuud Telecom en Somalie, des systèmes d’alerte automatique ont été mis en place pour signaler des transactions financières inhabituelles ou suspectes liées au financement d’Al-Shabaab.
– Initiative Spécifique : Formation des employés des opérateurs de mobile money à reconnaître les schémas de blanchiment d’argent et les transactions suspectes.
3. Sécurité des Réseaux de Télécommunications :
– Des mesures sont mises en place pour sécuriser les infrastructures de télécommunications contre les cyberattaques et les sabotages par Al-Shabaab.
– Les entreprises de télécommunications reçoivent des directives pour améliorer la sécurité de leurs réseaux et des données des utilisateurs.
– Exemple d’Action : Les opérateurs comme Safaricom en Somalie reçoivent des directives pour renforcer leurs mesures de sécurité, incluant le chiffrement des données et la protection contre les intrusions. En 2021, une attaque cybernétique contre un opérateur a été contrecarrée grâce à ces mesures.
– Initiative Spécifique : Développement de protocoles de réponse rapide aux cyberattaques et simulation d’attaques pour tester et améliorer la résilience des infrastructures.
4. Campagnes de Sensibilisation :
– Les opérateurs de télécommunications participent à des campagnes de sensibilisation pour informer le public sur les dangers de l’extrémisme et sur les moyens de signaler les activités suspectes.
– Les messages de prévention et de lutte contre l’extrémisme sont diffusés via les réseaux de télécommunications pour atteindre une large audience.
– Exemple d’Action : Les opérateurs de télécommunications diffusent des messages de sensibilisation à la radio et par SMS, informant les citoyens sur les dangers du recrutement par Al-Shabaab et comment signaler des activités suspectes. Une campagne en 2019 a atteint plus de 2 millions de personnes.
– Initiative Spécifique : Partenariat avec des influenceurs locaux pour diffuser des messages de paix et de prévention de la radicalisation sur les réseaux sociaux.
5. Blocus des Communications des Terroristes :
– En coordination avec les autorités somaliennes, le Kenya aide à identifier et à bloquer les communications utilisées par Al-Shabaab pour coordonner leurs activités.
– Les opérateurs de télécommunications coopèrent pour couper l’accès aux lignes et aux services de communication identifiés comme utilisés par les terroristes.
Exemple d’Action : En 2018, les opérateurs ont aidé à bloquer des numéros de téléphone et des comptes de médias sociaux identifiés comme utilisés par Al-Shabaab pour coordonner des attaques. Cette action a empêché la coordination d’une série d’attentats planifiés.
– Initiative Spécifique: Création de listes noires de numéros et d’adresses IP associés à Al-Shabaab et mise en place de systèmes pour les bloquer automatiquement.
6. Partenariats Public-Privé:
– Le Kenya encourage les partenariats public-privé avec les entreprises de télécommunications pour développer des technologies et des systèmes de sécurité avancés.
– Ces collaborations visent à améliorer la capacité de détection et de réponse aux menaces posées par Al-Shabaab.
Exemple d’Action : Le gouvernement kényan a collaboré avec des entreprises technologiques comme Google et Facebook pour développer des outils de détection des contenus extrémistes en ligne. Cette initiative a contribué à la suppression de milliers de vidéos de propagande d’Al-Shabaab.
– Initiative Spécifique : Organisation de hackathons et de compétitions pour encourager le développement de solutions technologiques innovantes pour la sécurité et la surveillance.
7. Renforcement des Capacités:
– Les autorités kényanes, avec l’aide d’experts internationaux, offrent des formations aux opérateurs de télécommunications somaliens sur la cybersécurité et la gestion des crises.
– Ces formations comprennent des techniques pour reconnaître et signaler les activités suspectes liées au terrorisme.
Exemple d’Action : En 2019, des ateliers de formation en cybersécurité ont été organisés pour les employés des principaux opérateurs de télécommunications somaliens, couvrant des sujets tels que la détection des cybermenaces et la réponse aux incidents.
Initiative Spécifique: Programmes de certification en cybersécurité pour les techniciens et les responsables des télécommunications, financés par des partenaires internationaux.
8. Politiques et Réglementations:
– Le Kenya et la Somalie travaillent ensemble pour mettre en place des cadres réglementaires qui obligent les opérateurs de télécommunications à se conformer aux mesures de sécurité et de lutte contre le terrorisme.
– Les nouvelles régulations peuvent inclure des exigences de conservation des données et de coopération avec les autorités dans les enquêtes sur le terrorisme.
Exemple d’Actions : En 2020, la Somalie a adopté une loi obligeant les opérateurs de télécommunications à conserver les données de communication pendant une période minimale, facilitant les enquêtes sur le terrorisme. Cette loi a aidé à tracer les communications de plusieurs suspects d’Al-Shabaab.
Initiative Spécifique : Élaboration de directives sur la protection des données personnelles pour garantir que les mesures de sécurité respectent les droits des utilisateurs.
9. Technologies de Surveillance :
– L’utilisation de technologies de surveillance avancées, comme les écoutes téléphoniques légales et le suivi des communications par satellite, est renforcée pour surveiller les activités d’Al-Shabaab.
– Les opérateurs de télécommunications sont équipés de ces technologies pour aider les autorités dans leurs opérations de renseignement.
Exemple d’Action: Les autorités somaliennes, avec le soutien du Kenya, ont installé des systèmes de surveillance des communications par satellite pour suivre les mouvements et les communications des membres d’Al-Shabaab dans les zones rurales. En 2018, ces systèmes ont permis de localiser et d’arrêter un chef important du groupe.
Initiative Spécifique : Déploiement de drones équipés de capacités de surveillance pour monitorer les zones à risque et détecter les activités suspectes.
10. Coopération Internationale:
– Le Kenya et la Somalie bénéficient du soutien d’organisations internationales et de partenaires étrangers dans l’intégration de meilleures pratiques et technologies pour sécuriser les communications et combattre le terrorisme.
– Cette coopération inclut des échanges d’informations, des financements et des ressources techniques.
Exemple d’Action : Le Kenya et la Somalie collaborent avec INTERPOL et d’autres agences internationales pour partager des informations sur les suspects terroristes et les activités d’Al-Shabaab. En 2021, cette coopération a conduit à l’arrestation de plusieurs financiers d’Al-Shabaab en Europe.
Initiative Spécifique : Partenariats avec des universités et des instituts de recherche internationaux pour développer des technologies avancées de surveillance et de sécurité.
B- ACTIONS, DÉFIS ET IMPACTS DE CETTE COLLABORATION ENTRE LE KENYA ET LES OPÉRATEURS TÉLÉCOM
Le Kenya rencontre plusieurs difficultés dans ses relations avec les acteurs du secteur des télécommunications dans sa lutte contre Al-Shabaab. Voici les principales difficultés détaillées :
1. Problèmes de Confidentialité et de Protection des Données :
– Défi : Les opérateurs de télécommunications sont souvent réticents à partager des informations sensibles sur les utilisateurs en raison des préoccupations liées à la confidentialité et à la protection des données.
– Impact : Cette réticence peut limiter la capacité des autorités à accéder rapidement aux renseignements nécessaires pour prévenir les attaques terroristes et entraver les enquêtes en cours.
2. Capacités Techniques Limitées :
– Défi: Certaines entreprises de télécommunications, surtout les plus petites, manquent des technologies avancées nécessaires pour surveiller efficacement les communications et détecter les activités suspectes.
– Impact : Cela réduit l’efficacité de la surveillance et permet à Al-Shabaab de continuer à utiliser les réseaux de communication pour coordonner ses activités.
3. Manque de Coordination :
– Défi : Il existe souvent un manque de coordination entre les différentes agences de sécurité et les opérateurs de télécommunications.
– Impact : La duplication des efforts et les retards dans la mise en œuvre des mesures de sécurité peuvent se produire, réduisant l’efficacité globale des initiatives antiterroristes.
4. Cadre Juridique Inadéquat:
– Défi : Les lois et réglementations sur la surveillance des télécommunications et la cybersécurité peuvent être insuffisamment développées ou mal appliquées.
– Impact : Les opérateurs de télécommunications peuvent ne pas être obligés de coopérer pleinement avec les autorités, limitant ainsi les capacités de lutte contre le terrorisme.
5. Résistance de la Part des Opérateurs :
– Défi: Les entreprises de télécommunications peuvent résister aux demandes de surveillance et de partage d’informations par crainte de nuire à leur réputation ou de perdre la confiance des clients.
– Impact: Cette résistance peut ralentir les efforts de lutte contre le terrorisme et permettre à Al-Shabaab de continuer ses opérations sans être détecté.
6. Ressources Financières Limitées :
– Défi: Les ressources financières pour mettre en œuvre et maintenir des systèmes de surveillance avancés peuvent être limitées.
– Impact : Les infrastructures nécessaires pour une surveillance efficace peuvent être inadéquates, entravant les efforts de lutte contre Al-Shabaab.
7. Formation et Expertise Insuffisantes :
– Défi: Il peut y avoir un manque de formation et d’expertise parmi les employés des opérateurs de télécommunications concernant la détection des activités terroristes et la cybersécurité.
– Impact : Les opérateurs peuvent ne pas être en mesure de reconnaître les signes de communication terroriste ou de réagir adéquatement aux menaces.
8. Menaces et Intimidations:
– Défi: Les opérateurs de télécommunications et leurs employés peuvent être menacés ou intimidés par Al-Shabaab pour qu’ils ne coopèrent pas avec les autorités.
– Impact: La peur de représailles peut dissuader les opérateurs de signaler des activités suspectes ou de participer aux initiatives antiterroristes.
9. Complexité Technologique :
– Défi: Les méthodes de communication et les technologies utilisées par Al-Shabaab deviennent de plus en plus sophistiquées.
– Impact: Il devient plus difficile pour les opérateurs de télécommunications de surveiller et d’intercepter efficacement ces communications.
10. Confiance Mutuelle :
– Défi: Il peut y avoir un manque de confiance entre les autorités et les opérateurs de télécommunications.
– Impact : Cette méfiance peut entraver la collaboration et la mise en œuvre des stratégies conjointes de lutte contre le terrorisme.
Marcelin Montaigne, Ing.

