Par Marcelin Montaigne
Les entreprises de la zone de Canaan, du Centre-Ville, de Delmas, Croix-des-Bouquets ont été très durement frappées par les activités des gangs armés criminels qui règnent sur une bonne partie de la zone Métropolitaine de Port-au-Prince.
Certaines d’entre elles après avoir essayé( tant bien que ma) pendant un certain temps, de survivre sous la protection des gangs, ont été obligées soit de plier bagage ou ont tout simplement été vandalisées et pillées.
Certes, Valerio Canez , Toyota au bas de Delmas , les succursales de la Unibank et de la Sogebank à Bon Repos sont des exemples les plus représentatifs de ce désastre causé par les gangs armés au niveau des grandes entreprises, mais tous les gens d’affaires (grands, moyens ou petits) sont visés par ces hommes armés à la recherche de moyens et d’espaces économiques pour renforcer leur autonomie et continuer à vivre et se développer.
Les conséquences de ce travail néfaste de ces groupes armés ne s’arrêtent pas au niveau des entreprises. Le banditisme légal ou illégal pénètre l’esprit et la mentalité de notre jeunesse et est vendu par les médias comme une valeur sinon une vertu.
Petit à Petit , mais de façon certaine, les citoyens vivant dans ces espaces contrôlés par les gangs armés et abandonnés à leur sort par l’État ou ce qui en reste , ainsi que la société civile organisée, sont transformés ,par la force des choses, soit en des collaborateurs des gangs armés ou carrément en de bandits notoires.
Cependant, encadré par un pouvoir politique responsable, les acteurs du secteur Télécom, en particulier les opérateurs Télécoms, Natcom, Digicel, AccessHaiti , de part leur importance et leur envergure nationale, eux aussi menacé dans leur existence par les activités de Jeff Canaan à Bon Repos, Izo 5_Segond à Village de Dieu, Barbecue au Centre Ville, peuvent jouer un rôle crucial dans la transformation de ces zones en des lieux économiquement viables et socialement responsables en adoptant une approche intégrée et multi-facettes.
Le programme « Konbit pou Chanjman « et d’autres projets de la » Fondation Digicel « sont des pas dans la bonne direction. Mais ils sont largement insuffisants .
La Natcom et AccessHaiti ont beaucoup de pain sur la planche. Elles doivent prendre des responsabilités sociales .
Digicel Natcom et AccessHaiti doivent lancer des initiatives de responsabilité sociale pour soutenir les communautés locales, telles que des programmes de santé, d’éducation et de développement communautaire.
Elles devront adopter des pratiques commerciales transparentes et éthiques pour gagner la confiance des communautés locales et éviter toute complicité avec les gangs dans les « territoires perdus « tout en soutenant des programmes éducatifs pour enfants et adultes, y compris des bourses d’études et des formations professionnelles. ( Équilibre difficile à trouver dans les conditions actuelles en Haïti)
Voici quelques stratégies clés qu’elles pourraient mettre en œuvre :
1. Infrastructure et connectivité
- Développement de l’infrastructure : Investir dans l’installation de tours de télécommunications et de réseaux de fibre optique pour améliorer la connectivité dans les zones reculées et affectées.
- Partenariats public-privé : Collaborer avec le gouvernement et les ONG pour sécuriser les investissements et partager les coûts et les risques liés au développement de l’infrastructure.
Développement de l’infrastructure
- Installation de tours de télécommunications : Mettre en place des antennes relais dans les zones reculées pour améliorer la couverture réseau. Cela inclut le choix de sites stratégiques pour maximiser la portée et minimiser les coûts.
- Réseaux de fibre optique : Déployer des câbles de fibre optique pour garantir une connexion Internet à haut débit, essentielle pour le développement économique et social.
- Énergies renouvelables : Utiliser des solutions d’énergie renouvelable, comme les panneaux solaires, pour alimenter les infrastructures dans les zones où l’accès à l’électricité est limité.
Partenariats public-privé
- Subventions et financements : Collaborer avec le gouvernement pour obtenir des subventions ou des financements pour les projets d’infrastructure.
- Synergies avec les ONG et les organisations internationales : Travailler avec des ONG et des organisations internationales pour obtenir un soutien technique et financier, et partager les meilleures pratiques.
2. Éducation et formation
- Programmes de formation en TIC : Offrir des programmes de formation en technologies de l’information et de la communication (TIC) aux habitants locaux pour développer leurs compétences et améliorer leur employabilité.
- Écoles numériques : Soutenir la création d’écoles numériques et fournir des équipements informatiques et l’accès à Internet pour favoriser l’éducation des jeunes.
Programmes de formation en TIC
- Centres de formation : Créer des centres de formation en TIC pour enseigner des compétences numériques de base et avancées aux habitants locaux.
- Programmes de certification : Proposer des programmes de certification reconnus pour augmenter les chances d’emploi des participants.
Écoles numériques
- Équipement et accès Internet : Fournir des ordinateurs, tablettes et une connexion Internet aux écoles locales.
- Contenu pédagogique numérique : Développer ou adapter du contenu pédagogique numérique, comme des cours en ligne, des tutoriels et des plateformes d’apprentissage interactives.
3. Création d’emplois et entrepreneuriat
- Encouragement de l’entrepreneuriat local : Mettre en place des incubateurs et des accélérateurs de start-ups pour encourager l’innovation locale et soutenir les petites entreprises.
- Programmes de microcrédit : Offrir des programmes de microcrédit pour aider les entrepreneurs locaux à démarrer et à développer leurs entreprises.
Encouragement de l’entrepreneuriat local
- Incubateurs et accélérateurs de start-ups : Mettre en place des incubateurs pour aider les entrepreneurs à développer leurs idées et des accélérateurs pour les soutenir dans la croissance de leurs entreprises.
- Programmes de mentorat : Connecter les entrepreneurs locaux avec des mentors expérimentés pour les conseiller et les guider.
Programmes de microcrédit
- Accès au financement : Fournir des microcrédits à faible taux d’intérêt pour aider les entrepreneurs locaux à lancer et développer leurs projets.
- Formation en gestion financière : Offrir des formations en gestion financière et en planification d’entreprise pour assurer la réussite des projets financés.
4. Responsabilité sociale des entreprises (RSE)
- Initiatives RSE : Lancer des initiatives de responsabilité sociale pour soutenir les communautés locales, telles que des programmes de santé, d’éducation et de développement communautaire.
- Transparence et éthique : Adopter des pratiques commerciales transparentes et éthiques pour gagner la confiance des communautés locales et éviter toute complicité avec les gangs.
Initiatives RSE
- Programmes de santé : Lancer des campagnes de sensibilisation à la santé et des cliniques mobiles pour offrir des soins de santé de base.
- Projets éducatifs : Soutenir des programmes éducatifs pour enfants et adultes, y compris des bourses d’études et des formations professionnelles.
Transparence et éthique
- Codes de conduite : Établir et respecter des codes de conduite stricts pour éviter toute implication avec des groupes criminels.
- Transparence des opérations : Publier des rapports réguliers sur les activités de l’entreprise et leurs impacts sociaux et environnementaux.
5. Sécurité et résilience
- Sécurité des infrastructures : Travailler avec les forces de l’ordre et les communautés pour sécuriser les infrastructures télécoms contre les attaques des gangs.
- Plan de résilience : Développer des plans de continuité des affaires pour garantir que les services de télécommunication restent opérationnels même en cas de crise.
Sécurité des infrastructures
- Collaboration avec les forces de l’ordre : Travailler avec les autorités locales pour sécuriser les installations télécoms.
- Technologies de surveillance : Installer des systèmes de surveillance pour protéger les infrastructures critiques.
Plan de résilience
- Plans de continuité des affaires : Développer des plans pour maintenir les services essentiels en cas de crise.
- Redondance des systèmes : Mettre en place des systèmes redondants pour assurer la continuité des services en cas de panne.
6. Engagement communautaire
- Dialogue avec les communautés : Établir un dialogue continu avec les communautés locales pour comprendre leurs besoins et préoccupations et y répondre de manière appropriée.
- Partenariats communautaires : Travailler en partenariat avec les leaders communautaires pour mettre en œuvre des projets de développement local.
Dialogue avec les communautés
- Réunions communautaires régulières : Organiser des réunions avec les leaders communautaires et les résidents pour discuter des besoins et des préoccupations locales.
- Sondages et études : Réaliser des sondages et des études pour recueillir des données sur les attentes et les besoins des communautés.
Partenariats communautaires
- Projets de développement local : Collaborer avec les communautés pour identifier et mettre en œuvre des projets de développement local, comme des infrastructures de base (eau, électricité, routes).
- Appui aux initiatives locales : Soutenir financièrement et techniquement les initiatives locales qui visent à améliorer les conditions de vie.
7. Innovation technologique
- Solutions technologiques : Développer des solutions technologiques adaptées aux contextes locaux, comme des services bancaires mobiles pour faciliter l’inclusion financière ou des plateformes d’e-commerce pour les produits locaux.
Solutions technologiques
- Services bancaires mobiles : Développer des solutions de paiement mobile pour faciliter les transactions financières dans les zones non bancarisées.
- Plateformes d’e-commerce : Créer des plateformes d’e-commerce pour permettre aux habitants locaux de vendre leurs produits et services en ligne.
Conclusion
Digicel , Natcom , AccessHaiti et d’autres acteurs du secteur Télécom en Haïti peuvent jouer un rôle transformateur dans les zones fragilisées par les gangs armés en investissant dans l’infrastructure, en soutenant l’éducation et l’entrepreneuriat, en adoptant des pratiques de RSE, en assurant la sécurité et la résilience des infrastructures, et en s’engageant activement dans les communautés locales.
En adoptant une approche holistique et collaborative, ils peuvent contribuer à créer des environnements plus sûrs, économiquement dynamiques et socialement responsables.
En adoptant une approche globale et intégrée, ces acteurs importants du secteur Télécom peuvent non seulement contribuer à améliorer la connectivité et les infrastructures, mais aussi jouer un rôle central dans le développement économique et social des zones fragilisées par les gangs armés. Ces efforts peuvent transformer ces régions en espaces plus sûrs, prospères et résilients.
Marcelin Montaigne, Ing