Le Nouvelliste du 4 janvier 1904
Au Peuple et à l’Armée d’Haïti,
Il y a un siècle de cela, nos ancêtres brisaient leurs chaînes pour proclamer l’indépendance. Aujourd’hui, en ce lieu historique des Gonaïves, je me tiens devant vous pour célébrer le premier centenaire de notre liberté. C’est un honneur immense de marcher sur les traces du Fondateur et de renouveler notre serment d’indépendance sur l’Autel de la Patrie.
Cependant, en cette solennelle occasion, rappelons-nous nos devoirs envers la Patrie et les réalisations de ces cent dernières années. Nos luttes internes, nos débats sur des principes, qu’ils soient vrais ou faux, ont parfois retardé notre progrès en tant que nation.
Les discordes civiles ont semé la ruine, la désolation et l’affaiblissement dans notre société. Aujourd’hui, en célébrant le Centenaire, nous ne pouvons pas oublier l’héritage légué par nos ancêtres. Nous devons le préserver pour nos générations futures.
Je vous appelle, compatriotes, à vivre indépendants ou de mourir, comme l’ont juré nos ancêtres il y a cent ans. Il est temps de mettre de côté nos désaccords et nos erreurs passées. Unissons-nous dans l’ambition noble de rendre notre République prospère.
Rappelons-nous que nous sommes un peuple et que nous représentons une race. Nous devons tenir cette double responsabilité, tout comme Dessalines nous l’a confiée : être un peuple et représenter une race.
En ce jour historique, je vous invite tous à l’Union, pour le bien de notre Patrie et de notre Race.
Nord Alexis, Président
Gonaïves, le 1er Janvier 1904, an 101 de l’Indépendance.