Cap-Haitien, 8 mai 1804 | Dessalines aux Dominicains : « … je vous considère comme mes enfants, et ma fidélité envers vous reste intacte… »

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LIBERTÉ OU MORT : Proclamation du Gouverneur Général Jean-Jacques Dessalines aux Habitants de la Partie Espagnole (Dominicains plus tard)

À peine l’armée française avait-elle été expulsée que vous vous êtes empressés de reconnaître mon autorité. Par un geste libre et spontané de votre cœur, vous vous êtes rangés sous ma souveraineté. Plus préoccupé de la prospérité que de la ruine de la région que vous habitez, j’ai accueilli favorablement cet hommage. Depuis ce moment, je vous considère comme mes enfants, et ma fidélité envers vous reste intacte.

En témoignage de ma sollicitude paternelle, j’ai proposé comme chefs, au sein des territoires soumis à mon pouvoir, des hommes choisis parmi vous. Animé du désir de vous compter parmi mes amis, je vous ai laissé tout le temps nécessaire pour la réflexion, afin de m’assurer de votre fidélité. Jusqu’à présent, j’ai retenu l’ardeur brûlante de mes soldats. Je me réjouis déjà du succès de ma prévoyance, qui visait à éviter l’effusion de sang.

Cependant, en ces temps, un prêtre fanatique n’avait pas encore enflammé vos cœurs de la même rage que l’infâme Ferrand n’avait pas encore instillé le poison de la tromperie et de la calomnie en vous. Des écrits, nés du désespoir et de la faiblesse, ont circulé. Certains d’entre vous, séduits par des insinuations perfides, ont sollicité l’amitié et la protection des Français. Ils ont osé outrager ma bienveillance en s’alliant avec vos cruels ennemis.

Espagnols, réfléchissez ! Au bord du précipice creusé sous vos pieds, ce diabolique ministre pourra-t-il vous sauver lorsque j’aurai poursuivi jusqu’à vos derniers retranchements, avec le feu et l’épée, ceux que vous avez accueillis ? Qu’ils se souviennent tous deux que ce sont devant mes phalanges intrépides que toutes les ressources et l’habileté des Européens se sont avérées impuissantes, et que le destin du capitaine-général Rochambeau a été livré entre mes mains victorieuses.

Pour attirer les Espagnols à leur cause, ils propagent la rumeur que des navires chargés de troupes sont arrivés à Santo Domingo. Pourquoi cela n’est-il pas vrai ? Ils ignorent que, en retardant leur attaque jusqu’à présent, mon objectif principal était de les laisser augmenter la masse de nos ressources et le nombre de nos victimes.

Espagnols, à qui je m’adresse uniquement parce que je veux vous sauver, vous qui, pour avoir commis l’évasion, ne préserverez bientôt votre existence que dans la mesure où ma clémence daignera vous épargner, il est encore temps d’abjurer une erreur qui pourrait être fatale. Rompez toute relation avec mon ennemi si vous souhaitez que votre sang ne se confonde pas avec le sien. Nommez-moi sans délai la partie de votre territoire sur laquelle mon premier coup doit être porté, ou informez-moi si je dois frapper sur tous les fronts sans discrimination. Je vous donne quinze jours à compter de la date de cette notification pour me faire part de vos dernières intentions et vous rallier sous mes bannières. Vous n’ignorez pas que toutes les routes de Santo Domingo nous sont familières, que nous avons vu vos bandes dispersées fuir devant nous à maintes reprises. En un mot, vous savez ce que je peux faire et ce que je pense de votre préservation.

Recevez ici la promesse sacrée que je fais de ne rien entreprendre contre votre sécurité personnelle ou vos intérêts si vous saisissez cette occasion de vous montrer dignes d’être admis parmi les enfants d’Haïti.

Quartier Général, au Cap, le 8 mai 1804, première année de l’Indépendance. Le Gouverneur Général.

recherches: cba
Source: MS 72, National Library of Jamaica.

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