Ducasse Alcin | Les acolytes de M. Henry sont encore plus répréhensibles que lui

0
1888

Par Ducasse Alcin

« Un peuple qui élit des corrompus, des renégats, des imposteurs, des voleurs et des traîtres n’est pas victime ! Il est complice » ( George Orwell, écrivain britannique)

En dépit de nombreuses tractations de la part du Core group pour le maintenir au pouvoir, Ariel Henry sera contraint tôt ou tard de plier bagage. Il emportera avec lui son règne caractérisé par la barbarie. Ainsi, la page la plus avilissante de notre histoire de peuple sera alors tournée. Son nom passera aux yeux de la postérité comme l’un des plus cyniques et le plus incompétent de tous ceux qui ont occupé des postes à la plus haute magistrature de d’État pendant ces deux derniers siècles.

Mais il n’y a pas que le nom de monsieur Henry qui risque d’être traîné dans une boue miasmatique. Lorsque le cauchemar aura pris fin, l’heure de la reddition des comptes arrivera aussi. L’histoire pourrait ne pas faire preuve de mansuétude envers ses acolytes qui ont servi de levier pour perdurer son régime kakistocrate. L’objectif de cet article sera donc de démontrer en quoi les flagorneurs qui jettent des roses sous les pieds du Premier ministre de facto se sont rendus encore plus coupables que lui.

Comme ce fut le cas dans de nombreux pays ayant vécu des atrocités innommables, après qu’on se soit débarrassé de l’emprise furonculeuse de l’équipe au pouvoir, des tribunaux spéciaux devraient être constitués. Devraient comparaître à la barre non seulement les renégats aux postes de décision qui ont réduit le pays en charpie mais aussi les nombreux collabos. Car, ces derniers n’ont pas fait marchander leurs efforts dans l’échafaudage d’Ariel Henry comme une marionnette assoiffée de pouvoir.

Par collabos on entend tous ceux qui, par leur silence mortifère ou par leur participation active, ont trahi la Nation pour servir de suppôts au régime PHTK troisième version. Car, une fripouille de la pire espèce qu’Ariel Henry n’aurait jamais pu gravir la stratosphère de la politique n’eûssent été la complicité des uns et le mutisme des autres.

En effet, il n’y a pas de génération spontanée en politique. La situation catastrophique à laquelle nous assistons maintenant est le fruit d’un travail planifié et exécuté par les forces les plus déloyales de notre Alma mater qui se délectent tant dans la souffrance du peuple aussi longtemps qu’ils parviennent à tirer leur épingle du jeu.

Dans la liste de ces perfides devrait figurer en première loge le nom désormais honni de Mirlande Manigat. Il fut un temps où on ne pouvait pas critiquer madame Manigat sous peine de comettre le crime de lèse-majesté. En effet, elle représentait une mahatma, jouissant d’une réputation inattaquable au sein du cercle politique.

Sa formation académique ainsi que son rôle de professeure d’université la positionnaient comme la quintessence de la sagesse vers laquelle voulaient se tourner les jeunes aspirants à la politique dans un pays où les modèles de probité s’amenuisent. Aujourd’hui, Mirlande Manigat a fourvoyé tous ceux qui, en raison d’une renommée non éprouvée, la croyaient différente de son feu époux qui court-circuita la classe politique pour manigancer avec les ennemis du peuple en 1987.

Au soir de sa vie, l’universitaire a décidé de faire allégeance à Ariel Henry au sein d’une commission fictive dénommée HCT. Hormis la perception d’un salaire et des privilèges faramineux, personne ne sait de quoi s’occupe madame Manigat comme présidente de cette entité. Car, pour reprendre ses propres déclarations, le HCT ne disposerait même pas de moyens logistiques pour être opérationnel.

Faisant volte-face par rapport à ses discours rationnels du passé, madame s’est embarquée dans une Odyssée avec Ariel Henry. Ce faisant, la constitutionnaliste prouve qu’il n’est jamais trop tard pour plier ses genoux devant le dieu de la fortune : Ploutos. Comme disaient les Romains « Il n’y a pas loin du Capitole à la roche Tarpéienne ». La réputation de la professeure est ternie à jamais.

Comment oublier André Michel ? L’intéressé traîne derrière lui un militantisme fougueux comme avocat. Doté d’une verve tranchante, celui qui se surnomme l' »avocat du peuple  » ne loupait aucune occasion pour dénoncer les inégalités socio-économiques des précédents régimes. Jusqu’à récemment, on le retrouvait au créneau pour citer nommément le Premier ministre de facto comme l’un des suspects dans l’assassinat de Jovenel Moïse.

Et puis coup de théâtre ! « L’avocat du peuple » s’est métamorphosé comme l’un des plus zélés mercenaires du régime. Dans un récent tweet, Me André Michel alla même jusqu’à associer les membres de l’opposition aux gangs armés qui sèment la terreur dans le pays. Qu’est-ce qui pourrait expliquer ce manque de consistance flagrant chez lui ? C’est d’autant plus perplexe quand on se souvient que, hier encore, il diabolisait son nouveau patron. Comment donc a-t-il pu se montrer assez culotté pour le défendre à coup de griffes dans des dossiers où celui-ci reste coi ?

Pendant qu’on y est pourquoi ne pas parler d’Emmelie Prophète ? Une intellectuelle de belle eau, dit-on. Depuis qu’elle a accepté le poste de Garde des Sceaux, madame l’écrivaine oublie toutes les questions relatives à l’éthique et à la décence auxquelles elle adhérait. Son seul objectif est de garder un profil bas vis-à-vis des gangs, car se dit-elle peut-être, on ne lui donne pas ses émoluments dans le but de s’en prendre aux gangs. Qu’à cela ne tienne que les bandits occupent tous les périmètres du territoire national.

On ne saurait passer sous silence non plus certains hommes de micro. N’en déplaise à Clarens Renois, il aura beau posséder une belle élocution mais il se comporte comme une girouette. Récemment, il vantait le caractère infaillible de madame Manigat lorsqu’il s’agissait pour elle de prendre la tête du HCT. L’ancien présentateur de journal disait que madame Manigat « ne peut pas finir sa carrière politique sur une fausse note « . Mais l’illusion n’aura duré que quelques mois. Car, ce même Clarens ne mit pas beaucoup de temps à dénoncer ce qu’il applaudissait vivement.

L’élite intellectuelle aussi porte sa part du blâme. Même si l’on constate, ces derniers jours, une certaine velléité de sa part à sortir de sa zone de confort—les tentacules de la violence devenant tellement aveugles ces derniers jours—cette classe, autrement réfractaire devant la douleur de la masse qu’elle semble abhorrer, s’est toujours retranchée dans son mutisme devant le comportement affreux de l’engeance phtékiste. Sauf dans quelques rares exceptions, elle n’a jamais pipé mot.

On ne l’a jamais vue dénoncer, pour reprendre un concept de l’écrivain Castro Desroches,  » la martellysation » de la société haïtienne. Il est clair que les membres de cette élite sont tombés dans ce que Étienne de la Boétie appelle la servitude volontaire, soit parce que l’équipe au pouvoir correspond à leur critère de sélection, soit ils ont la bouche trop pleine pour broncher. Eux non plus ne seront épargnés par le jugement cinglant de l’Histoire.

De tout ce qui précède il ressort cette vérité déconcertante : les complices de monsieur Henry se sont montrés encore plus répréhensibles que lui. En quel sens ?
En ce sens qu’ils agissent en connaissance de cause. Comme on le sait, le Premier ministre n’a eu qu’un parcours empirique en politique. En tant que médecin clinicien, spécialisé en neurochirurgie, il ne dispose pas de compétence théorique pour diriger un État.

En revanche, Mirlande Manigat et André Michel sont deux grosses pointures de la politique haïtienne dépositaires à la fois de théorie et de pratique pour savoir mieux faire et recadrer Ariel Henry dans la bonne direction. Or, ce n’est pas ce qui est en train de se passer. Ils se sont embarqués à bord pour satisfaire toutes les lubies du Premier ministre qui, en contrepartie, leur gratifie de ses largesses.

Comme on l’a vu précédemment, malgré son plan machiavélique pour s’agripper au pouvoir, bientôt sonnera le glas pour le régime brutal d’Ariel Henry. Son nom se singularisera comme la somme de toutes les dérives en politique. Lorsqu’il s’agira de citer le politicien le plus nul, son profil sera la première chose à apparaître sur Google. Il se pourrait même qu’il y ait un nouveau concept politique dans le dictionnaire appelé »ariélisme ». Il sera une référence allégorique à toutes les bêtises, le charlatanisme et le chaos.

L’Histoire ne se montrera non moins attendrissante envers les nombreux traîtres et les vendeurs de patrie qui, tacitement où ouvertement, ont contribué au déboulonnage de la démocratie et à l’agonie du peuple provoqués par l’ouragan phtékiste. Le nom de monsieur Henry et ceux de tous ses acolytes mériteront immanquablement d’être voués aux gémonies.

Ducasse Alcin 

LEAVE A REPLY

Please enter your comment!
Please enter your name here

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.