Cher cousin, homme de ma génération,
Ton départ laisse en nous une profonde émotion.
Intelligent et humble, tu brillais de mille feux,
Ton éducation exemplaire, tu l’as partagée avec les heureux.
Tu as cultivé le bien tout au long de ta vie,
Gagnant le respect de tous, c’est indéniable, oui.
Maintenant, pars en paix vers un autre horizon,
Ta présence manquera à notre communion.
Que ton âme trouve repos et sérénité,
Au-delà des frontières de notre réalité.
Adieu, cher Cholo, homme admirable et cher,
Nos souvenirs d’ados resteront gravés dans nos cœurs.
Cher cousin, que ton voyage soit doux et apaisé !
cba
MORT D’UN HEROS
JEAN MICHEL AUGUSTE ( CHOLO )
Par Pierre Robert Auguste
Lorsqu’il y a plus de trois mois, Cholo m’a annonce, après une operation de calcul rénal, la découverte d’un cancer du colon, je lui ai demandé, toujours enclin à la solution prompte des problèmes, de nous préparer à vivre en héros le temps qu’il faudra, arguant qu’on doit apprendre à bien vivre et à bien mourir. Je ne comptais pas sur les souffrances que pourrait causer un tel mal ravageur. J’oubliais que le jour fatal, il n’y aurait plus d’héroisme mais des larmes, des regrets, de l’union saignante entre le cœur et l’ âme.
Je veux bien supplier mes larmes de se taire, d’enfourcher une sourdine aux cris qui remontent de loin de parents, d’amis, de fanatiques affligés pour laisser aux souvenirs d’interpeller le passé et de bousculer le présent que la tristesse noircit de douleur et de mélancolie.
Jeune homme qui a fêté le 11 avril dernier ses 55 ans fut Ingénieur-électromécanicien, avocat, deux professions qu’il n’allait guère pratiquer. Son réalisme l’a conduit au commerce. Et son réalisme visceral l’a toujours dicté de ne point s’accrocher à une filière qui ne marche pas. Ainsi, a-t-il zigzagué au travers de la production musicale (Melomane) à la restauration (Fritay Lakay a Santiago, RD) en transitant par l’hotellerie, la distribution générale. En présentant son memoire au grade de licencie en Droit, voila plus de 30 ans, il s’etait présenté de la génération faisant les choses hors de l’ordre commun. En effet, au sein du groupe Djo full force, qui alliait le plaisir buccussien et la culture, on les a vus tous s’accharner à insuffler en 1989 une âme temporelle au memorial des Gonaives, alors plus dépouillé qu’un rat d’une Église abandonnée.
Rhéteur retors, Cholo avait le don d’enfermer ses interlocuteurs dans les méandres de son réalisme logicien appuyé sur une solide mémoire et une vaste culture générale dont il avait excipé comme ancien élève du CIC des Gonaives et élève de philo du Lycée Petion au concours de télégénie de la TNH.
Devenu homme politique plus par affinités de voisinage limitrophe avec les Saint Remy dans le gouvernement de Michel Martelly, Cholo, Délégué DSépartemental de l’Artibonite, se révèlera un homme d’etat » hors de l’ordre commun phtkien » dont le réalisme courageux ira à l’encontre des flagorneries idiotes, nauséabondes pullulant compétitivement autour du chef, malgré tout irresponsable.
De mémoire, jamais l’Artibonite n’a eu un Délégué aussi généreux, aussi ouvert, prêt à servir l’intéret de la communauté. Seul Rogès Joseph, préfet des Duvalier, a joui d’une autorité égale à la sienne, rectiligne, adroite, responsable, franche, légaliste. Un premier janvier que le Président Martelly hésitait à venir célébrer la fête de l’Indépendance avec le consentement de son entourage l’a vu se dresser comme un tigre pour ramener tout le monde à la raison patriotique. Chaque 1er janvier, le délégué Cholo distribuait abondamment les étrennes sorties du trésor public.
Aujourd’hui, à la nouvelle de sa mort, c’est l’emoi vif qui parcourt les couches populaires de la ville des Gonaives. Qu’il était bon! Qu’il était généreux! Qu’il était aimable!
On se dit tout cela dont les échos doivent traverser les frontières jusqu’aux oreilles de sa courageuse femme née Sandra Coutard, témoin des derniers jours douloureux d’un homme dont le sens de solidarité l’a poussé, l’a déterminé à vouloir souffrir tout seul donnant l’impression que subir sans faire de la peine à autrui rythme de consolation l’ âme du mourant au timbre de la sérénité.
Pendant les trois mois que le cancer lui transperçait les entrailles, lacerait son corps affaibli, il gardait ce calme olympien, ce courage héroïque pour ne montrer que rien ne l’attristait, se sachant résigné à l’heure fatale.
Cette heure a sonne ce mercredi matin. Elle a brisé mes certitudes, les noyant dans les larmes dont je me croyais exempt, à l’imminence intériorisée de sa fin lente, mais irreversible. Lorsque sa femme m’a écrit vers 10h ce matin: » tout est fini« . Confus ,je sentais s’envoler de mes entrailles comme un fils que je ne retrouverai. J’ai perdu un partenaire, un compagnon, une bequille sur laquelle je m’appuyais aux detours trebuchants des gouffres de la vie.
Ne reste qu’un témoignage exemplaire. Celui de sa femme Sandra, infatigable de courage, de patience, de compassion et d’amour. Elle s’est montrée plus qu’une épouse, plus qu’une femme, plus qu’une compagne. Elle est un archetype de l’ humanité.
Courage, Sandra.
Courage à tes filles.
Dieu soit loue, mon cher Cholo,
Qu’il ait mis fin à tes souffrances!
Pierre Robert Auguste (PRA)
Gonaives 14 juin 2023
