L’Edito du Rezo | Chili et Haïti : Des voies de réformes constitutionnelles divergentes entre acceptation et persistance

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Quand a-t-on vu Ariel Henry pour la dernière fois arborant une écharpe présidentielle pour aborder la question de la réforme constitutionnelle ?

Un chemin divergent vers une nouvelle Constitution : le Chili et Haïti. Le contraste entre ces deux approches est saisissant. Alors que Gabriel Boric reconnaît le rejet populaire de sa proposition et accepte le verdict du référendum, Dr. Ariel Henry semble ignorer les objections et avancer la tête baissée avec son projet contesté. Compte-il cette fois-ci sur la pointe des épées d’une force d’occupation militaire du pays?

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Les chemins de la construction constitutionnelle sont semés d’embûches, et deux pays d’Amérique latine, le Chili et Haïti, en sont de parfaits exemples. Alors que le président chilien, Gabriel Boric, s’est engagé solennellement à doter son pays d’une nouvelle Constitution, le Premier ministre de facto d’Haïti, Dr. Ariel Henry, tente de faire adopter un projet de référendum constitutionnel rejeté à plusieurs reprises par la majorité des Haïtiens. Les différences entre ces deux approches ne pourraient être plus frappantes.

Au Chili, la proposition de nouvelle Constitution était porteuse d’espoir pour une société en quête de changement. Après des mois de travail, Gabriel Boric s’est fait le champion de ce projet, affirmant qu’il ferait tout ce qui est en son pouvoir pour construire un nouveau processus constitutionnel.

Cependant, le verdict du référendum a été clair : les Chiliens ont massivement rejeté cette proposition, préférant conserver l’ancienne Constitution héritée de la dictature d’Augusto Pinochet. Ce revers constitue un coup d’arrêt pour le projet de changement social au Chili, et les espoirs de transformation profonde sont remis en question.

En revanche, en Haïti, le Premier ministre de facto, le Dr Ariel Henry, affirme vouloir accoucher d’un projet de référendum constitutionnel dans un court laps de temps, malgré les multiples rejets antérieurs par la majorité des Haïtiens. Les organisateurs de la marche de Washington, qui a rassemblé des centaines de milliers de membres de la diaspora haïtienne, ont clairement exprimé leur opposition à la tenue d’un référendum ou d’élections sous la présidence de Jovenel Moise, qu’ils considèrent comme un président sans mandat constitutionnel. Ils revendiquent des dirigeants honnêtes et compétents pour assurer un meilleur avenir pour tous les Haïtiens.

Ariel Henry persiste et affirme vouloir accoucher rapidement de ce projet. Cela témoigne d’un mépris flagrant pour la volonté du peuple haïtien et des principes démocratiques ne reconnaissant en lui aucun droit pour amender la Constitution, une prérogative du Parlement.

Les différences entre les deux pays sont frappantes. Au Chili, malgré le rejet populaire de la nouvelle Constitution, le président Boric reste engagé envers un processus constitutionnel, peut-être avec des ajustements ou une approche différente. En Haïti, la situation est plus compliquée, avec une crise politique et sociale profonde, exacerbée par l’insécurité et le manque de légitimité d’un pouvoir en exercice, par-dessus tout champion de l’institutionnalisation de la corruption.

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La comparaison entre le Chili et Haïti met en évidence des réalités politiques contrastées. Alors que le Chili a réussi à consolider sa transition démocratique depuis la fin de la dictature, Haïti des « attachés » de Namphy et de Prosper Avril, des « chimè » Lavalas et des « bandi lego et gangs G9 » Tèt Kale continue de faire face à des défis persistants en matière de gouvernance et de stabilité politique. Les deux pays sont confrontés à des aspirations à une nouvelle Constitution, mais les chemins qu’ils empruntent sont radicalement différents.

Au Chili, la démarche s’est déroulée dans un cadre institutionnel solide, avec des mécanismes participatifs et des délibérations citoyennes. En revanche, en Haïti, « qui n’est ni dirigé ni administré », la situation est marquée par l’imposition d’Ariel Henry à la primature, en violation flagrante des lois et de la Constitution du pays depuis plus de 20 mois. Cette disparité souligne les défis auxquels Haïti est confronté dans sa quête de stabilité politique et de gouvernance démocratique. Les aspirations à une nouvelle Constitution doivent être abordées avec prudence et respect des principes démocratiques afin de garantir une transition pacifique et durable.

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