La crise haïtienne est causée par l’ingénierie politique extérieure et la politique néocoloniale, déclare la Russie au Conseil de Sécurité de l’ONU

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Dans une Déclaration  faite par le Représentant permanent adjoint Dmitry Polyanskiy lors d’un briefing du Conseil de Sécurité des Nations Unies (CSNU) sur la situation en Haïti, la Fédération de Russie a dominé sur les raisons profondes de cette crise de légitimité, l’un des principaux obstacles qui empêchent Haïti de briser le cercle vicieux de l’anarchie, de la violence et de la dégradation socio-économique.

Le représentant de la Russie a affirmé ce mardi que Haïti traverse également une crise de statut d’État qui a été largement causée par l’ingénierie politique extérieure et la politique néocoloniale.

 La communauté internationale doit envoyer un signal clair à Port-au-Prince sur la nécessité de former des autorités légitimes qui devraient reposer sur des traités internationaux et régionaux, tels que la Charte démocratique interaméricaine de 2001, déclare t-il.

Nous reproduisons l’intégralité de cette déclaration.

Monsieur le Président,

Permettez-moi tout d’abord d’adresser nos sincères condoléances à la délégation gabonaise à l’occasion du décès du Ministre gabonais des affaires étrangères, M. Michael Moussa Adamo. Nous pleurons ensemble avec nos amis gabonais.

Nous remercions Helen La Lime pour le briefing.

D’après les statistiques de 2022 fournies par le Secrétaire général dans son rapport, la situation en Haïti ne cesse de se détériorer. Les cas d’homicides, d’enlèvements, de violences sexuelles sont en augmentation, ainsi que le nombre de déplacés internes et de réfugiés.

Des rapports récents sur une augmentation de la violence dans les rues de Port-au-Prince ne laissent aucun doute sur le fait que la criminalité reste le problème majeur à l’ordre du jour haïtien cette année. Les problèmes humanitaires exacerbés par une épidémie de choléra suscitent des inquiétudes majeures. Selon UN OCHA, l’incidence du choléra a augmenté de 57 % au cours du mois dernier.

Il est évident qu’à moins que les institutions de l’État ne redeviennent pleinement fonctionnelles et que les forces politiques ne s’engagent dans un dialogue inclusif, il n’y aura aucune possibilité de résoudre la crise actuelle. Nous suivons les développements sur cette piste et notons la signature d’un accord sur un « consensus national » en date du 21 décembre 2022. Toutes les mesures qui peuvent aider à surmonter les controverses et ramener la situation en Haïti sur la voie constitutionnelle sont très louables. Ce qui est essentiel cependant, c’est que toutes les grandes forces d’opposition doivent prendre part au dialogue.

Jusqu’à présent, nous devons déclarer qu’il n’y a plus d’organes d’autorité élus légitimes dans le pays. Récemment, les pouvoirs du dernier tiers des sénateurs qui avaient été élus selon les procédures statutaires formalisées ont expiré.

Nous avons souligné à plusieurs reprises que la crise de légitimité est l’un des principaux obstacles qui empêchent Haïti de briser le cercle vicieux de l’anarchie, de la violence et de la dégradation socio-économique. Haïti traverse également une crise de statut d’État qui a été largement causée par l’ingénierie politique extérieure et la politique néocoloniale. Cela ne permet pas à certains de nos collègues du Conseil d’appeler les choses par leur vrai nom.

La communauté internationale doit envoyer un signal clair à Port-au-Prince sur la nécessité de former des autorités légitimes qui devraient reposer sur des traités internationaux et régionaux, tels que la Charte démocratique interaméricaine de 2001. Nous pensons que cette question doit être reflétée plus en évidence dans le rapport du Secrétaire général sur Haïti.

Nous appuyons l’appel du Secrétaire général à enquêter sur l’assassinat  de Jovenel Moise. Au cours des 18 mois qui se sont écoulés depuis cette tragédie, qui avait des traces évidentes d’ingérence extérieure, il n’y a eu aucun progrès dans l’enquête. Les auteurs et en premier lieu ceux qui ont ordonné ce meurtre doivent être tenus pour responsables et dûment punis.

Nous avons été plutôt déçus de voir que dans un document portant la signature du Secrétaire général de l’ONU, les mesures coercitives unilatérales équivalaient presque aux sanctions imposées par le CSNU et que ces deux outils profondément différents sont répertoriés dans le même paragraphe du rapport. .

Il est de notoriété publique que dans d’autres pays du monde, les sanctions unilatérales ont déjà entraîné des conséquences économiques et humanitaires catastrophiques. Dans certains cas, de telles sanctions peuvent dévaloriser les efforts de la communauté internationale qui cherchent à prêter assistance aux États.

En parlant d’Haïti, nous percevons ces sanctions comme une tentative des États-Unis et du Canada d’influencer les processus nationaux en Haïti de la manière dont ils en ont besoin. Ces mesures ne peuvent être interprétées comme la volonté de la communauté internationale, car une telle volonté ne peut s’exprimer qu’à travers les décisions du Comité des sanctions 2653 que nous avons créé récemment. Nous sommes convaincus que le comité des sanctions commencera à travailler de manière plus solide, c.-à-d. identifier les véritables sources de financement des bandes haïtiennes et les itinéraires des livraisons illégales d’armes à l’île.

Merci.

24 janvier 2023

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