L’autocensure, cette répression à rebours des « démocraties » oligarchiques

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Nos soi disant démocraties sont des systèmes de pouvoir intolérants voire tyranniques car punisseurs de toute opposition à leur mode idéologique établi, maintenu et imposé par leurs dirigeants qui ne sont pour la plupart, nullement des élites au sens mélioratif de ce mot, mais des oligarchies restreintes et dominatrices. Dans le contexte d’une liberté d’expression surveillée, la communication publique devient fatalement le terreau d’une autocensure quasi généralisée malgré toutes les simulations médiatiques de libertés et de droits à l’information et à la critique. 

L’autocensure, cette logique auto-répressive du communicateur public qui n’ose intervenir sur des faits et sujets déplaisants pour les grands oligarques décideurs systémiques, vient d’une sorte d’injonction tacite du trône sociétal occupé par l’oligarchie, à tous ceux qui usent de communication publique, pour qu’ils sachent et se rappellent que le maître inquisiteur est là, scrute les publications et se chargera de punir par ostracisme quiconque déroge aux codes tacites mais bien établis de la part des souverains des structures du pouvoir social. 

L’autocensure est – par la discrétion de son imposition – la plus efficace répression de l’expression, la réussite la plus achevée, le succès le plus fini de la dissuasion de toute différence ou dissidence par les tenants du pouvoir qui s’y imposent comme par suggestion, jusque dans le subliminal des utilisateurs de la communication sociale. L’autocensure est la prépondérance de la pensée unique exclusive des oligarques, le terrorisme de la standardisation idéologique infligé sans coup férir par les décideurs socio-économiques et politiques en général, ce, même, et surtout, en « démocratie » où les vieux modes de répression ne sont plus admis, et où l’assignation à l’autocensure est la puissance qui garantit le règne du pouvoir sans opposition réelle. Qui, hormis de rares esprits supérieurement libres et prêts à subir les foudres des patriciens dominants et de leur système de cerbères, osent attaquer l’ordre structurel? Hélas! Pour feindre une liberté factice, les journaleux s’évertuent à blâmer les politiciens, ces simples exécutants au service des systèmes, mais onques, ne s’aventurent à interroger un ordre dont les vrais décideurs et mainteneurs les gouvernent et peuvent les exclure, les punir. Qui se permet, fors de rarissimes esprits, de questionner les mœurs à la mode qu’imposent les décideurs? La couardise et l’adaptation répugnantes de la plupart des hommes, parfois associées à l’affairisme chez nombre de communicateurs publics voire d’intellectuels, à tout ce qui est systémique, perçu comme fort car majoritairement acquiescé, même quand c’est infâme, sont ici nauséeuses et honteuses!

Dans nos sociétés frileuses à liberté d’expression sous haut contrôle et surveillance inquisitrice des potentats systémiques, où les journaux mainstream appartiennent soit aux oligarques soit à l’État que les oligarques dominent, si on ne tue plus ou presque plus les contrevenants osant exprimer certaines vérités peu reluisantes derrière les apparences d’une démocratie exhibitionniste, les puissants s’assurent discrètement de les éliminer pécuniairement et de les excommunier quant à tout ce qui relève du social, les frappant de privation générale. L’autocensure relève d’un fin façonnement d’une liberté d’expression amorphe conditionnée que s’adapte l’ordre systémique dans les démocraties oligarchiques qui règnent sur la planète. Ainsi, bien signifiée comme exigence oligarchique à tous, savamment orchestrée par la terreur des puissants structurels de la société, l’autocensure est la voie inavouée de la soumission pour qui veut contourner la terrifiante prison sans mur de l’excommunication par les seigneurs de la féodalité moderne. Une voie de mimétisme où tout, la liberté d’expression, le droit à l’information, l’esprit critique sont simulation car sous domination, taillés sur mesure pour des princes bouffis et dédaigneux de la dignité de l’entendement…

Autocensure, voie amenuisante d’une expression amenuisée dont s’accommode, hélas, la veulerie de la plupart des communicateurs publics, ceux qui ont la parole et accès à des médias de toutes sortes, journaux, blogs, radios…! Enfin, nous les comprenons, il s’agit de leur survie et leur subsistance; même si nous ne saurions les approuver! Car la dictature des oligarchies est là, très forte et despotique, et, à moins de braver l’anathème encouru et d’être prêts à affronter ou subir la plus barbare, la plus tyrannique marginalisation pour rester fidèle à l’intellect agissant de la critique des faits et des choses par les idées, le plus facile, le plus « rationnel » face à cette rationalité macabre des rois, est de se soumettre en se censurant soi-même. Un monde punissant de cuistres intumescents et fouettards, a beau simuler le raffinement et la tolérance, il n’en demeure pas moins fruste et tyrannique! La suffisance de nos fats oligarques, n’a de limites que le refus et la désobéissance. Tant que tous ou presque obéiront, les oligarques infligeront leur code d’autocensure! Une manière dominatrice bien ancrée dans nos braves démocraties à la propagande friande de l’exportation des droits de la personne et particulièrement de la spécifique liberté d’expression! Dans nos démocraties oligarchiques, la punitivité des tenants boursouflés de l’autoritarisme contemporain, l’inquisition moderne de nos grands démocrates officiels, exige au communicateur public, sinon à savoir flagorner et à se prostituer, à tout le moins, à s’autocensurer selon le correct sociétal de peur d’être proscrit du droit de vivre matériellement voire de subsister! 


La misologie et l’intellophobie oligarchiques sévissent contre tout penseur non dûment inscrit dans l’ordre idéologique, et l’extrême intolérance souriante exclut le libre penseur. Les oligarchies qui gouvernent les États s’arrangent pour que toute différence discursive non appréciée parce que non conforme à leurs prêts-à-penser soit sanctionnée d’ostracisme pécuniaire et structurel! Nous avons des pays intellophobes, par exemple dans nos soi disant démocraties nord-américaines très arrogantes quand il faut blâmer autrui pour leur manque de démocratie, où le saltimbanque en slip à gestuelle malsaine, est rapidement promu et enrichi pour sa lubricité immonde et ses blagues minables alors que l’on punit, paupérise, marginalise avec rage tout penseur indépendant, toute pensée non exploitable à la propagande politique propre à propager les billevesées mensongères sur l’ouverture sociale et les chances des immigrants…!  

Les limites de la liberté d’expression que distillent l’institution socio-politique, sont en soi, un chantage dissuasif du standard oligarchique des droits et libertés admis dans une ploutocratie d’oligarques qui miment idéologiquement et populistement la démocratie. En aucun cas, déroger à la vision unique et exclusive que l’ordre socio-économique et médiatique autorise, ne sera admis sans conséquence punitive contre les contrevenants. 

Le message est clair, sans équivoque : que le penseur qui a peur de l’ostracisme, abandonne le questionnement souverain et libre de l’ordre idéologique établi! 

La rection discrète de l’expression publique par quelques-uns, véritables patriciens et eupatrides modernes, impose impitoyablement, adroitement, l’autocensure à tout intervenant de la parole publique! Gare à l’importun qui ose penser hors des herses du permis oligarchique, en dehors de ce que tolère la sociocratie officielle des oligarques!

La seule liberté d’expression en nos démocraties factices de ploutocrates bouffis, consiste pour l’intervenant public, le communicateur médiatique, à savoir tourner autour des vérités systémiques intouchables tout en évitant les vraies questions essentielles sous peine de s’y brûler au feu dévorant des rois despotes! Un communicateur public, un penseur, un écrivain, pour être rémunéré voire pour subsister matériellement en nos démocraties, malgré les institutions préposées à subventionner les travailleurs de la plume, doit savoir lâchement et démagogiquement faire mine d’être souverain dans sa parole sans rompre le consensus de soumission au sceptre des rois inquisiteurs! Il doit se pâmer, s’effacer dans une posture d’ombre simiesque, servante voire servile de l’idéologie officielle telle qu’exigée par les patriciens institutionnels, ces nochers hypocrites de l’exclusion matérielle malgré les simulacres de tolérance et de liberté en général, particulièrement de la liberté d’expression brandie comme effigie et emblème de leur démocratie. Car c’est par le châtiment de la privation matérielle et l’excommunication structurelle discrète que nos dictateurs souriants soumettent tout penseur non aligné! 

Ici, il faut apprendre à s’aligner intellectuellement, à se faire assimiler pour avoir droit de vivre sinon les cerbères vous bloquent les vivres. Et dire que la liberté d’expression est la prétention officielle majeure de ces pays, qui en font une vaste argutie idéologique! Liberté d’expression surcontrôlée en démocratie, vocable creux et propagande scélérate que proclament les hauts lieux de l’inquisition moderne! Liberté d’expression, que de cuistreries oligarchiques commises en ton nom! Car si par rapport aux dictatures immédiates sans vernis, il y a un certain seuil de liberté d’expression en nos démocraties, quelle est la modalité de cette liberté!? Le seuil de l’expression libre admise par les suzerainetés idéologiques contemporaines dites État de droit, est un dédale d’hyper-restriction, un entrelacs d’injonctions tacites, puisque c’est toujours une liberté amorphisée, nivelée par les décideurs systémiques, systématiquement contrôlée et astreinte aux mesures assignées par les maîtres des structures selon leur bon plaisir. Une liberté pour autocensurés! Une liberté de funambules sachant suivre la corde raide du permis non explicite mais strictement imposé. Une liberté dont le double effrayant, véritable spectre dévorant, est la punitivité excommunicatrice d’un establishment fouettard qui inflige à quiconque lui paraît non acquis ou simplement lui déplaît, son garrot pécuniaire et structurel pour le noyer dans la privation et l’ « éclipse » institutionnelle!

Dans les démocraties oligarchiques qui règnent sur la planète, l’autocensure est le façonnement d’une liberté d’expression amorphe conditionnée que s’adapte l’ordre systémique. Un ordre écrasant, implacablement dominateur voire liberticide. Un ordre de pouvoir procédant par la vieille manigance de la carotte et du bâton, cette méthode classique du continuum persuasion-dissuasion, en tant que le freinage opère de manière persuasive sous forme d’alignement consensuel des intervenants de la communication publique avec les maîtres invisibles du système, lesquels maîtres, simultanément, sans dire mots, signifient à qui veut comprendre, de par l’immensité et exclusivité de leur pouvoir structurel, quel terrible risque d’ostracisme intérieur court tout importun d’une expression idéelle vraiment libre! 

L’autocensure – s’il faut encore la cerner dans sa quiddité socio-politique – tient de la pernicieuse répression à rebours, l’auto-répression suggérée, imposée car programmée telle une pré-corruption subtilement orchestrée par l’ordre systémique chez tout intervenant public sous peine d’anathème par la paupérisation et l’interdiction structurelle si celui-ci franchit les limites permises et ose l’incorrect idéologique. L’autocensure assure donc, sans coup férir, aux establishments, la répression implacable quoique inavouable et invisible de la liberté d’expression dans la « démocratie » oligarchique où règne sans critique véritable, l’idéologie exclusive des tenants du pouvoir…  


CAMILLE LOTY MALEBRANCHE

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