7 octobre 2025
InSight Crime | Haiti – Exécution d’un policier et incendie d’un tribunal : L’appareil judiciaire haïtien assailli par la violence des gangs
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InSight Crime | Haiti – Exécution d’un policier et incendie d’un tribunal : L’appareil judiciaire haïtien assailli par la violence des gangs

InSight Crime: « l’impunité généralisée, la corruption endémique et les graves carences en personnel font que peu de progrès sont réalisés dans les affaires déjà en cours« .

Mercredi 3 aout 2022 ((rezonodwes.com))–

L’incendie d’un palais de justice et le meurtre d’un inspecteur de police par l’un des plus grands gangs criminels d’Haïti accentuent l’effondrement des institutions judiciaires d’Haiti, écrit InSight Crime dans un article paru mardi.

Le 29 juillet, le chef du Syndicat National des Policiers Haïtiens (SYNAPOHA), Lionel Lazare, a condamné les autorités pour leur manque d’action dans la protection de la famille de l’inspecteur de police Réginald Laleau, qui a été exécuté le 24 juillet.

Selon les médias locaux, Laleau a été abattu par la bande criminelle des 400 Mawozo, juste après avoir assisté à un service religieux. L’exécution a eu lieu après une série d’affrontements entre les 400 Mawozo et la police plus tôt dans la journée.

La femme de Laleau, Damouche Joseph, a annoncé qu’elle et sa famille avaient été contraintes de se cacher par crainte que le gang ne vienne aussi les chercher. Selon M. Lazare, les autorités n’ont fait aucun commentaire sur le meurtre de Laleau, et la famille a reçu très peu de soutien.

Les propos de M. Lazare font suite notamment à l’incendie d’un palais de justice à Croix-des-Bouquets, près de la capitale haïtienne, Port-au-Prince, qui aurait été commis par des membres du 400 Mawozo. Il s’agissait en fait d’une réponse aux opérations de police menées à la suite du meurtre de Laleau, rapporte Haïti Libre.

Cette attaque par le feu, la deuxième de ce type au cours des derniers mois, a causé d’importants dégâts au palais de justice ainsi que la perte de documents juridiques. En juin, une autre bande a pris d’assaut le Palais de Justice dans le centre-ville de Port-au-Prince, réduisant en flammes des dossiers judiciaires et des preuves à conviction. Le palais de justice reste partiellement sous le contrôle de la bande.

Analyse de la criminalité par InSight

Les attaques des gangs contre les institutions de l’État et l’incapacité des autorités à réagir de manière adéquate illustrent la crise profonde que traverse Haïti.

La violence, dirigée par des organisations criminelles telles que 400 Mawozo, a coûté cher aux forces de police du pays, avec 32 policiers qui auraient été assassinés entre le début de cette année et le 28 juillet.

Parallèlement, les attaques contre les tribunaux ont encore démoralisé une institution à peine opérationnelle.

En février, quatre organisations de défense des droits de l’homme d’Haïti et des États-Unis ont présenté un rapport sur la situation critique du système judiciaire haïtien au Conseil des droits de l’homme des Nations unies (HCDH). Le rapport a révélé que le système judiciaire, déjà mis à mal, avait régressé depuis une précédente évaluation en 2016.

« Le système judiciaire reste dans un état de dysfonctionnement chronique, notamment en raison de l’augmentation des interférences politiques, des menaces contre les acteurs judiciaires, du manque de ressources et des échecs persistants à s’orienter vers les plus pauvres et les plus vulnérables d’Haïti et à se rendre accessible à eux », peut-on lire dans le rapport.

Selon le rapport, l’impunité généralisée, la corruption endémique et les graves carences en personnel font que peu de progrès sont réalisés dans les affaires déjà en cours.

Les tribunaux du pays, en proie à des difficultés, sont désormais confrontés à la menace supplémentaire d’incendies criminels et de pillages. Jusqu’à présent, il n’y a eu aucun signe de réponse tangible de la part de l’État, les autorités n’ayant pas réussi à reprendre le contrôle total du palais de justice saccagé dans le centre-ville de Port-au-Prince.

La police haïtienne s’efforce également de mettre fin à une vague de violence à Cité Soleil, dans la banlieue de Port-au-Prince, où des affrontements entre gangs ont fait des centaines de morts en juillet. Le maire de Cité Soleil, Joël Janéus, a déclaré que l’État avait abandonné la banlieue.

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