Edito de Haiti-Observateur : Ariel Henry se révèle l’allié des gangs armés

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L’État doit des centaines de millions de gourdes d’arriérés de salaires à des employés au niveau de différentes institutions de l’État, alors que les services publics sont défaillants.

New York, jeudi 13 janvier 2022 ((rezonodwes.com))–

Plus de discussions ni de conjectures, par rapport aux liens unissant le Premier-ministre de facto aux gangs armés. Les voix qui s’élèvent exigeant des mesures musclées pour les mettre hors d’état de nuire sont en train de crier dans le désert. Car ses intérêts sont étroitement liés aux leurs.

Que ceux qui entretenaient des doutes à ce sujet cessent de persister dans leurs illusions. Après les événements ayant marqué la date du 1er janvier, jour commémoratif de la proclamation de l’indépendance d’Haïti, aux Gonaïves, dans l’ Artibonite, les relations symbiotiques existant entre le chef de la primature et les criminels, qui prennent le pays en otage, sont exposées au grand jour. Nul ne doit continuer à pré-texter ignorance.

En effet, décidé de faire, à tout prix, le déplacement, à la Cité de l’indépendance, afin de prononcer le discours présidentiel, à la Place d’armes, le Dr Henry était disposé à orchestrer un bain de sang, afin de prouver aux « Forces révolutionnaires des Gonaïves » qui a le monopole de la force. Une démonstration qu’il n’a jamais affiché le courage de faire, face aux gangs armés, quand bien même ces derniers lui auraient infligé la plus honteuse humiliation, en le chassant du Pont-Rouge, le 17 octobre dernier, l’empêchant de déposer la gerbe de fleurs traditionnelle au mausolée de Jean Jacques Dessalines, le père de la nation.

Un chef de gouvernement de facto, doublé d’un patron de l’Exécutif, dont il assume illégalement les attributions, M. Henry s’estimait l’objet d’un affront inacceptable de Winter Étienne et ses hommes, le 1er janvier, aux Gonaïves. S’il n’a jamais levé le petit doigt pour sévir contre les malfrats kidnappant, assassinant, braquant, violant et terrorisant quasi continuellement les citoyens, il était bel et bien disposé à lancer une offensive destructrice contre la population gonaïvienne. Tout semble indiquer qu’il a dû faire marche arrière, par rapport à sa décision initiale, s’étant trouvé confronté à des oppositions politiquement dangereuses au sein de l’administration qu’il dirige, aussi bien qu’auprès de la communauté internationale.

Encouragé par les faucons, au sein de son gouvernement, Ariel Henry avait décidé d’imposer son « discours présidentiel » à la nation, en écrasant la rébellion s’érigeant en la personne de M. Étienne et ses jeunes rebelles farouchement déterminés à lui barrer la route. Aussi avait-il pris les dispositions d’ « anéantir » l’opposition qui s’est dressée sur son passage. Car dans ce cas spécifique, considérant l’équipe de celle-ci ces ennemis politiques, il se préparait à les exterminer sans état d’âme. Dans ce cas, il faut conclure que les bandits armés, qui sèment la terreur sur la population, ne sont pas des ennemis du Premier ministre de facto.

Nul ne peut évoquer de circonstance atténuante en faveur du Dr Henry, car il s’est révélé on ne peut plus consistant dans son attitude autoritaire et criminelle au pouvoir. Autant il se montre indifférent, face aux forfaits des groupes armés, ses alliés politiques, sur les citoyens sans défense, autant les victimes, toutes catégories concernées, sont abandonnées à leur sort.

Il faut retenir que, recevant les mots d’ordre d’outre-tombe de Jovenel Moïse, Ariel Henry offre aux criminels liés aux gangs armés les mêmes protections dont ils jouissaient avant son arrivée à la primature. Ils continuent de perpétrer les mêmes crimes, avec impunité, en sus d’être approvisionnés en armes et munition, sans inhibition, facilités par les autorités. Quand ils ne détroussent pas leurs victimes, hommes d’affaires et citoyens, ils se font rémunérer, en catimini, par l’État.

Il semble que les dirigeants s’accommodent de telle opération, car elle leur donne l’occasion de détourner les fonds publics, au moment d’effectuer des versements à leurs alliés, les bandits. Voilà un autre créneau d’enrichissement illicite. Installé à la primature et logé à la résidence officiel-le du chef du gouvernement émargeant au Budget national, à coups de millions de gourdes, le Dr Henry fait des citoyens le cadet de ses soucis, tandis qu’il est au petit soin avec les criminels.

Dans le même temps, l’État doit des centaines de millions de gourdes d’arriérés de salaires à des employés au niveau de différentes institutions de l’État, alors que les services publics sont défaillants. C’est surtout le cas pour la plus importante installation médicale du pays, l’Hôpital de l’Université d’État d’Haïti (HUEH), manquant de fournitures, en proie à une pénurie de personnel dont certains subissent aussi des arriérés de salaires. Pourtant, cette situation est pire dans les régions de provinces.

En clair, l’insécurité, installée en permanence par les gangs, quasiment sur toute l’étendue du territoire national, constitue le plus grand fléau pour le peuple haïtien. Ceux qui persistent à innocenter Ariel Henry, arguant son manque de ressources, pour mettre en place une stratégie de lutte effective contre les gangs armés, doivent penser au bilan des forfaits de ces derniers sur la population, face à l’inaction de l’équipe au pouvoir. Depuis quelque six mois qu’il est au pouvoir, le Premier ministre de facto affiche un déficit d’initiative en faveur des citoyens, qui endurent de grandes épreuves pour supporter financièrement le train de vie que lui et ses collaborateurs se donnent.

Or, c’est un fait: Les assassinats deviennent monnaie courante, surtout à la capitale, où les jours sont ponctués d’ incidents de citoyens tués par balles. Dans l’espace d’une semaine, deux commissaires de police ont été abattus. À une semaine de la fin de l’année 2021, pas moins de 30 victimes par balles ont été recensées. Si les malfrats du sud de la capitale ont chassé la Police de la zone de Martissant, depuis le 1 er juin de l’année dernière, et pris contrôle de cette région, avant l’assassinat de Moïse, ils n’ont pas été contraints de lâcher prise par Ariel Henry. Pourtant celui-ci avait pris l’engagement de se défaire des criminels.

Alors que les gangs prennent le contrôle de larges espaces de la capitale, comme, par exemple, Martissant-Carrefour, Village de Dieu, Gran Ravin, Bolosse, dans le sud; 400 Mawozo, dans la commune de Croix des Bouquets, à l’est, sud de Delmas, La Saline, Cité Soleil et Bel-Air, au centre-ville, en sus de Laboule 12, dans les hauteurs de Pétion-Ville, Ariel Henry donne l’impression de temporiser avec leur leadership, tout en collaborant avec eux pour maîtriser ses ennemis politiques.

Au pouvoir, depuis le 20 juillet, l’occupant de la primature ne s’est jamais conduit en « serviteur » du peuple haïtien, qu’il est de fait. D’ ailleurs, il se comporte comme les bandits à son endroit. Tout le doute à ce sujet s’est dissipé, à l’occasion de l’anniversaire de l’indépendance nationale. La machine de répression, sous forme d’un millier de policiers et de 500 militaires mobilisés, pour massacrer des résidents des Gonaïves, a été déjouée de manière fortuite. En tout cas, c’est évident, Ariel Henry s’est comporté en « mercenaire», à l’endroit de ses propres concitoyens. Dans ce cas, il est un digne allié des gangs armés.

Haiti-Observateur,
édition du mercredi 12 janvier 2022

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