Lundi 10 avril 2017 ((rezonodwes.com))– La responsabilité de l’église catholique est au dessus de la moyenne dans l’augmentation du taux de natalité à l’Ile de la Tortue. Le plus grand centre Hospitalier de l’Île, Hôpital Notre Dame des Palmistes (HNDP), est dépourvu d’un service de planning familial depuis plus de cinq ans.
HNDP, fondé en 1958 par Père Roger Rioux, ne s’occupe plus du planning familial (pf) à l’Ile de la Tortue à cause de l’église catholique qui y interdit formellement l’utilisation des méthodes contraceptives. Plus de distribution de condoms aux jeunes, plus de vasectomie, plus de ligature, plus de comprimés et de piqûres de planing pour les mères et pères de 8 à 10 enfants. J’ai rencontré une dame qui vient de mettre au monde son 10e enfant ce samedi 8 avril mais ne pouvant acheter la seringue de 50 gourdes pour injecter la vitamine A, vitamine vitale au nouveau-né. C’est de la sorcellerie ou non?
Les matériels existants pour le pf ont été chassés de l’enceinte de l’Hôpital. Une partie est transportée hors des frontières de la Tortue et l’autre est transférée dans un petit centre de santé apparemment privé. Le Monseigneur et le Prêtre de la paroisse croient que l’utilisation des méthodes contraceptives constituent une entorse à la population tortugaise d’accéder au ciel. Et c’est partout pareil.
Le MSPP n’a rien dit et n’est même pas au courant peut être. Certes, l’Hôpital a été fondé par Père Rioux, un prêtre à qui La Tortue doit beaucoup, mais placé sous la gestion mixte de l’État et de l’église dans le temps. Aujourd’hui, il serait totalement sous la responsabilité de l’église catholique qui nomme, révoque et finance en grande partie. Mais regarder des jeunes en dessous de la vingtaine mère et père, des adultes à plus de cinq, huit à dix enfants, c’est ça la sorcellerie.
Les conséquences sont grandes et néfastes.
Dans une commune où l’ancienne conception ( Pitit se byen Malere) n’est pas encore dépassée, l’interdiction et la non-vulgarisation des méthodes contraceptives ont de conséquences graves et collatérales tant sur les adultes que sur les adolescentes.
Quand je vivais à la Tortue j’avais l’habitude d’obtenir des préservatifs du HNDP mais aujourd’hui ils ne sont distribués qu’aux porteurs du VIH. Or, aujourd’hui, les jeunes sont obsédés, incités et livrés au sexe. La communication téléphonique facilite les rencontres entre les jeunes et les musiques récentes incitent au sexe or les condoms ne sont plus à leur portée. D’où des jeunes de 15 à 20 ans enfantées, deviennent mères.
Qui pis est, ces jeunes filles sont obligées, par manque de maturité et d’incapacité d’assumer des responsabilités, de vivre avec leurs enfants chez leurs parents qui encore continuent en parallèle à mettre au monde de nouveaux-nés. Et vous imaginez la suite: Promiscuité, chômage, misère, faim, malnutrition, analphabétisation et délinquance.
Que faire?
Nous comptons:
1- Dès cette semaine, placarder des slogans imprimés dans les principales artères de l’Île.
– Pitit se mizè malere, pa fè anpil;
– Jenn fanm, jenn gason avni w bèl devan w, mete kapòt;
– Ey madanm, sispann fè pitit, w’ap kreye plis mizè nan peyi a.
– etc…
2- Engager quelqu’un avec un mégaphone pour sensibiliser…
3- Ecrire au MSPP via DSNO afin de prendre des mesures adéquates;
4- Ecrire à l’église catholique à qui l’Île de la Tortue doit beaucoup, pour lui demander de réviser sa position;
5- Etc…
La Tortue, une île et une histoire du département du Nord-Ouest déjà maltraité. Il revient à nous, ses fils et filles, de regarder ce qui y passe. Nous demandons à chacun d’y jeter un coup d’oeil et dans la mesure du possible nous unir pour réfléchir et agir à son profit.
*Endy Frédéric*,
Île de la Tortue,
9 Avril 2017