Docteur, soignez-vous vous-même avant d’écrire des bêtises de ce genre : »Dans le cadre des prochaines élections, aucun camp ne sera favorisé par le gouvernement. Le #CEP doit être crédible et inspirer confiance à tous. Nous allons rétablir également la confiance dans l’administration publique, dans la justice et entre nous tous Haïtiens« .
LETTRE OUVERTE ADRESSÉE AU PREMIER MINISTRE
Dr. Robin : Mr. le Premier ministre, pouvez-vous dire au peuple comment vous allez sortir de cette tragi-comédie dans laquelle vous vous trouvez ? Espérons un dénouement heureux ! Du moins pour le pays…
25 Juillet 2021
Dr Ariel Henry
Premier Ministre
J’ose vous adresser ce message car je pense que vous avez vraiment besoin de conseils et de lumière. Vous avez accepté de prendre les rênes de ce qui reste de l’Etat qui est dans un très mauvais état. Bravo ! Mais quels sont vos mobiles ? Défendre les intérêts de la nation ? Assouvir la soif du pouvoir -quel que soit le prix ?
Depuis le jour où vous avez été désigné par le chef de gang, puis approuvé et nommé par l’ex-président de facto assassiné Mr. Jovenel, et enfin « propulsé » par le gouvernement américain, on ne cesse de penser à la position tout à fait ambiguë dans laquelle vous êtes (consciemment ou inconsciemment, volontairement ou involontairement).
Dr. Henry, vous êtes un aîné, un confrère et à ce titre je me sens obligée d’attirer votre attention sur plusieurs faits et vous inciter à réfléchir car on a l’impression que le brillant neurochirurgien ne peut plus retracer l’histoire, analyser, identifier, procéder par élimination et poser un diagnostic. Le pouvoir est-il un cancer qui enserre le cerveau, détériore et inhibe toutes les aptitudes naturelles ou même acquises ? Le pouvoir supprime-t-il toutes les capacités à concevoir, à sentir ou à prévoir ? Vous êtes bien placé – Mr. le neurochirurgien qui a été placé à ce poste de Premier Ministre par les tuteurs- pour présager que ces derniers jurent de « tuer » l’espoir chez les habitants du pays. A moins d’être vraiment désespéré, vous devez augurer que votre choix n’est pas sans conséquence.
Mr. le Premier Ministre, pourquoi avoir mis du temps à vous faire entendre après l’assassinat de Mr. Jovenel ? Le recul était-il nécessaire pour compléter ce bond spectaculaire ?
Mr. le Premier ministre, savez-vous que beaucoup de gens sont interloqués et se demandent comment vous allez concilier la gauche, le centre, la droite et toutes les entités modérées ou radicales qui en découlent, c’est-à-dire créer un climat de « mise en confiance » alors qu’on ne vous fait pas confiance ? À tort ou à raison ? Peut-être que vous avez la réponse, vous qui avez vos entrées et sorties dans les camps socialistes aussi bien que dans les clans totalement opposés ? De la France aux Etats-unis, vous avez dû apprendre comment vous y prendre ! Bon on attend…
Mr. le Premier ministre, pouvez-vous dire au peuple comment vous allez sortir de cette tragi-comédie dans laquelle vous vous trouvez ? Espérons un dénouement heureux ! Du moins pour le pays…
Mr. le Premier ministre de fait- parce qu’en fait d’après tous les faits qui se dessinent sous nos yeux, vous êtes en effet « un de facto », pouvez-vous expliquer pourquoi avoir utilisé le mouvement du reste du parlement et des partis politiques pour vous glisser au timon des affaires ? Est-ce parce qu’en politique tous les coups sont bons, même « trancher le cou » de ceux qui se disent ou sont vos partenaires et couper court à toutes sortes d’entente ? Bon là encore on attend…
Bref, Mr. le Premier Ministre, en attendant d’avoir des réponses aux questions, et si je peux me permettre un premier conseil duquel découlent plusieurs autres : Profitez de votre présence là où vous êtes en faisant bénéficier vos sœurs et frères haïtiens, en l’occurrence HAÏTI.
La première et grande action à poser est d’inviter la nation entière à la conférence nationale tant attendue, si urgente et nécessaire au lieu d’assurer la continuité qui est sur votre feuille de route, une prescription mortelle concoctée pour Haïti…. Décryptez bien ce script, ce programme préconçu et bien défini qu’on a placé entre vos mains : Vous êtes là pour faire des élections et entériner le référendum. Alors la question que l’on se pose est : De quel « bord » êtes vous ?Prenez soin de choisir le bon « bord » pour sortir la tête haute et qu’afin que l’histoire vous offre une belle page. Je sais qu’un leader n’est jamais parfait et qu’il peut commettre des erreurs, mais il doit s’arranger pour que ses actions parlent surtout en sa faveur.
Si vous faites des gaffes, n’ayez pas peur de les reconnaître car le peuple vous observe et enregistre tous vos faits et gestes.Si vous avez une vision pour Haïti, le peuple ne la perçoit pas encore. On pense plutôt que vous agissez comme le vassal qui jusqu’ici accomplit les desiderata de la communauté internationale et bafoue tout ce qui est national. C’est vrai que la moisson est abondante et les ouvriers peu nombreux et ce ne sont pas toujours les mieux équipés qui sont embauchés. Nonobstant, cher confrère aîné, n’ayez qu’un seul maître : Haïti.
« Nul » ne peut servir deux maîtres à la fois car, ou il haïra l’un, et aimera l’autre; ou il s’attachera à l’un, et méprisera l’autre. Et malheureusement c’est le plus puissant qui prévaut !
Vous avez hérité d’un immense désordre et il semble que vous avez accepté cet héritage avec un sang froid qui me donne froid dans le dos. Un autre conseil : Il y a ces « arrangements politiques » qu’il faut à tout prix éviter. Beaucoup ont essayé de jouer au malin et ils ont fait les frais car les interlocuteurs sont très malicieux et… sans état d’âme.
Alors il est important de vous rappeler ceci : C‘est quelque chose d’être un dirigeant en Haïti, c’en est une autre d’être un leader, un visionnaire mais surtout un authentique patriote – « un national ».
Ne répétez pas les erreurs perpétrées par les dirigeants qui au départ se compromettent sous prétexte de faire des compromis. Soyez un homme d’État capable de redresser l’image de l’État haïtien. De ce fait, un troisième conseil s’impose : Défendez les intérêts de la nation en engageant des discussions objectives, constructives et sérieuses avec ceux qui se déclarent « les amis d’Haiti ». On ne peut pas continuer avec un gouvernement Moïse-Henry sans Jovenel. C’est une grande opportunité pour l’Internationale et aussi pour vous de développer une autre stratégie capable de ramener le calme, la stabilité et promouvoir le dialogue dans le pays. La communauté internationale s’est cassée la gueule dans l’affaire haïtienne et les dirigeants haïtiens dépourvus de colonne, eux, ont contribué à la faillite des institutions. La mort de Mr. Jovenel, bien que crapuleuse, offre cependant une circonstance opportune de se rattraper. Saisissez cette occasion pour faciliter le renouvellement de cette mentalité haïtienne qui consiste en « retire-toi que je m’y mette et que je fasse pire que mon prédécesseur ».
Ainsi Mr. le Premier Ministre, le gouvernement que vous dirigez doit faire place à un gouvernement de consensus national et dont la mission est de réaliser une conférence nationale. C’est une autre « chance qui passe ». Arrêtez-la et servez-vous en. C’est le moment de prendre un recul non pas pour qu’un homme « perce » mais pour qu’Haïti émerge !
Ne vous inquiétez donc point, et ne dites pas : Que pensent les « amis » ? Quels avantages vais-je tirer ? De combien de dollars mon compte en banque sera-t-il constitué ? Car toutes ces choses, ce sont les « vendeurs de pays », les fossoyeurs de la nation qui les recherchent. Le peuple sait ce dont vous avez besoin : Cherchez premièrement la réconciliation des forces vives du pays, la sécurité pour vos sœurs et frères, la stabilité, l’équité ou la justice pour tous…; et toutes ces choses vous seront données par-dessus. Ne vous inquiétez donc pas du lendemain; car le lendemain se construira sur les bases solides que vous aurez posées en favorisant la conférence souveraine prônée par notre confrère Turneb Delpé. A chaque jour suffit sa peine et aujourd’hui il est temps de mettre fin à la peine du peuple haïtien qui s’use et succombe sous le poids de l’iniquité, de l’injustice, des gangs, de la misère et de la faim etc… Commencez par changer leur « aujourd’hui » et vous y arriverez en détournant les yeux de ceux qui ne voient que leurs intérêts et ferment leurs yeux sur les vrais problèmes d’Haïti.
Dr. Henry, avez-vous du coeur ? On aimerait l’éprouver ! Faites-nous reconnaître le sang de nos aïeux en traitant le dossier haïtien sans le courroux de ces derniers certes, mais avec une placidité digne d’un homme d’état qui définit de nouvelles conditions, de nouvelles approches dans ses relations avec l’Internationale. Pour changer de paradigme, le soutien de la nation est indispensable; et pour que cette dernière marche avec vous, vous devez lui inspirer confiance et fonctionner dans la transparence. La crise haïtienne est à son paroxysme. Est-ce un problème pour les amis ?Est-ce une situation préoccupante pour vous ?Haïti peut-elle continuer à recevoir cette médication qui n’est même pas palliative, docteur ?
Haïti attend le changement ! Souvenez-vous : « Personne ne met une pièce de drap neuf à un vieil habit; car elle emporterait une partie de l’habit, et la déchirure serait pire ». La conférence nationale est la seule voie. Réfléchissez !
Je me hasarde à vous faire une ultime proposition : Dr. Henry, appréhendez-vous le rôle de l’envoyé spécial ? Qui dirige ? Alors, si vous n’avez pas le courage de défendre les intérêts de la collectivité, si vous êtes incapable d’utiliser vos fonctions physiologiques et mentales sans coercition, s’il vous est impossible de rétablir l’équilibre au sein de l’État, informez la nation, faites volte-face et partez.
Dr. Winie E. Robin
camelotlancelot@yahoo.com
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