Sous haute sécurité, et en présence des membres du gouvernement de facto, Haïti entame jeudi les préparatifs de funérailles du président assassiné Jovenel Moise, 15 jours après un crime qui a plongé le pays dans l’incertitude et ravivé des tensions historiques entre ses citoyens.
Les Haïtiens reprochent au directeur général de la police nationale, Léon Charles, de ne pas avoir su protéger le président Moïse.
Cap-Haïtien, jeudi 22 juillet 2021 ((rezonodwes.com))–L’ancien chef de l’État, abattu à l’âge de 53 ans par un commando armé incluant des policiers haïtiens, selon des informations relayées par la presse colombienne, sera enterré vendredi dans sa région natale, non loin du Cap-Haïtien, chef-lieu du département du Nord. La deuxième ville d’Haïti s’est réveillée jeudi dans le calme. Cependant, en fin de journée, la veille des services funéraires, des heurts ont éclaté en raison de la présence sur les lieux du directeur général de la police nationale, Léon Charles.
Pour sa part, le chef de la police a été hué alors qu’il inspectait le dispositif de sécurité mis en place pour les funérailles. Il n’a pas participé jeudi matin à la messe de requiem célébrée dans la cathédrale. Les Haïtiens lui reprochent de ne pas avoir su protéger le président Moise, dont l’assassinat a été perpétré en pleine nuit avec la passivité apparente des agents chargés de garder son domicile.
Haïti est en proie à l’insécurité et aux gangs, un fléau qui s’est aggravé pendant la présidence de Jovenel Moise. Sa mort a ravivé les tensions historiques entre le Nord d’Haïti et l’Ouest. Parmi d’autres facteurs, il existe un antagonisme de longue date entre les Noirs descendants d’esclaves dans le nord et les métis, également appelés mulâtres, dans le sud et l’ouest.
Les habitants du Nord rappellent que Jovenel Moise est le cinquième chef d’État venu de la région Nord à être assassiné dans l’Ouest, après Jean-Jacques Dessalines, Cincinnatus Leconte, Vilbrun Guillaume Sam et Sylvain Salnave.
« Cela en dit long sur les habitants du Nord. Ce n’est pas une coïncidence. Pour moi, l’assassinat du président est l’assassinat d’Haïti, de tous les Noirs comme moi, de tous les fils de compatriotes, de tous les oubliés. C’est une lutte des classes« , a déclaré le maire de Cap-Haïtien, Yvrose Pierre.
La cathédrale Notre-Dame-de-l’Assomption de Cap-Haïtien a célébré une messe jeudi, à laquelle assistait l’archevêque Saturné tandis qu’à Port-au-Prince, plusieurs cérémonies d’hommage au président assassiné ont eu lieu au cours de la semaine, notamment mercredi soir au Musée du panthéon national.
L’une d’entre elles s’est déroulée en présence d’Ariel Henry, le nouveau premier ministre de facto, qui a pris ses fonctions mardi en promettant de rétablir l’ordre afin d’organiser les élections dont on connait déjà les résultats.