L’ INTELLECTUEL HAÏTIEN: LA GRANDE DÉPRIME !
Vendredi 31 mars 2017 ((rezonodwes.com))– Il a cessé d’ être cet élément de fierté, de référence aux yeux des siens; et à l’ instar d’ un enfant, il en est tout attristé et cherche désespérément les causes de sa déconfiture. Dans sa quête, il cherche midi à quatorze heures pour s’ expliquer ce malamour.
Porté aux nues jadis, acclamé pour son jargon dont on n’ y comprenait pourtant rien, l’ intellectuel haïtien qui se complaisait dans son rôle de « dieu de l’olympe » qui lui était dévolu, se retrouve aujourd’ hui perdu, acculé, le dos au mur, avec un bilan d’ échecs et pour tout rival « la sottise ».
Il ne paie ni plus, ni moins que Le fruit de son salaire!
Il a trop joué au clown. Il n’a fait de ses connaissances qu’un atout personnel, un secret jalousement gardé qu’ il s’est toujours refusé à transmettre par égocentrisme et narcissisme. Le savoir, il l’ a toujours conçu comme étant simple instrument de domination sociale, sa possession personnelle; et non comme outil de transformation sociale ou de développement de son pays.
Il a ainsi fait fi de la notion de responsabilité que lui confère le privilège du » Savoir ».et aujourd’ hui il en paie le prix; un pays en paie les pots cassés.
Un prix exorbitant, vu que le pays est gravement menacé par la bêtise hissée en critère de « gouvernance ».
La Nature a horreur du vide! Improductif, l’ intellectuel est graduellement remplacé par la « sottise personnifiée, élue ou nommée et sous la bannière de l’arrogance » que confère toujours l’ignorance.
L’ intellectuel haïtien n’ a pas mis ses compétences au service de sa communauté, il s’ en est servi plutôt contre sa communauté, dans son désir obsessionnel de grimper l’ échelle sociale ,d’ arriver au sommet pour mieux avoir le vertige.
Lassée, la majorité miséreuse ayant longtemps investi dans » le savoir » au contraire des élites économiques « rapaces », a cessé de s’ identifier à lui. L’intellectuel a trop cavalé et aujourd’ hui il devient presqu’ une espèce en voie d’extinction, il est désarmé face à la déchéance actuelle que son comportement d’ extra terrestre a pourtant contribué à fabriquer.
Son savoir n’ a pas contribué à amoindrir le fossé existant entre les différentes couches sociales, à faire le pont. Ses connaissances ont plutôt renforcé le système de discrimination » nèg sòt ak » nèg lespri ». Ce dont, il en est encore fier malgré tout. Il assiste impuissant à la montée des analphabètes fonctionnels à la tête du pays. Toujours et encore plongé dans sa « haute science » il se bat contre l » évidence ,cherche encore des explications rationnelles à son déficit de crédibilité et à sa déconvenue.
Il accepte très mal la thèse du ras le bol!Son orgueil en a pris un coup! Crise de système dit il?Bravo! Fin du régime de la représentativité?Bravo!
Nouvel ordre mondial ou le capitalisme, seul maître à bord fait du « recholye » un professeur d’école et de l’illettré un docteur es lettres. car le système uniquement basé sur la convoitise peut opérer automatiquement et sans conducteur? Encore Bravo!
Mais, face au règne de » l’ incompétence actuelle »et au delà de la globalité, un constat s’ impose: l’ intellectuel haïtien a perdu sa crédibilité, ses lettres d’ or dans son incapacité à connecter. Il parle trop pour ne rien dire et surtout adopte ce langage savant qui lui vaut aujourd’ hui d’ être mis au rencart au profit des « stupides » plus aptes à faire passer leurs » stupidités »..
Il n’ a usé ses connaissances que pour perpétuer la domination et comme apparat pour distraire la galerie. Il récolte ainsi d’ un pays qui se meurt sous ses yeux. C’est la déception certaine , la grande déprime pour lui,bardé de titres universitaires et la tête remplie de connaissances théoriques, qu’ il s’ est refusé à adapter à son milieu et mettre en pratique.
Il récolte le fruit de sa moisson! Parallèlement, il souffre d’ un problème identitaire.
S’ il fait partie des couches moyennes, il n’ y appartient pas pour autant. il n’ en éprouve aucun sentiment ‘d’ appartenance.
Il est un continuel auto-stoppeur au bord de la route prêt à monter à bord de n’ importe quel véhicule. Il n’ a pas de destination fixe ,sa formation académique en a fait un nomade .un mercenaire .
Il est inconstant et inconsistant .
Ses services sont à vendre au plus offrant. Sa conviction est liée au prochain poste qu’ il occupera et à on compte bancaire. Il se nie, se renie constamment et comme une girouette change perpétuellement de direction
Il en est aujourd`hui au point d’être considéré comme étant l’ un des grands maux et obstacles au développement de on pays. Il faut toutefois lui reconnaître des circonstances atténuantes.
Le système éducatif n’ a instillé en lui que le désir de réussir personnellement , du sens de la collectivité, il n’ en a aucun. Il se bat contre sa classe sociale.
Il n’ est obnubilé que par le désir de réussir socialement et tous les moyens sont bons pour arriver à Rome.
Issu des couches populaires, du prolétariat, ses parents ,marchands ambulants,paysans,domestiques ont sué sang et eau et ont tout misé sur le » savoir » comme outil de transformation de leurs conditions de vie, l’ intello haïtien en fait l’ outil de ses désirs de luxe et échoue à répondre aux attentes placées en lui.
Il ne croit qu’ à son sauvetage personnel pendant qu’ il partage la même terre que ses compatriotes démunis. Cette terre qui tremble et menace constamment de s’ ouvrir sous ses pieds !
Kathleen Desravines


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