15 novembre 2025
« Sénateurs, montrez que vous êtes utiles »! par Claudy Briend Auguste
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« Sénateurs, montrez que vous êtes utiles »! par Claudy Briend Auguste

Une loi sur la diffamation pour en faire quoi ?  Mais comme vous oubliez si vite, souffrez que je vous rappelle votre inutilité en 1964, votre inexistence de 1963 à janvier 1988, votre absence à la prestation de serment de Jean-Claude Duvalier en avril 1971. Et co-dépositaires, vous n’étiez pas là non plus pour qu’ on vous remette l’écharpe présidentielle nwa e wouj, le 7 février 1986 et la passer au CNG présidé par l’ex-général Henry Namphy. Où étiez-vous ? Absent, dirait Papa Doc, d’une voix nasillarde.



Mercredi 22 mars 2017 ((rezonodwes.com)).- Le Sénat de la République, dissout par François Duvalier, avant la proclamation de la présidence à vie, en 1964, à la libération de la parole, est rétabli dans ses fonctions à la faveur de l’élaboration de la nouvelle Constitution de 1987, quasiment au lendemain du 7 février 1986. La chute de la dynastie des Duvalier devait paver la voie à la deuxième indépendance du pays pour laquelle des milliers d’ Haïtiens ont laissé leur peau dans les geôles de Fort-Dimanche et d’ailleurs, ou bien ont été forcés à l’exil. Du nombre de ceux restés sur le terrain pour combattre la dictature des Duvalier, rares sont ceux-là qui constituent aujourd’hui l’appareil d’État où qui s’affichent en hommes sans scrupule se targuant d’être les co-dépositaires d’une souveraineté nationale souillée par les bottes étrangères. D’ailleurs, la plupart d’entre eux composent avec eux, pour être aujourd’hui ce qu’ils sont devenus, les artisans d’un empire des ténèbres cherchant à museler les gardiens de la souveraineté et de l’intégrité nationales luttant contre la corruption institutionnalisée dans l’administration publique.

En effet, les sénateurs de la 50e Législature en  incluant tous ceux « élus » depuis Martial Célestin, en 1988, à Enex Jean-Charles, en novembre 2016, sans autre forme de procès, doivent ultimement leur existence aux luttes menées par des braves citoyens pour rendre possible en Haïti la liberté d’expression jalousement gardée depuis 1986. Ironie du sort, quelques trois décennies plus tard, ces sénateurs, en votant cette législation dite « loi sur diffamation », dont eux seuls connaissent la profondeur de la partie submergée de l’iceberg, non seulement cherchent à bâillonner la presse, mais aussi veulent remettre en question ces acquis chèrement payés. Cette loi, qui n’apporte aucun soulagement aux maux dont souffre le pays, principalement un système judiciaire très décrié, vise à nous enfermer dans le carcan d’un règlement qui redéfinirait les normes de la corruption où toute dénonciation entraînerait de lourdes sanctions, nonobstant l’incapacité des tribunaux à gérer avec compétence les dossiers qui leur seront soumis.




« Co-dépositaires de la souveraineté nationale», se plaisent-ils à répéter, les sénateurs, quand il revient de « partager les responsabilités » avec l’Exécutif, mais dans l’hypothèse que la date du 15 avril 2017, ne voie pas les forces onusiennes partir du territoire, prendront-ils une résolution susceptible de consacrer définitivement le respect de la souveraineté du pays ? En effet, le 13 octobre 2016, Haïti, dans la tourmente des catastrophes de l’ouragan Matthew, le Conseil de sécurité de l’ONU avait décidé de proroger pour une période de 6 mois, le mandat de la MINUSTAH, soit jusqu’au 15 avril 2017. Ainsi, la mission est-elle parvenue à un effectif actuel réduit, avec 2 370 militaires et 2 601 policiers parcourant encore les routes et les plages haïtiennes. Quel sera le rôle joué par le Sénat, bien avant l’échéance de cette date pour « se montrer utile » ? Ce Sénat, apte à prendre une résolution qui ne verrait pas le jour, n’a pas manqué de fustiger les décisions du ministre de la Justice Camille Edouard Junior, dans le dossier Guy Philippe, sera-t-il mis devant un fait accompli quand c’est le Secrétaire général des Nations Unies qui décide de l’avenir de la  MINUSTAH, après le 15 avril 2017 ?

Maintenant, revenons à la résolution truffée d’hypocrisie et d’incohérence sur « l’Affaire Guy Philippe », une résolution dont l‘effet n’ira pas plus loin que leur petit immeuble situé au Bicentenaire. Les sénateurs ont ajouté à leur actif un autre fait forfaitaire, une loi sur la diffamation. Laquelle suscite déjà de nombreuses controverses avant même que soit tenu le vote des députés qui, par intérêt commun, iront probablement dans le même sens. Toutes les législatures se suivent et se ressemblent, dans leur pugnacité à faire la route en sens inverse où les desiderata du peuple sont clairement définis et exposés. Les sénateurs n’ont pas su se montrer à la hauteur de leur tâche, voulant rabaisser le niveau des débats autour de l’impunité, feignant d’ignorer que Guy Philippe se trouvait déjà en contravention avec les lois haïtiennes.

La « loi sur diffamation», un projet-de-loi qu’avait introduit l’ex-sénateur du Sud-Est Edo Zeny, qui eut, une fois sans inquiétude, à cracher au visage d’un juge, devrait être appliquée par ces mêmes juges envers qui les législateurs manifesteraient peu de respect ou presque pas, puisqu’aucun suivi n’a été fait au moment de l’enregistrement de l’acte. Cette loi tirée en cachette des tiroirs poussiéreux du Sénat de la République, car avons-nous appris, une certaine frange de la société civile nourrissait longtemps le projet de bâillonner la presse. Cette institution, quoiqu’on dise, quoiqu’on pense, est le dernier rempart d’une démocratie qui se cherche. La « loi sur diffamation » qualifiée d’acte d’intimidation, passé au Sénat, qui sera, sans nul doute, le premier fait marquant de l’administration Moise-Lafontant, est un mauvais signe, car ayant pour objectif d’empêcher la dénonciation des actes de corruption ayant cours dans ce gouvernement à sa genèse.

Venir avec une  « loi sur diffamation» est contraire aux prescrits de la Constitution de 1987, que le peuple haïtien, à sa ratification, le 29 mars 1987, voulait être libérale pour un pays qui a vécu trop longtemps sous le joug d’une dictature rétrograde. Encore moins, un pays doté d’une justice moribonde solidaire des plus offrants. Sans vision, les sénateurs pour évoluer en circuit fermé, faire main mise sur l’appareil d’État, s’adjugent le droit d’interdire toute dénonciation de leurs actes malhonnêtes, oubliant que des combattants aux heures difficiles de la nation avaient juré plus jamais un retour au despotisme.




Jusqu’à mardi matin encore, après avoir veillé toute la nuit, des députés, qui défilaient à la tribune, pour se prononcer vaguement et nettement en dehors du contexte, ont annoncé que dans leur circonscription respective, les gens dorment encore à la belle étoile dans le Grand’Sud. N’est-ce pas là aussi un sujet préoccupant pour les sénateurs, s’ils veulent bien se montrer utiles en intervenant sur un projet de loi sur des logements sociaux post-Matthew au profit des victimes de cet ouragan ? Cette chasse au trésor publique a fait oublier aux sénateurs leur devoir de légiférer dans le sens du bonheur de la société, sans chercher à museler la presse, la principale source de renseignements d’une population, le plus souvent bafouée par des promesses électoralistes avec des acteurs ne se souciant qu’à assouvir leur soif d’argent, une fois aux timons des affaires de l’État.

Sénateurs, si vous voulez vous montrer vraiment utiles, concentrez-vous sur des projets d’avenir et de développement durable. Venez avec des lois utiles et nécessaires, car celle calquée sur la « diffamation», personne ne peut prévoir son avenir, ne vous en déplaise. Car les gouvernails du pays sont appelés souvent à changer de main et le sort de ce dernier, tout comme le vôtre qui était hypothéqué en 1963, est scellé. Souvenez-vous que vous devez votre existence aux acquis du 7 février 1986, car ce jour-là, le Sénat de la République était inexistant, et sans vous, les députés, à eux seuls, constituaient l’Assemblée nationale.

cba

1 Comment

  • Jean gregoire 22 mars 2017

    Pour prouver votre maitrise de la langue française vous ètalez des choses qui sont loin de la veritè. Les èvenements d’alors n’ètaient pas issus de ceux là qui se montraient dans les rues puisqu’ils ne sont pas les vrais benèficiaires du changement commanditè de l’extèrieur et prèsentè differemment face aux naifs. Ou ètait tout ce monde 29 ans avant . Pourquoi maintenant et pas avant parce que ce n’est plus utile pour le moment. Ce n’est pas facile à discerner et c’est pourquoi il est si difficile à rèsoudre certains problèmes , car la solution n’est jamais à l’endroit visè.

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