Parlement : Les débats doivent-ils se tenir en créole ou en français?

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Port-au-Prince, dimanche 2017 ((rezonodwes.com))– Deux langues, le Créole et le Français, coexistent sur le territoire national et sont inscrites dans la constitution comme langues officielles. Pourtant, on ne peut parler de bilinguisme en Haiti, puisque la grande majorité de nos concitoyens, unilingues, se retrouvent dans l`incapacité d`utiliser la langue française.




Cette langue, un héritage des colons blancs venus de la métropole française, est pourtant celle qui prédomine dans l`administration publique, les tribunaux et les institutions d`enseignement au grand dam d`une majorité de créolophones qui espèrent, des fois vainement, que leurs enfants pourront, comme ces « grands nègres intellectuels », lancer eux aussi de longues tirades pour épater la galerie dans cette langue considérée comme supérieure.

Mais les rescapés de l`école haïtienne ne sont pas tous logés à la même enseigne bien que cet exercice consistant à s`exprimer en français, douloureux pour certains et moins difficile pour d`autres, est presqu`une obligation pour se faire servir dans les bureaux privés et publics ou pour ne pas se faire dévaloriser dans cette société totalement déphasée.

Au parlement, la situation vire souvent au ridicule.

Du très fougueux sénateur Serge Joseph qui s`est taillé un nom et une réputation avec son célèbre « Ou vont-nous » et les récentes péripéties de Willot Joseph pour lire ou pour répondre à une journaliste étrangère, on ne compte plus les faux-pas de certains de nos parlementaires qui essaient de se hisser à la hauteur de grands orateurs en utilisant une langue qu`ils ne maîtrisent pas, tandis que d`autres, de par leurs bagages linguistiques un peu plus consistants, essaient de démontrer leur supériorité sur la majorité de leurs pairs en tenant des discours creux, ne s`appuyant sur aucune réalité.




Ces vrais faux-débats dans une langue incomprise de l`immense majorité de la population et d`une grande partie des parlementaires placent l`institution dans une situation délicate où ses membres votent des lois et des résolutions mal fagotées, dont le sens des vocables utilisés échappe totalement à ces législateurs,  qui gagneraient beaucoup à s`exprimer en créole haïtien et à se former un peu plus dans l`écriture de cette langue que, somme toute, tout le monde utilise en Haiti.

3 COMMENTS

  1. NOUVEL ARTICLE : « Remarques sur ‘’Le français haïtien, une variété à part entière’’ », par Robert Berrouët-Oriol. Cliquer sur ce lien pour y accéder : http://www.berrouet-oriol.com/linguistique/francais-regional-d-haieti

    ARTICLES APPARENTÉS : –« Le droit à la langue maternelle : retour sur les langues d’enseignement en Haïti » (lien : http://www.berrouet-oriol.com/linguistique/amenagement-creole-et-francais/langues-d-enseignement-en-haieti)

    — « Les grands chantiers de l’aménagement linguistique d’Haïti (2017 – 2021) » [lien : http://www.berrouet-oriol.com/linguistique/politique-linguistique-d-etat%5D

    Voir aussi le sommaire de la mise à jour de mars 2017 du site littéraire http://www.berrouet-oriol.com » en cliquant sur le lien suivant : http://www.berrouet-oriol.com/mise-a-jour

    Bonne lecture !

    Robert Berrouët-Oriol
    Linguiste-terminologue
    Montréal, le 21 mars 2017

  2. Les parlementaires qui n’ont pas été à l’école n’ont pas leurs​ places dans le parlement,ils doivent démissionner et retourner à l’école. Les débats doivent se faire dans les deux langues, c’est à dire le créole et le français.La langue française fait partie intégrante de la nation haïtienne.

  3. Dans la perception de certains haitiens , l’appropriation du francais dans le contexte difficile de la colonisation de la metropole diminuait son importance par rapport au creole, langue nationale priorisee surtout par les haitiens unilingues et parlee par tous les haitiens . Personne n’est proprietaire d’un outil linguistique, Elle est une construction diversifiee ,culturelle et partagee, code commun de differents peuples acquis de maniere differente. Notre pays n’est pas le seul qui soit acquis l’heritage linguistique par la colonisation, donc on ne saurait l’avoir en partage seulement avec la metropole qui aurait des necessites de maitrise d’autres outils linguistiques par rapport meme a l’integration europeenne actuellement. Tous les pays surtout subsahariens ont heritie cette langue par la colonisation, l’opproprient l’utilisent dans les communications quotidiennes . Si c’est reellement la langue priviligiee due systeme educatif, officielle du pays, Elle est partie integrale de notre patrimoine linguistique et culturelle. Cela nous exigent une parfaite maitrise de la langue et la capacite de pouvoir l’utiliser dans toutes les situations de communication a cote du creole et meme la maitrise d’autres langues importantes pour integration caraibeenne et l’universalite linguistique et culturelle. Au moment l’on miserait sur le developpement du creole, on devrait promouvoir le bulinguisme equilibre par la maitrise et l’utilisation des deux langues dans tous les spheres des secteurs mais certaines decisions necessitent une mouvance de politique linguistique pour reduire les perceptions negatives et les jugements de valeurs autour des deux langues qui peuvent etre a la base des cas de prejiges et discriminations. Pour revenir a la question , quelle langue priorisee dans les debats aux parlements ? Je crois que ce devrait etre les deux langues officielles en prenant soin de bien constituer son discours, chacun est libre de s’exprimer dans la langue ressentie la plus apte de faire passer son message avec le meme impact sans aucuns jugements valeurs valable pour toutes les composantes de l’appareil etatique pour le bon fonctionnement des institutions du pays.

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