« Le Billet de la Rédaction »
Les Députés seraient-ils de retour de vacances ? par Claudy Briend Auguste
Rezonodwes, mercredi 19 octobre 2016.- Comme en Haïti, nous appelons rarement un chat un chat et que des dilapidateurs des fonds du trésor public ne sont jamais pris pour des voleurs, mais des intelligents à féliciter, jusqu’à les idolâtrer, il se pourrait aussi que des députés viennent à siéger sans une convocation à l’extraordinaire de l’Exécutif. D’ailleurs, si de telle convocation avait été formellement adressée, elle serait heurtée à des critiques de tout ordre. « Illégal et illégitime » diraient les six honorables juges de la Cour de Cassation.
Ils sont environ une quinzaine de députés, par « amour » pour leur circonscription durement frappée par l’ouragan Matthew, à se constituer en commission, qui disent-ils, pour « venir contrôler les actions du gouvernement ». Un d’entre eux qui chantait durant tout l’été même, à gorge déployée, s’auto-déclare être membre d’une « législature de la rupture ». Rompre avec quoi exactement ! Est-ce le fait d’entrer en fonction un deuxième dimanche de janvier au lieu d’un deuxième lundi de janvier ? Est-ce le fait qu’ils ont bataillé avec Léopold Berlanger pour surseoir sur le rapport d’enquête des « mal élus » ? A leur départ en vacances, avaient-ils pris le temps de renforcer la présidence en Haïti pour éviter que l’Exécutif soit battu en brèche par un pouvoir judiciaire passé à l’opposition ?
Le cyclone Matthew, loin de déranger, semble-t-il, en fait les frais de tous ceux qui jurent de rentrer toujours dans le giron du pouvoir. A quoi sert réellement une constitution de « commission post-Matthew » formée de Députés quand ils sont partis jouir de leurs vacances payées et que la Constitution leur donne droit à la parole qu’au deuxième lundi de janvier 2017. On comprend bien qu’ils sont atteints du virus du civisme et le besoin de sentir utiles, à défaut de n’avoir plus l’opportunité d’infirmer quorum, pour garder plonger dans les tiroirs des projets de lois en souffrance.
Il y a encore un petit jeu auquel pourrait se prêter cette commission de presqu’une quinzaine de députés. Faire le suivi d’une demande des juges de la Cassation, sortis de leur profond mutisme, mardi dernier. En effet, ces Juges suprêmes « souhaitent ardemment que les autorités concernées, au premier chef les présidents du Sénat et de la Chambre des députés prennent leur responsabilité face à ‘ces dérives inacceptables’ de l’Exécutif haïtien ». Ces honorables magistrats de la plus Haute Cour de Justice du pays, le savent-ils que les députés sont partis en vacance jusqu’en janvier 2017 et que le président de la Chambre des députés n’est pas l’assemblée des députés. Idem chez les Sénateurs. Pourquoi vouloir tout le temps à ne pas faire énergie d’analyse sereine ? Du « voyé monté » même chez les sages. Nous qui croyons que l’âge nous conduit à la raison.
Auront-ils peur que le présent leur échappe et qu’ils veulent à tout prix récupérer l’écharpe pour éviter que l’avenir les tourmente, du fait d’un passé peu glorieux dans les actes posés et mal tabulés. Changer de véhicules en plein milieu d’une rivière en crue, ce sera la dernière chose que les dirigeants en haut lieu du pays offriraient aux victimes de Matthew dont la patience a des limites. Nos laxismes en s’amoncelant depuis des décennies, font aujourd’hui ralentir toute intervention urgente et nécessaire pour atteindre les milliers de déshérités déçus, et ce n’est pas une commission de députés qui ont chanté comme la cigale durant tout l’été qui viendront résoudre tous ces problèmes en un jour, surtout ils ne se sentent pas obligés de travailler pendant leurs vacances. Seraient-ils en session extraordinaire ? Convoqués par qui ? Mais attention, cela n’arrive pas chez tous qui disent que plus on a de souvenirs, moins on a de mémoire.
cba

