11 juillet 1825 : Dette de l’Indépendance – Quand la France a extorqué Haïti – et lui doit maintenant $ 28 milliards de dédommagement, indique l’économiste français Thomas Piketty

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la dilapidation des fonds de Petro Caribe par Jovenel Moise, Michel Martelly, Laurent Lamothe, Jean max Bellerive, Wilson Laleau… est la seconde escroquerie commanditée par des nègres contre leur propre pays après celle du 11 juillet 1825…

Le 11 juillet 1825, environ 20 ans après l’assassinat de l’Empereur Jean-Jacques Dessalines, l’espoir d’une récupération socio-économique d’Haïti s’évanouit. A jamais, ce pays ne connaîtra la prospérité et au fil du temps il s’engouffre dans le sous-développement et la misère pour mieux l’orienter vers l’assistanat et hypothéquer l’avenir de ses habitants. Ceux-ci n’ont même pas droit de choisir des dirigeants compétents et crédibles et l’exemple en est bien clair aujourd’hui avec un président indexé de corruption imposé au Palais National, par la force des circonstances et plus qu’il s’affiche comme une nullité, plus il devient arrogant et menaçant avec ses gangs en place pour accomplir les sales besognes.

« La prospérité française construite sur la pauvreté des Haïtiens »

New York 22 juillet 2020 ((rezonodwes.com))–Au lendemain de l’assassinat de George Floyd, des appels ont été lancés en faveur du financement des services de police et de l’enlèvement des statues. La question des réparations pour l’esclavage a également refait surface.

Une grande partie du débat sur les réparations a tourné autour de la question si les Etats-Unis et le Royaume-Uni devraient enfin dédommager certains de leurs citoyens pour les coûts économiques et sociaux de l’esclavage qui persistent encore aujourd’hui.

Mais pour moi (l’auteur), il n’y a jamais eu de cas plus clair de réparation que celui d’Haïti.

Je suis spécialiste des questions de colonialisme et d’esclavage, et ce que la France a fait au peuple haïtien après la révolution haïtienne est un exemple particulièrement notoire de pillage colonial. La France a institué l’esclavage sur l’île au 17ème siècle, mais, à la fin du 18ème siècle, la population esclave s’est rebellée et a finalement déclaré son indépendance. Pourtant, au XIXe siècle, on pensait que les anciens esclaves du pays devaient être dédommagés, et non l’inverse.

Tout comme les séquelles de l’esclavage aux États-Unis ont créé une disparité économique flagrante entre les Noirs et les Blancs américains, la redevance sur sa liberté que la France a obligée Haïti à payer – appelée « indemnité » à l’époque – a gravement porté atteinte à la capacité de ce pays nouvellement indépendant à prospérer.

Le prix de l’indépendance

Haïti a officiellement déclaré son indépendance de la France en 1804. En octobre 1806, le pays est divisé en deux, Alexandre Pétion au sud et Henry Christophe au nord.

Bien que les deux dirigeants soient des vétérans de la Révolution haïtienne, les Français n’ont jamais vraiment renoncé à reconquérir leur ancienne colonie.

En 1814, le roi Louis XVIII, qui avait contribué au renversement de Napoléon au début de l’année, a envoyé trois commissaires à Haïti pour évaluer la volonté des dirigeants du pays de se soumettre. Christophe, qui s’est fait roi en 1811, reste obstiné face au plan exposé par la France pour ramener l’esclavage. Menaçant de guerre, le membre le plus éminent du cabinet de Christophe, le baron de Vastey, a insisté : « Notre indépendance sera garantie par la pointe de nos baïonnettes !

aux yeux de la France, les haitiens sonts des esclaves en fuite

En revanche, Pétion, le dirigeant du Sud, était prêt à négocier, espérant que le pays pourrait payer la France pour la reconnaissance de son indépendance.

En 1803, Napoléon avait vendu la Louisiane aux États-Unis pour 15 millions de francs. Utilisant ce chiffre comme boussole, Pétion propose de payer la même somme. Refusant tout compromis avec ceux qu’il considérait comme des « esclaves en fuite« , Louis XVIII rejeta l’offre.

Pétion meurt soudainement en 1818, mais Jean-Pierre Boyer, son successeur, poursuit les négociations. Les pourparlers continuent cependant à s’enliser en raison de l’opposition obstinée de Christophe.

« Toute indemnisation des ex-colons », déclare le roi Christophe, est  » irrecevable « .

Après la mort de Christophe en octobre 1820, Boyer a réussi à réunifier les deux parties du pays. Cependant, même si l’obstacle de Christophe a disparu, Boyer a échoué à plusieurs reprises à négocier avec succès la reconnaissance de l’indépendance de la France. Déterminé à obtenir au moins la souveraineté sur l’île – ce qui aurait fait d’Haïti un protectorat de la France – le successeur de Louis XVIII, Charles X, réprimande les deux commissaires que Boyer a envoyés à Paris en 1824 pour tenter de négocier une indemnité en échange de la reconnaissance.

Le 17 avril 1825, le roi de France change soudainement d’avis. Il publie un décret stipulant que la France reconnaîtra l’indépendance d’Haïti, mais seulement au prix de 150 millions de francs – soit 10 fois le montant payé par les États-Unis pour le territoire de la Louisiane. Cette somme était destinée à compenser les pertes de revenus des colons français provenant de l’esclavage.

Le baron de Mackau, que Charles X avait envoyé pour délivrer l’ordonnance, est arrivé en Haïti en juillet, accompagné d’une escadrille de 14 pavillons de guerre transportant plus de 500 canons.

Le rejet de l’ordonnance a presque certainement signifié la déclaration de guerre. Ce n’était pas de la diplomatie. C’était de l’extorsion.

Sous la menace de la confrontation, le 11 juillet 1825, Boyer signe le document fatidique qui précise : « Les habitants actuels de la partie française de Saint-Domingue paieront … en cinq versements égaux … la somme de 150.000.000 de francs, destinée à indemniser les anciens colons. »

La prospérité française fondée sur la pauvreté haïtienne

Des articles de journaux de l’époque révèlent que le roi de France savait que le gouvernement haïtien était à peine capable d’effectuer ces paiements, car le total était plus de dix fois supérieur à son budget annuel. Le monde entier paraissait d’accord pour dire que ce montant était insensé. Un journaliste britannique a noté que le « prix énorme » constituait une « somme que peu d’États en Europe pouvaient se permettre de consentir à des sacrifices ».

Obligé d’emprunter 30 millions de francs aux banques françaises pour effectuer les deux premiers versements, personne n’a été surpris par la faillite d’Haïti peu après. Pourtant, le nouveau roi français envoya une autre expédition en 1838 avec 12 navires de guerre pour forcer la main du président haïtien. La Révision de 1838, appelée à tort « Traité d’Amitié » – ou « Traité d’Amitié » – a ramené le montant dû à 60 millions de francs, mais le gouvernement haïtien a été une fois de plus condamné à contracter des emprunts faramineux pour payer le reliquat.

Bien que les colons français aient affirmé que l’indemnité ne représenterait qu’un douzième de la valeur de leurs biens perdus, y compris les personnes qu’ils revendiquaient comme esclaves, le montant total de 90 millions de francs était en fait cinq fois le budget annuel de la France.

Le peuple haïtien a subi de plein fouet les conséquences du vol de la France. Boyer a prélevé des taxes draconiennes afin de rembourser les prêts. Et alors que Christophe s’était employé à développer un système scolaire national pendant son règne, sous Boyer, et tous les présidents qui lui ont succédé, de tels projets ont dû être mis en veilleuse.

De plus, les chercheurs ont découvert que la dette de l’indépendance et la pression sur le trésor haïtien qui en a résulté étaient directement responsables non seulement du sous-financement de l’éducation dans l’Haïti du XXe siècle, mais aussi du manque de soins de santé et de l’incapacité du pays à développer des infrastructures publiques.

Les expertises récentes révèlent en outre qu’avec les intérêts de tous les prêts, qui n’ont été complètement remboursés qu’en 1947, les Haïtiens ont fini par payer plus du double de la valeur des réclamations des colons. Reconnaissant la gravité de ce scandale, l’économiste français Thomas Piketty a reconnu que la France devrait rembourser au moins 28 milliards de dollars à Haïti en dédommagement.

Une dette à la fois morale et matérielle

Les anciens présidents français, de Jacques Chirac à Nicolas Sarkozy, en passant par François Hollande, ont l’habitude de sanctionner, de contourner ou de minimiser les demandes de dédommagement des Haïtiens.

En mai 2015, lorsque le président français François Hollande est devenu le deuxième chef d’État français à se rendre en Haïti, il a admis que son pays devait « régler la dette ». Plus tard, réalisant qu’il avait involontairement alimenté les demandes juridiques déjà préparées par l’avocat Ira Kurzban au nom du peuple haïtien – l’ancien président haïtien Jean-Bertrand Aristide avait demandé une compensation formelle en 2002 – Hollande a précisé qu’il voulait dire que la dette de la France était simplement « morale ».

Le fait de nier que les conséquences de l’esclavage étaient également matérielles, c’est nier l’histoire française elle-même. La France a tardivement aboli l’esclavage en 1848 dans ses dernières colonies de la Martinique, de la Guadeloupe, de la Réunion et de la Guyane française, qui sont encore des territoires de la France aujourd’hui.

Par la suite, le gouvernement français a démontré une fois de plus qu’il comprenait le lien entre l’esclavage et l’économie lorsqu’il a pris sur lui d’indemniser financièrement les anciens « propriétaires » de personnes réduites en état d’esclavage.

L’écart de richesse racial qui en résulte n’est pas une métaphore. En France métropolitaine, 14,1 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté. En Martinique et en Guadeloupe, en revanche, où plus de 80 % de la population est d’origine africaine, les taux de pauvreté sont respectivement de 38 % et 46 %. En Haïti, le taux de pauvreté est encore plus élevé, à 59 %. Et alors que le revenu annuel médian d’une famille française est de 31 112 dollars, il n’est que de 450 dollars pour une famille haïtienne.

Ces écarts sont la conséquence concrète du détournement du capital de travail de générations d’Africains et de leurs descendants.

Et parce que l’indemnité versée par Haïti à la France est la première et la seule fois qu’un peuple anciennement asservi a été contraint d’indemniser ceux qui l’avaient autrefois asservi, Haïti devrait être au centre du mouvement mondial de réparation, ak ki prezidan pa ak Jovenel Moise an tou ka, ce domestique et esclave mental des temps modernes.

sources :
Marlene Daut is Professor of African Diaspora Studies at the University of Virginia.
– Gallica – Le Moniteur et le Code des colons
– Consultation de MM. Dalloz, Delagrange, Hennequin, Dupin jeune et autres … Dalloz, Désiré

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