16 octobre 2025
Privert : La tentation du retour au passé! par Clarens Renois
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Privert : La tentation du retour au passé! par Clarens Renois

La tentation est bien présente et le réflexe bien vivant. Le passé souvent nous attire. Elle nous fait signe parce que en Haïti nous oublions vite. Hélas, trop vite ! Au lieu de se projeter en avant, de préparer l’avenir nous restons scotchés au passé comme une pièce de monnaie à un aimant.




Depuis trente ans, le pays se débat contre une tentation du retour au passé caractérisée par la persistance des vieilles pratiques rétrogrades, des vieux réflexes anti-démocratiques (1957-1986) et des années tumultueuses (1986-2016) de l’ère post-Duvalier où l’arme de la division a été trop souvent utilisée par les dirigeants politiques pour chercher à se perpétuer au pouvoir. Or la division est l’ennemi numéro un de la démocratie tout comme la tentation du pouvoir hégémonique est un poison violent pour un système politique moderne. Nous devons donc œuvrer ensemble sereinement afin de rendre impossible cette tentation du retour au passé.
L’égalité des droits politiques, le pluralisme des opinions et le respect du vote des citoyens sont les caractéristiques du mode de pouvoir dans une démocratie. Voilà pourquoi, Haïti doit faire en sorte de normaliser et organiser la vie politique de telle sorte que nous arrivions à imprimer un rythme de vie (élections, passation, alternance) qui soit profitable à l’économie et au développement durable. Car, Haïti ne peut pas se permettre de revenir tout le temps à « des temps morts », à des moments de transition qui ne font ni avancer politiquement ni progresser économiquement.




Nous avons besoin, et nous devons encourager l’émergence sur la scène politique d’acteurs aptes à s’approprier des vertus de la démocratie, c’est à dire : la tolérance, la volonté de la cohabitation pacifique, la justice et la réconciliation. Nous avons besoin de rétablir des liens de solidarité entre les couches sociales, économiques et politiques afin d’améliorer les conditions de vie pour chacun de nous. Le régime démocratique dont nous avons besoin en Haïti, c’est celui qui nous mettra dans la situation d’être capable de mettre en avant ce qui nous rassemble et travailler à corriger ce qui nous divise.
Nous avons besoin de montrer, de démontrer cette capacité à construire ensemble une société plus harmonieuse et mieux organisée. Il est donc nécessaire de renforcer les institutions qui aujourd’hui tendent à disparaître et se décrédibiliser. Je refuse de croire que le Parlement, pièce maitresse de la démocratie, doit être contrôlé et manipulé par des forces d’argent et d’influence étrangère. Les parlementaires, sénateurs et députés, ne doivent pas donner l’impression qu’ils profitent de leurs positions uniquement pour s’enrichir, exiger des postes gouvernementaux en oubliant leur principale mission. Le corps législatif est une des chevilles ouvrières de la démocratie, il est indispensable pour l’équilibre de celle-ci. En tant que tel, il doit travailler à préparer l’avenir en pansant le présent et en corrigeant le passé. Il doit se situer dans le sens du développement et de la solidification de la démocratie et non agir pour l’affaiblir. Or, ce qui nous est donné de voir et d’entendre depuis quelques années n’est ni rassurant ni prometteur.




Il est donc indispensable que nos élus s’élèvent à cette hauteur qui fera d’eux de vrais Hommes d’état.
Depuis le 14 février, un régime provisoire est installé en Haïti en panne de dirigeants légitimes. Un nouvel épisode de la longue transition que le pays subit comme un chemin de croix. Les élections qui devraient être organisées pour favoriser l’arrivée d’une nouvelle équipe de dirigeants à tous les niveaux de l’administration, ont débouché sur une crise politique grave. Si cette crise n’est pas bien gérée, elle risque de nous emporter dans l’abime de la division et dans la mise sous tutelle dans une forme ou dans une autre. Les signes sont déjà là.
Il faut être aveugle pour ne pas voir que la crise électorale n’aura pas d’issue heureuse pour le pays. Il n’y a aucune façon de voir la vérification de l’élection du 25 octobre et celle du 9 aout 2015, pourtant aujourd’hui indispensable et incontournable, déboucher sur un climat politique apaisé, pacifié. Les menaces de l’éclatement social sont évidentes, plus que jamais.
Le président Jocelerme Privert devrait s’évertuer à donner au pays l’opportunité de mettre un terme à cette perpétuelle transition en proposant aux protagonistes de la crise électorale de signer une trêve et un pacte de vivre ensemble. Il n’est pas dans cette voie. Or ce que nous constatons, c’est la démarche d’un président provisoire, placé pour une période de transition au reste définie dans un accord, qui s’emploie à réhabiliter une tendance politique en se livrant à une véritable chasse aux sorcières.
Celui qui avait donné l’impression qu’il agirait en président de l’austérité en révélant, dès le lendemain de son arrivée à ce qui reste du palais présidentiel, que les caisses publiques étaient vides, est en train d’agir dans le sens contraire. En deux mois, le président Privert a fait des nominations à tour de bras. Plus qu’aucun chef d’état avant lui. Qui pis est, il fait ce que l’opinion reprochait à son prédécesseur. Il est en train de surcharger l’administration en distribuant des postes dans tous les sens c’est comme tirer à hu à dia ; en nommant des directeurs généraux adjoints par-ci par–là, imposant une charge trop lourde aux maigres ressources de la république.
Ce ne devrait pas être la mission du président provisoire. Il devrait profiter de cette opportunité historique qui lui est offerte pour s’atteler à la grande tache de la réconciliation nationale en mettant tous les secteurs ensemble, notamment les protagonistes de la crise électorale et les porter à enterrer la hache de guerre et fumer le calumet de la paix. Le chemin qu’il emprunte depuis deux mois peut nous conduire au pire. A un retour au passé.

Clarens Renois
Coordonnateur national UNIR/AYITI-INI (publié au Nouvelliste)

3 Comments

  • Registre theodore 1 mai 2016

    Felicitation mon frere

  • Sergo Alexis 1 mai 2016

    Tout à fait d’accord avec Clarens Renois. Je soutiens Privert pour les vérifications mais je considère que c’est une absurdité pour un gouvernement dit provisoire de se mettre à faire de nominations à tort et de travers. Et même si ce gouvernement n’était pas provisoire cette quantité de nominations qu’il a faite ne correspond pas à une bonne gestion des affaires publiques.

  • louis lespoire 2 mai 2016

    Vous avez parler d or Mr Renoi …
    C domage que nous avons afaire a du monde qui ne sait pas entendre raison.
    On est encore rendu dans nos meurs a ces epoques ou la seul raison est celle du plus fort …on eprouve un plaisir a triompher au detriment des autres au lieu de prioriser l interet colectif …
    Mais ne desesperons pas …. tout autant qu il yaura du monde a parler comme vous il y a espoire …
    Haiti pap peri …gader pou we !!!

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