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par Carly Dollin
Vertières, placardé noir sur blanc dans le dictionnaire français, représente la victoire de la lumière sur les ténèbres, de la vérité sur le mensonge, de la justice sur l’injustice et de la transparence sur l’opacité et l’occultisme.
Les vrais combats se remportent d’abord dans les esprits, dans les mots, dans la culture. Un être, une culture ou un pays sont véritablement morts lorsqu’on oublie, de bonne ou de mauvaise foi, de faire référence à leurs œuvres, à leurs noms, à leurs merveilles accomplies. Voilà pourquoi des philanthropes telles que Martin Luther King, Nelson Mandela, Mahatma Ghandi et Mère Theresa ne rendront jamais l’âme. Par leurs excellentes œuvres intemporelles et universelles de défense de la justice, de la paix et de l’amour, ces icônes et ces figures emblématiques chatouillent les cœurs, transcendent les cultures et les mœurs ; elles bouleversent les paradigmes et les idéologies. Ces êtres divins, ayant cohabité auprès des mortels pendant quelques décennies de leur périple sur terre, continuent de vivre éternellement dans les esprits et dans les relations et coopérations fraternelles.
Brillant académicien, siégeant depuis 2014 au deuxième fauteuil de la prestigieuse institution du Quai de Conti, officialisée en 1635 par le cardinal de Richelieu, Dany Laferrière a encore rehaussé l’image de la Première République Noire indépendante du monde en persuadant ses pairs d’entrer le mot VERTIERES dans le dictionnaire français, en février 2019. L’académicien Haïtiano-Canadien a déclaré sur RFI que Vertières est ce « petit lieu qui a vu la seule et vraie révolution nègre » où l’esclave a réussi à chambarder toutes les valeurs du colonialisme établies, pour devenir citoyen. Cette exquise victoire de la dialectique et de la culture, initiée par cette sommité haïtienne de la littérature moderne, restera gravée dans les annales de l’histoire. Et, plus que cela, elle constitue un déclic, un point saillant pour animer et raviver les débats objectifs pour entreprendre les démarches et les actions relatives au remboursement de la dette de l’indépendance imposée injustement à Haïti par le roi Charles X, en 1925, vingt-et-un an après une liberté acquise au prix du sang. Pour parvenir à la concrétisation de son sinistre projet de rançonnement, le roi Charles X proférait des menaces crédibles d’invasions barbares, pour transformer à nouveau, la vie paisible régnant à l’ancienne colonie, en un véritable film d’horreur, plus affreux et plus monstrueux qu’avant. Face à l’orgueil chtonien et belliqueux du roi Charles X, le président haïtien d’alors, Jean Pierre Boyer, était obligé de céder en acceptant les conditions arbitraires ordonnées par les prédateurs de la métropole Française.
Haïti insultée, humiliée et rançonnée par la France à cause de son indépendance
Pendant plus de deux cents ans, la France a utilisé, de manière intéressée, tous les stratagèmes pour enterrer l’apothéose de Vertières dans le cimetière des oubliettes de l’histoire. Au lendemain de la chute de la robuste armée de Napoléon Bonaparte, la France et ses alliés ont ostracisé et marginalisé la première nation noire libre du joug de l’esclavage. L’acte de l’indépendance d’Haïti a été qualifié par les colons de jadis comme une anomalie, un défi et une menace. Car ils craignaient que cet exploit des nègres d’Haïti ne constituât un « mauvais exemple » pour les autres colonies de l’époque en leur indiquant les avenues d’un monde de justice et de fraternité. L’aspect du crime économique et financier constitue un enjeu plus important pour la France d’occulter les histoires cachées derrière le phénomène de Vertières, absent dans les dictionnaires et les encyclopédies jusqu’à janvier 2019, nous a révélé l’écrivain Claude Ribbe.
Restitution de la dette, une plaidoirie tenue par tous les esprits avisés.
Longue et diversifiée est la liste des beaux esprits animés, sans équivoque, par le sens de l’équité, la liberté et la justice pour réclamer la restitution de la dette[1] de l’indépendance versée arbitrairement par Haïti sous les pressions verbales et écrites d’agressions cruelles et sanguinaires du roi Charles X en 1825 pour incendier, décapiter et exterminer les hommes, les femmes et les enfants échappés aux meurtriers affrontements du 18 novembre 1803.
On ne peut louper de réitérer l’immense gratitude exprimée constamment avec exaltation et enthousiasme par Christiane Taubira devant les exploits de nos ancêtres. L’ancienne garde des sceaux du gouvernement de Jean-Marc Ayrault a été fascinée, éblouie, et envoûtée par les prouesses des negres face à une armée napoléonienne garnie, jusqu’aux dents, de bourreaux, d’assassins et de tortionnaires équipés de fusils, de guillotines, d’une forte artillerie et de munitions pour humilier, mutiler, amputer et décapiter à la moindre désobéissance et à la moindre erreur. Le professeur d’histoire à l’Université de Sherbrooke, Jean Pierre Le Glaunec[2], s’évertue depuis des années à lever le voile sur la machine de propagande et d’occultation de la bataille de Vertières. Conférences, livres, interviews, le professeur québécois utilise multiples approches pour prendre le contre-pied de la velléité de l’Hexagone à reléguer aux oubliettes l’illustre histoire de Vertières. En mai 2018, le fondateur du puissant média en ligne Média Part, le français Herve Edwy Plenel a interpellé la conscience de la France à restituer[3] les vingt et un milliards de dollars prélevés injustement à Haïti pour avoir osé rompre avec les pratiques esclavagistes. . Le célèbre journaliste a soutenu : « Ce qu’a fait le peuple Haïtien, avec son bonheur et ses malheurs, est une histoire immense, une histoire qui parle des défis du monde du 21e siècle aujourd’hui, une histoire qui pose au monde des questions de justice, d’égalité et de principes qui sont toujours valables. La dette qu’a dû payer Haïti pour avoir défendu l’égalité des hommes et le droit à la justice, la France doit la rembourser, quelques soient les conditions. C’est une question de principe ».
Pour rester cohérente dans sa démarche de promotion de la Déclaration des Droits de l’Homme et pour mériter sa place dans le concert des nations modernes, en plus des voyelles et des consonnes composant le vocable « Vertières », l’Hexagone doit reconnaitre les tortures, les cruautés et les injustices qu’elle a causées à Haïti et elle doit prendre les dispositions pour lui restituer la dette de son indépendance décrochée au prix fort le 1er Janvier 1804.
Carly Dollin
carlydolin@gmail.com
[1] https://www.lemonde.fr/ameriques/article/2010/08/16/un-appel-pour-que-la-france-rembourse-a-haiti-la-dette-de-son-independance_1399330_3222.html
[2]https://www.amazon.com/Larm%C3%A9e-indig%C3%A8ne-d%C3%A9faite-Napol%C3%A9on-French-ebook/dp/B00MEMBCIG
[3] https://rezonodwes.com/un-celebre-journaliste-francais-reclame-la-restitution-de-la-dette-de-lindependance-dhaiti/
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