Haiti : Le tourisme rural permet de valoriser pleinement le potentiel des communautés

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Par Abner Septembre

Samedi 28 octobre 2017 ((rezonodwes.com))– Le tourisme rural peut se définir comme : « un tourisme qui se pratique en dehors de l’espace urbain ou de la ville, qui s’appuie sur les atouts naturels et culturels du milieu rural, dans une démarche tant de rapprochement social valorisant (en termes de proximité, de respect mutuel et d’apprentissage) que de consommation responsable, garantissant des retombées directes pour la population locale, tout en étant respectueuse de ses valeurs et de l’environnement. »




Vu sous cet angle, on peut inclure dans le tourisme rural différents types d’activités touristiques dont certaines, selon De Sousa Santos et al., « se rapportent plutôt à des pratiques tandis que les autres se réfèrent plus à des valeurs » [Marie-Andrée Delisle et Louis Jolin, p. 40]. Dans le premier cas, il s’agit par exemple de l’écotourisme, de l’agritourisme, du tourisme culturel, du tourisme religieux, du tourisme éco-montagne. Quant aux valeurs, on peut citer entre autres le tourisme responsable, solidaire, écologique, ou communautaire.

En cela, notre analyse s’attèle à répondre à ces deux questions : i) le tourisme rural peut-il être un outil efficace au service du développement durable des communautés ? ii) Comment habiter ou plus globalement aménager le milieu rural pour qu’il se prête bien au tourisme ?

Le tourisme en Haïti : enjeu fort, notion faible

Pour aborder cet aspect, partons d’un cas connu. Le Gouvernement de la République populaire de Chine a décidé de promouvoir le tourisme rural comme instrument efficace de lutte contre la pauvreté. L’objectif est clair : « extraire de la pauvreté, d’ici 2020, 17 % des populations démunies du pays ». De manière plus ciblée, il s’agit d’atteindre à l’horizon 2020 : a) trois millions d’entreprises de tourisme rural, b) deux milliards de visiteurs annuels, c) deux millions d’habitants des zones rurales chinoises qui sortent de la pauvreté chaque année, d) des estimations de recettes de l’ordre de plus de mille milliards de yuan (RMB), au profit de 50 millions d’habitants des zones rurales [OMT, Communiqué de presse, PR No. 16017, Madrid (Espagne) le 1 Mars 2016].

A l’horizon de 2030, Haïti a l’ambition de devenir un pays émergent. Dans les documents stratégiques et programmatiques, le tourisme est cité comme étant l’un des piliers de croissance. Toutefois, le tourisme rural ne semble pas faire partie de cette démarche. Il y a un




discours très timide, mais sans réelle volonté politique. Absence d’actions d’envergure, comparativement à ce qui se passe au niveau du tourisme conventionnel où le gouvernement accompagne les acteurs, leur accorde des avantages et fait de la promotion pour attirer des investissements. Dans le Forum sur la compétitivité et l’investissement (FCI), ni les organisateurs ni le Ministère du Tourisme (MDT) n’ont pensé à mobiliser un représentant du tourisme rural pour être aussi l’un des panélistes à la session du 21 septembre 2017 sur le tourisme et la culture, au Centre de Convention de la Banque de la République d’Haïti (BRH).

En outre, il n’y a rien qui correspond au tourisme rural dans le Plan directeur du tourisme, ni dans le Plan Stratégique de Développement d’Haïti, encore moins dans le budget de la République, qui fait aujourd’hui l’objet d’un grand tollé, sans que l’intérêt du milieu rural ne soit explicitement pris en compte. Le milieu rural est traité en parent pauvre. Il patauge dans un environnement dégradé et accuse un niveau de chômage et de précarité élevé. Aussi, dans la Carte de la pauvreté en Haïti, n’est-il pas dit clairement que « La pauvreté est rurale ».

Potentiel touristique du milieu rural en Haïti

Il existe dans le milieu rural en Haïti un potentiel touristique extraordinaire non encore mis en valeur, aussi bien dans les plaines que dans les montagnes, et surtout que l’on ne retrouve pas dans les villes. Mentionnons entre autres les exploitations agricoles et l’élevage, deux volets importants de l’économie rurale, mais aussi les vestiges de plantations sucrières, d’habitations caféières et de forteresses, les grottes que le paysan appelle « Twou ying ». Sur le plan culturel, il y a la musique, la danse, le savoir-faire culinaire ancestral, transmis sur le tas de génération en génération, ainsi que des rituels ou cérémonies de prières, des fêtes religieuses, et tout ce qui porte Damien François à considérer le milieu rural comme un véritable «laboratoire ethnologique avec sa religion, le Vaudou, sa langue épicée de proverbes, de contes, de devinettes, sa médecine», [Foire de la Montagne, Vallue 2004].

La montagne, en particulier, constitue un vrai cadre de villégiature accueillant. Des paysages très variés par la physionomie et la composition floristique, des vues imprenables, l’air pur et vivifiant dans ses montagnes, les rivières et cascades pleines d’enchantement, le calme et le concert des musiciens de la faune à la tombée

de la nuit, la magnificence de la lune et les constellations d’étoiles dans le ciel, les petits chemins serpentés bordés d’herbes recouvertes de rosée scintillant sous l’effet des premiers rayons de compère général soleil, et tant d’autres richesses naturelles exposées à la contemplation humaine, constituent autant d’attraits qui font tout la différence. C’est un vrai




cadre d’évasion et de ressourcement, avec sa capacité d’impressionner par l’hospitalité coutumière et le naturel du paysan, d’émouvoir, d’apaiser, d’inspirer, et de communiquer des vibrations fortes, ainsi que de rendre conscients des limites de nos connaissances, comme l’enseigne le dicton créole «dèyè mòn gen mòn».

C’est en outre dans nos montagnes que l’on trouve un certain nombre d’espèces végétales et animales dont certaines sont connues pour leur vertu médicinale, alors que d’autres sont endémiques. C’est cet environnement pluriel, grâce aux différents microclimats générateurs d’une grande biodiversité, qui fait considérer Haïti comme une fabrique d’espèces au niveau de la Caraïbe [MDE, TDR Journée portes ouvertes, 21 mai 2016]. C’est ce patrimoine riche et diversifié qui prédispose le milieu rural à être, d’après François Damien, «des points de chute extraordinaire pour le touriste en quête d’exotisme et de sensationnel».

Un atout pour le tourisme haïtien

Nous sommes dans un contexte caribéen, dominé par le soleil et la mer. Dans cette région, il existe des géants du tourisme conventionnel qui en font, à travers des enclaves balnéaires et des resorts, leur point fort. Haïti, avec ses nombreuses contraintes ne pourra en aucun cas faire tout de suite une compétition frontale, voire rafler sur ce terrain autant que certains d’entre eux, dont la performance se chiffre à plus de 5 millions/an d’arrivées de touristes internationaux ou à un taux de croissance de + 7% [OMT, PR No. 16033, Madrid (Espagne) le 6 Mai 2016]. En attendant que le vent devienne favorable, Haïti a intérêt, non seulement à accentuer un tourisme fondé sur d’autres atouts qui feront toute la différence, mais aussi à soutenir le tourisme rural à forte charge expérientielle et à fort impact communautaire, tout en rendant le tourisme haïtien intégré à l’économie nationale. Dans « Etude diagnostic d’intégration du commerce (EDIC) – Haïti », il est reconnu que « contrairement aux autres pays des Caraïbes, l’impact du tourisme sur l’économie et la pauvreté est limité à Haïti » [p.26]. Aussi, est-il recommandé au Ministère du tourisme de « rechercher un tourisme plus inclusif, qui accroit les retombées pour les pauvres, … » [p.11]

Le moment s’y prête bien. Sur le plan international, le tourisme de l’intérieur devient un exutoire pour accompagner l’engouement pour le voyage hors des enclaves balnéaires ou des resorts. Le besoin social de vivre de nouvelles expériences et les grands défis de la planète faisant prendre conscience de notre « avenir commun » orientent le destin du tourisme mondial aujourd’hui. Si l’alerte a été donnée depuis le premier Sommet de la Terre (Rio 1992), c’est plus précisément durant les cinq (5) dernières années que les thèmes retenus par l’Organisation Mondiale du Tourisme (OMT) misent vraiment sur le tourisme communautaire, tout en sensibilisant à un tourisme responsable et respectueux. En baptisant 2017 « Année internationale du tourisme durable pour le développement », l’accent est mis sur un tourisme qui tient pleinement compte de ses impacts économiques, sociaux et environnementaux actuels et futurs, en répondant aux besoins des visiteurs, des professionnels, de l’environnement et des communautés d’accueil. Le message du Secrétaire général de l’OMT, Taleb Rifai, est clair : « Où que vous mène votre voyage, à n’importe quelle période, souvenez-vous de respecter la nature, de respecter la culture, et de respecter votre hôte… VOYAGE, APPRÉCIE ET RESPECTE. »

Tourisme rural et développement des communautés

Le tourisme rural doit être une activité au service du développement intégral des habitants du milieu rural, garantissant tant la

jouissance de leurs droits par l’accès aux services essentiels, que la sécurité alimentaire et économique, ainsi qu’un environnement viable. Le tourisme rural, en particulier l’agritourisme, une valeur ajoutée à l’agriculture et à l’élevage, peut contribuer à la création d’un cercle vertueux permettant d’aboutir à des communautés durables et prospères, en utilisant comme tremplin ces trois piliers : habitat, eau, production (HEP), et comme socle ces quatre (4) éléments : cadre légal, énergie, formation, route (CLEF-R).

On parle de 570 sections communales en Haïti. Dans chacune d’elles, on pourrait concevoir un pôle de vie commune, dit village de développement touristique. Dans une stratégie qui vise en effet à « mettre le pouvoir au service du milieu rural », on pourrait y consacrer par an au moins 10 % du budget de la République. Ce pôle de vie commune serait caractérisé par la présence des services publics essentiels et un socle qui inclut les quatre (4) paramètres du schéma. Pour cela, il faudrait partir d’une zone où le potentiel touristique existe vraiment, tout en cherchant une synergie avec les plages, afin de garder le touriste ou le voyageur le plus longtemps possible dans la région pour lui permettre de vivre de multiples expériences sur le territoire.

Pour rompre avec la monotonie de la dispersion, il serait implanté par section communale de nouveaux habitats destinés à des jeunes, en vue de les encourager à pratiquer l’agritourisme avec offres de chambres et de tables d’hôtes, tout en développant le « jardin garde-manger1 ». On connait, par exemple, le cas de Vallue. Dans le passé, en ville et en particulier à Port-au-Prince, quand le tourisme haïtien florissait, il y avait le fameux « Bed and breakfast ». Mais, l’expérience n’est pas uniquement haïtienne. On peut citer entre autres le cas de la France (chambre chez l’habitant ou chambre d’hôtes qui se chiffre au moins à 70,000 chambres ou 0.4

  • d’après INSEE [Cité par Marie-Béatrice Mazuc ; 2007 ; p.30]) et du Québec plus connu sous le nom de gîte touristique. On peut viser le même esprit d’accueil chez l’habitant synonyme de proximité, ou d’accueil en gîte touristique communautaire en tant qu’entreprise collective, même si le niveau de confort soit plus modeste ou rustique.

De manière plus concrète et réaliste, on doit prévoir pour les trois piliers un appui moyen de 20,000.00/famille dollars américains, couvrant :

  1. habitat (espace pour la famille avec chambre d’hôte;

  2. eau (citerne familiale);

  3. production(horticole, animale, artisanale, agroalimentaire).

    Dans ce premier registre, on n’a pas besoin de considérer directement toute la population d’une section communale. Une famille qui n’est pas un acteur d’accueil pourrait aussi être un autre type d’acteur par son insertion dans l’un ou l’autre maillon de la chaîne de valeur. Des instruments financiers appropriés devraient être prévus pour insérer cette deuxième catégorie.

L’approche d’inclusion et de participation privilégierait l’appel à propositions de projet d’entreprise, en passant par le Conseil d’Administration de la Section (CASEC). L’Assemblée de la section (ASEC) et la société civile joueraient plutôt un rôle de contrôle et de vigie, à travers ce qu’on appelle le Conseil de développement de la section. Une deuxième voie serait le partenariat public privé communautaire (PPPC) impliquant CASEC/ASEC, Entreprises et Organisations (de type communautaire, religieux, de femmes et de jeunes), assorti d’une dynamique de « vivre et faire ensemble » et d’une approche dite « endonergie2 » pour créer la richesse.

Dans les années 70, Haïti avait beau vouloir être le Taïwan de la Caraïbe. Aujourd’hui, pourquoi ne chercherait-elle pas à ambitionner comme la grande Chine de faire du tourisme rural un levier de développement des communautés rurales ? Une telle stratégie permettrait de sortir de l’ornière, par plan quinquennal qui correspondrait du coup à un mandat présidentiel, au moins 15 % des populations démunies du pays. Elle constituerait une pièce maîtresse capable de contribuer à faire d’Haïti, à l’horizon de 2030, un pays émergent.

Plusieurs initiatives privées comme celles des Cayes (Jardin Botanique des Cayes), de Fond Jean Noël (Route du Café), de Saut d’Eau (Festival Lamercie), de Fonds Parisien (Parc Quisquéya), de Sainte-Suzanne et de Vallue, entre autres, témoignent de l’existence d’une vitalité réelle au niveau de la filière. L’Etat haïtien a intérêt à épauler et à encadrer le tourisme rural pour qu’il développe son plein potentiel.

Par exemple, l’expérience actuelle de Vallue montre que, en dehors de sa capacité à générer des revenus additionnels pour divers groupes d’intérêt au niveau des communautés d’accueil, le tourisme rural est facteur de rapprochement social valorisant entre citadins et paysans. Il est un outil de nouvelle mise en valeur de certains pans de la tradition, du patrimoine matériel et immatériel jusque-là non exploités dans une démarche de création de richesse. De plus, il est facteur d’enracinement identitaire qui favorise la fierté et la confiance en soi ou un nouveau conditionnement mental pour produire, tout en servant de prétexte pour protéger l’environnement et conserver le patrimoine historique, architectural, culturel et naturel, etc.

Il est facteur d’appropriation, de réinvention et d’aménagement du territoire. Son essor de façon massifiée pourrait contribuer à la diminution de l’exode rural, voire au désengorgement des villes et à la réduction de la fuite des cerveaux et des capitaux. Le jeune, par exemple, découvre qu’il lui est possible de se construire et de changer sur place son propre statut et celui de sa famille. Il se ferait aussi facteur de stabilité et de productivité, donc capable de contribuer à la compétitivité d’Haïti, en améliorant le pouvoir d’achat du citoyen, en changeant son regard, sa perception et sa conception du monde et de la vie, créant chez lui l’envie de voyager ou de devenir lui-même un touriste.

Ainsi, Emmanuel Charlot, un paysan pure laine, a déjà le réflexe touristique. Il dit qu’il a la meilleure terre, parce que celle-ci a une belle vue. Faniel Laurent planifie de prendre son congé après avoir passé un temps à fournir des services de tour guidé dans son entreprise « Musée Végétal de Zamor».

Au terme du marché villageois animé du 5e Festival du Tourisme Eco-Montagne, la communauté de Château est non seulement fière de son succès, mais découvre aussi une nouvelle voie pour bâtir ensemble l’avenir. Par ailleurs, la Foire de la Montagne de Vallue déjà à sa septième (7e) édition, portée par l’Association des Paysans de Vallue (APV), est un rendez-vous attendu au même titre qu’une fête champêtre ou patronale. Elle mobilise entre 4,000 et 6,000 visiteurs et touristes, paysans et citadins, haïtiens et étrangers. C’est un vrai marché et une vitrine pour les produits des paysans et la vie en milieu rural, mais en même temps, un lieu de sensibilisation sur l’importance de la montagne et sa fragilité. Le tourisme rural change aujourd’hui la dynamique sociale à Vallue et augmente sa valeur ou son prestige. Un paysan de Vallue qui va ailleurs et dit qu’il vient de là est souvent perçu comme une « personne bienheureuse ».

Des personnes pour le vivre

Il est heureux de constater l’émergence, dans la filière, des dynamiques locales innovantes, dont certaines à l’initiative des membres du Réseau National des Promoteurs du Tourisme Solidaire (RENAPROTS) et d’autres plutôt par des acteurs privés indépendants. On peut citer, par exemple, Les Jardins Banyen THer Muséum portés par l’Hôtel Villa Ban-Yen, un projet actuellement en chantier à Vallue ; un musée végétal à Zamor (Vallue) et un mini musée du café à Fond Jean Noël. Ces expériences montrent que le tourisme rural fait preuve d’une vitalité certaine, porteuse de changement qui apporterait, pour reprendre Fatimata Dia et Eric Poppe « à chacun, au-delà de son espérance de vie, une espérance en un monde meilleur » [Liaison # 95, 2013, p. 4]. Pour aller encore plus loin, elles augurent une révolution culturelle lente, mais qui bousculera les réflexes et les habitudes, pour instaurer une nouvelle ère qui fera voir le milieu rural autrement. Il faut penser que c’est possible et vouloir appuyer une pareille dynamique.

Alors, qu’est-ce qui inciterait l’élite haïtienne (classe « bourgeoise » et classe moyenne) à aller aussi dans les campagnes haïtiennes faire le tourisme rural ? Le nouvel aménagement proposé pourrait y contribuer grandement, en créant un cadre d’accueil approprié. Mais, ce n’est pas suffisant si certaines barrières sociales ne sont pas tombées. Il semblerait qu’il faut être perché sur les épaules de géants qui serviraient de déclencheur. On se rappelle que Jean-Claude Garoute, dit Tiga, un grand artiste plasticien d’Haïti, avait déjà initié dans les années 70 une démarche révolutionnaire avec des paysans de Soisson La montagne. Cette communauté est située dans les hauteurs de Kenscoff (Haïti). Le poète français André Breton, très connu, est venu visiter à Soisson les œuvres picturales de ce mouvement surréaliste appelé « Saint Soleil ». Après son passage, cette communauté paysanne haïtienne a vu affluer tant les élites haïtiennes, incluant le président haïtien d’alors, que des étrangers.

Rentabilité communautaire du tourisme rural

Le tourisme rural est un tourisme combitique inclusif. Beaucoup de gens peuvent s’y intégrer et en tirer avantage. L’intégration est synonyme de redistribution en chaîne du revenu touristique. Tout d’abord, il s’agit d’un tourisme accessible et confortable, par le prix et le bien-être qu’il procure au voyageur. Considérons, par exemple, un séjour dans l’une des options indiquées ci-dessous, incluant chambre, trois (3) repas, visite, animation et achat d’un produit ou d’un souvenir :

OPTION

DESCRIPTION DES SERVICES ESSENTIELS (PRIX EN GOURDES)

TOTAL

CC

REPAS

VISITE

ANIMATION

ACHATS

HTG

US$

1

Chambre d’hôte

1,000.00

1,000.00

400.00

400.00

300.00

3,100.00

50.00

2

Gîte communautaire

1,500.00

1,500.00

400.00

400.00

300.00

4,100.00

66.13

3

Hôtel 2 à 3 étoiles

2,500.00

2,000.00

400.00

400.00

300.00

5,600.00

90.32

Si nous partons de l’idée que la communauté accueille par option 10 personnes (voyageurs/touristes ou professionnels d’institution) pour 2 nuitées, ce qui ferait un total de 30 personnes et 60 nuitées par semaine ou 3 120 nuitées l’an pour 1 560 personnes injectant dans la communauté une moyenne de 214,000.00 dollars américains.

OPTION

DESCRIPTION DES SERVICES ESSENTIELS

TOTAL

Personne

Nuitée

Semaine

Année

Cout

HTG

US$

1

Chambre d’hôte

10

2

1

52

3,100.00

3,224,000.00

52,000.00

2

Gîte

10

2

1

52

4,100.00

4,264,000.00

68,774.19

communautaire

3

Hôtel

10

2

1

52

5,600.00

5,824,000.00

93,935.48

TOTAL

13,312,000.00

214,709.68

Par ailleurs, dans ce type de tourisme, si nous partons de l’hypothèse que les services sont fournis avec au moins 75 % de produits locaux et 80 % de personnel local formé, ce qui resterait dans la communauté équivaudrait au moins à 160,000 dollars américains. Pour une communauté touristique d’une trentaine de familles de 6 personnes/famille en moyenne, le revenu touristique annuel serait d’environ 5,000.00 dollars américains/famille ou près de 14.00 dollars américains/famille/jour.

Ce qui laisserait suffisamment de moyens à une famille pour se nourrir, acheter des services, et devenir solvable pour des crédits court terme lui permettant d’avoir accès à des équipements ou matériels pour améliorer progressivement sa maison et ses services. Ce montant représente avant tout un surplus ou un revenu extra-agricole qui contribuerait certainement à réduire les pressions sur les terres et à améliorer l’environnement en ayant plus d’espace boisé et moins de sol érodé. Ce qui permettrait aussi d’avoir des communautés plus éduquées, conviviales ou sociables et fières, donc viables et ouvertes sur le monde. Ce sera un tourisme bien intégré à l’économie nationale, un catalyseur de la production de  manière diversifiée, apportant cette confiance et cette volonté d’aller plus loin. Celles-ci sont non seulement facteurs de croissance et de développement, mais aussi contribueront à améliorer la compétitivité du pays. Car, selon le professeur Mickael Porter, lors du Forum sur forum sur la compétitivité et l’investissement, la compétitivité est la capacité à être productif et à générer des surplus. Aussi ajoute-t-il, « Chaque citoyen qui ne s’améliore pas va contribuer à rabaisser ce niveau de compétitivité » [Publié le 2017-09-22 | Le Nouvelliste].

Conclusion

Le tourisme rural, un autre tourisme pour Haïti, est possible et, donc, peut être générateur de plus-value sociale, culturelle, économique et environnementale. C’est un instrument potentiellement efficace pour rebâtir et valoriser autrement le milieu rural en Haïti, voire in fine pour édifier dans le milieu rural en Haïti des communautés durables et prospères. Investir dans cette filière serait aussi une manière intelligente de s’adapter aux changements climatiques.

Alors, n’y a-t-il pas lieu de considérer ces expériences innovatrices, en matière de tourisme rural en Haïti, comme une première réponse à l’hypothèse formulée par les organisateurs de l’atelier de la région des Palmes : « La campagne comme la ville est-elle émancipatrice ? » N’y a-t-il pas lieu d’y voir un changement de paradigme et un saut qualitatif qui, par extrapolation, contribuera progressivement à modifier le rapport de dépendance, d’influence et d’exploitation que la ville dominante a toujours entretenu avec le milieu rural marginalisé ? N’y a-t-il pas lieu de croire ou d’espérer que l’émergence d’un rapport d’interdépendance valorisante deviendra plutôt la norme qui ferait une rupture avec cette ablation territoriale qui a toujours marqué les décisions gouvernementales et qui, du coup, impacte le psyché et ponctue le réflexe du citadin? N’y a-t-il pas lieu aussi de penser que l’esprit qui se rattache à ce nouveau cadre expérientiel constituerait une sorte de purgation des préjugés pour édifier en final la « Nation », pour amorcer le « take off » (Rostow) et assurer le développement durable du pays ?

Auquel cas, il est urgent de doter le pays d’une véritable politique publique du tourisme intégral, dépassant ainsi le cadre réducteur de l’actuel Plan directeur, en vue d’y inclure tant le tourisme rural et d’autres zones à fort potentiel, que des mesures incitatives à travers le Code des investissements qui viennent en appui à la production nationale. Ce qui permettrait au tourisme haïtien en général d’être tout à fait intégré à l’économie nationale, de devenir un moteur puissant de création d’emplois et la locomotive ou le fer de lance du développement durable d’Haïti. C’est ainsi dire la chance à saisir par Haïti, afin d’atteindre les 17 objectifs de développement durable (ODD).

Abner SEPTEMBRE

Sociologue, Entrepreneur, Consultant

Spécialiste en développement rural

Promoteur du tourisme éco-montagne

  • Vallue, septembre 2017 / Tous droits réservés +509 3231-8871 / 3420-2091 / absept60@gmail.com

  1. C’est un jardin alternatif attenant à la maison familiale, qui se rapproche de l’horticulture, dans lequel sont cultivées de manière organique plusieurs variétés d’ordre alimentaire, ornemental, aromatique et médicinal, à usage domestique et commercial. Le but est que la famille puisse s’y approvisionner à l’année longue. Il se pratique dans un cadre plutôt organisé et intégré, prenant en compte dans une démarche d’écocitoyenneté les 4 aspects du garde-manger.
  2. C’este une approche qui consiste à aller en profondeur pour capter l’énergie motrice et transformatrice d’une communauté, en vue de la faire renaître de ses cendres. L’accent est mis fortement sur l’éducation et la responsabilisation des acteurs locaux vis-à-vis de leur territoire.

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