« Ayiti pran nan foulay » : ce slogan traduit parfaitement comment la société haïtienne a été trompée par ceux que nous considérions comme les plus sages, les plus grands politiciens ou les intellectuels du pays. Ceux qui prétendaient posséder une intelligence supérieure ont fini par nous prouver que nous étions dans l’erreur.
Les beaux discours dans les stations de radio ou sur les réseaux sociaux ne suffisent pas à confirmer la compétence d’un politicien ou d’un intellectuel. C’est à ce niveau que nous devons établir le distinguo entre être qualifié pour un poste et avoir réellement les compétences pour l’occuper.
Plus de quarante ans plus tard, je comprends que notre système éducatif a trop longtemps produit des fantômes au lieu d’esprits pensants, capables d’apporter des innovations dans les façons de faire et les méthodes de gouvernance. Un dirigeant incapable d’apporter des changements dans sa communauté devrait être reclassé dans la poubelle de l’histoire.
Il est devenu indispensable de repenser l’éducation haïtienne, cette grande usine qui vomit des intellectuels et des politiciens dépourvus de sens de grandeur et d’innovation. Des hommes qui pensent exister seulement lorsqu’ils possèdent un visa. Nous en sommes fatigués : ce type d’homme n’est plus adapté ni à notre époque ni à notre contexte.
Le malheur d’Haïti ne vient pas de loin : il est le résultat de notre naïveté collective. Car une parole sans action n’a aucune valeur. Le Conseil Présidentiel de Transition est venu exposer au grand jour le véritable visage de la classe dirigeante et intellectuelle haïtienne. Le CPT vient de s’écrouler dans la gestion de l’État qu’il critiquait pourtant depuis des décennies.
Pouvez-vous me citer une décision prise en faveur de la masse ? Zéro.
En matière d’innovation, quels résultats ? Zéro.
Finalement, ce sont toujours les mêmes hommes, les mêmes pratiques, donc les mêmes résultats : la société reste immobile et continue de croupir dans la misère.
Alceus Dilson, Communicologue ,juriste .

