4 novembre 2025
Haïti – Mélissa – 43 morts… l’épitaphe d’un État éteint
Actualités Corruption Diplomatie Insécurité|Kidnapping Intempéries Ouragan

Haïti – Mélissa – 43 morts… l’épitaphe d’un État éteint

Tandis que quarante-trois Haïtiens périssent dans la fureur de l’ouragan Mélissa, le chef du Conseil présidentiel de transition s’affiche à Doha, au Sommet mondial pour le développement social. L’intervalle entre le drame national et la mise en scène diplomatique dévoile la faille morale d’un pouvoir sans boussole.

La montée des eaux à Petit-Goâve, les glissements de terrain dans le Grand Sud et l’isolement de plus de trente localités marquent le visage d’un pays livré à lui-même. Quarante-trois morts, treize disparus : les chiffres de l’Agence de protection civile sont déjà l’épitaphe d’un État éteint. La catastrophe naturelle se mue en désastre politique, par absence de coordination, d’abris adéquats et de système d’alerte crédible.

Dans le même temps, le président du Conseil présidentiel de transition, Laurent Saint-Cyr, quitte le territoire pour Doha. Le communiqué qatari parle prudemment d’une rencontre visant à « explorer » des voies de coopération — sans engagement ni protocole signé. Le terme suffit : il traduit la réserve diplomatique de l’émirat, là où Port-au-Prince s’empresse d’annoncer des soutiens fictifs à la sécurité et au logement.

À La Havane, face au même ouragan, le président Miguel Díaz-Canel a choisi l’inverse : il reste sur le territoire, mobilise la Défense civile et délègue son ministre des Affaires étrangères à Doha. La hiérarchie des priorités est éloquente : à Cuba, l’État gouverne dans la tempête ; à Haïti, il voyage dans le vent.

Cette disjonction entre diplomatie et réalité interne traduit la rupture du lien de représentation : comment prétendre organiser des élections générales dans un pays où les sinistrés dorment encore sur les toits ? Le discours électoral, brandi comme signe de normalité, devient insulte : l’urne sans dignité publique n’est qu’un simulacre de légitimité.

Les transitions haïtiennes se succèdent, identiques dans leur myopie : elles exportent des promesses au lieu d’importer des secours. La visite à Doha, sous la bannière d’un sommet social, ressemble à une fuite géopolitique — l’illusion d’une reconnaissance internationale pour masquer la faillite nationale.

Mélissa n’a pas seulement ravagé les côtes ; elle a révélé la profondeur du gouffre institutionnel. Dans le vacarme du vent, le silence de l’État sonne plus fort que la tempête.

cba

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.