30 octobre 2025
Blackwater : l’échec d’Erik Prince en Haïti, un nouveau gaspillage d’argent et de souveraineté
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Blackwater : l’échec d’Erik Prince en Haïti, un nouveau gaspillage d’argent et de souveraineté

Par Alceus Dilson

Juriste et Communicologue 

Un rêve sécuritaire devenu mirage

Annoncée en grande pompe comme une solution miracle à la crise sécuritaire haïtienne, l’arrivée de Vectus Global, société dirigée par Erik Prince, fondateur de la tristement célèbre Blackwater, devait “ramener la paix” et “rétablir l’ordre”.
Mais à peine quelques mois après le lancement du projet, la désillusion est totale : aucun résultat concret, aucun progrès notable. Les zones contrôlées par les gangs n’ont pas diminué, et la population continue de vivre dans la peur.

Un contrat opaque et coûteux

Selon plusieurs sources, Prince aurait signé un contrat de dix ans avec l’État haïtien pour sécuriser le pays et même collecter des taxes aux frontières. Mais les autorités elles-mêmes nient l’existence officielle d’un tel accord.
Aucune transparence, aucun appel d’offres, aucune supervision publique : le projet s’est construit dans l’ombre, comme si la sécurité nationale d’Haïti était une marchandise négociable sur le marché international.

Résultat : des millions dépensés sans audit ni résultats visibles. Une répétition tragique du scénario haïtien — l’argent de la crise qui profite toujours aux étrangers.

Une fausse solution à un vrai problème

Erik Prince a fait fortune dans la guerre privée, pas dans la paix publique.
Son modèle repose sur la violence contractuelle : envoyer des mercenaires, des drones et des snipers pour “pacifier” des zones. Mais Haïti ne souffre pas d’un déficit de balles — elle souffre d’un déficit d’État, de justice et de gouvernance.

On ne reconstruit pas un pays en externalisant sa sécurité à une entreprise privée.
Ce choix, loin de renforcer la souveraineté haïtienne, la dilue encore davantage.

Des effets déjà dévastateurs

  • Méfiance de la population : beaucoup perçoivent la présence de Vectus comme une nouvelle occupation déguisée.
  • Absence de coordination avec la PNH : la police nationale reste marginalisée, affaiblie, sous-équipée.
  • Aucune amélioration mesurable : les routes, notamment entre Port-au-Prince et le Nord, demeurent dangereuses.
  • Bavures possibles : plusieurs ONG s’inquiètent de l’usage de drones et de tirs à distance, sans contrôle juridique clair.

Le Washington Post a même rapporté en septembre 2025 que des drones anti-gang auraient tué des enfants à Simon Pelé, un scandale resté sans réaction officielle.Le vrai combat : reconstruire l’État, pas le privatiser

Erik Prince vend la guerre comme un service, mais Haïti n’a pas besoin de mercenaires, elle a besoin d’un État fort, juste et souverain.
Investir des millions dans une société privée étrangère, c’est ignorer les racines du mal :

  • Une justice paralysée,
  • Une police démoralisée,
  • Des institutions rongées par la corruption,
  • Une jeunesse abandonnée.

Sans réforme institutionnelle profonde, aucune armée privée ne sauvera Haïti.

 Un échec annoncé

Le “plan Prince” en Haïti restera dans l’histoire comme un échec coûteux et humiliant, un nouvel exemple du gaspillage des ressources nationales dans des aventures étrangères sans lendemain.
Sous couvert de sécurité, ce projet aura surtout servi à rappeler que la véritable bataille d’Haïti n’est pas militaire — elle est politique, institutionnelle et morale.“La sécurité n’est pas un service à acheter, c’est un droit à construire.

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