Port-au-Prince, 23 octobre 2025 —
La Primature s’en félicite : Haïti, l’OEA et le Canada unissent leurs efforts pour ériger un Centre de formation tactique censé devenir le cœur d’un nouvel élan sécuritaire national, au moment même où l’on évoque le déploiement éventuel d’une force internationale de plus de cinq mille hommes. Dans son communiqué laconique, diffusé alors qu’un cyclone menace le Grand Sud, le gouvernement de doublure évoque un projet « moderne et durable », destiné à renforcer les capacités des unités spécialisées et à former un corps d’instructeurs haïtiens chargés d’assurer, à terme, une autonomie opérationnelle.
Mais derrière cet enthousiasme diplomatique, une question demeure : sur quel fondement juridique repose réellement cette coopération ? Financé par le Canada et exécuté par l’OEA, le projet s’inscrit dans une logique d’assistance technique rappelant l’ère post-MINUSTAH, où l’État haïtien, bénéficiaire plus qu’architecte, peine encore à définir les mécanismes de gouvernance susceptibles d’encadrer ce nouvel outil de sécurité publique.
Le Premier ministre de facto, Alix Didier Fils-Aimé, saluant un « partenariat exemplaire », y voit un pas vers la stabilité et la gouvernance démocratique. Pourtant, sans loi-cadre ni structure de supervision clairement établie, ce centre pourrait bien n’être qu’une vitrine sans ancrage institutionnel — une ambition sécuritaire suspendue entre coopération internationale et souveraineté inachevée.

