19 octobre 2025
L’Artibonite, nouvel épicentre des déplacements massifs en Haïti
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L’Artibonite, nouvel épicentre des déplacements massifs en Haïti

Port-au-Prince, 19 octobre 2025 (Rezo Nodwes) — La spirale de violence armée continue d’ensanglanter Haïti, où les affrontements entre groupes armés provoquent un exode interne massif. Selon le Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA), plus de 1,3 million de personnes sont aujourd’hui déplacées à l’intérieur du pays, un record historique.

L’Artibonite, région autrefois considérée comme le grenier agricole d’Haïti, est désormais l’un des foyers les plus instables du pays. Dans son rapport de mai 2025, l’OCHA rapporte que plus de 16 000 personnes — soit environ 4 000 ménages — ont fui leurs localités à la suite d’affrontements meurtriers entre bandes armées rivales opérant le long de la route nationale 1, notamment dans les communes de Liancourt, Petite-Rivière-de-l’Artibonite, Estère et Verrettes.

Les violences dans cette région, longtemps dominée par des réseaux criminels liés à des trafics d’armes et de carburant, ont entraîné la destruction de dizaines d’habitations, l’incendie de marchés publics et la fermeture de plusieurs écoles. L’OCHA souligne que ces attaques « ont provoqué des déplacements soudains et massifs », souvent vers des zones déjà fragilisées par le manque d’eau, de nourriture et de services de santé.

Dans les sites d’hébergement temporaires, les conditions sont précaires. « Les familles déplacées s’entassent sous des abris de fortune, sans accès régulier à l’eau potable ni à des soins médicaux », indique un responsable humanitaire à Gonaïves, précisant que la plupart des déplacés sont des femmes et des enfants.

L’Artibonite, qui fournit une grande partie du riz consommé localement, voit aujourd’hui ses activités agricoles interrompues, aggravant l’insécurité alimentaire nationale. Le Programme alimentaire mondial (PAM) prévient que « la désorganisation des récoltes et la fuite des producteurs risquent d’entraîner une nouvelle flambée des prix ».

La capitale n’est pas épargnée. À Port-au-Prince, près de 85 % du territoire reste sous la domination de groupes armés, poussant chaque jour de nouvelles familles sur les routes de l’exil interne.

Au total, 1,3 million d’Haïtiens ont été déplacés depuis le début de la crise, dont plus de 680 000 enfants, selon l’UNICEF. Les Nations unies avertissent que seuls 8,3 % du plan humanitaire 2025 pour Haïti sont actuellement financés, un niveau jugé « alarmant » face à l’ampleur des besoins.

« Sans sécurité, il n’y a pas de reconstruction possible », résume un coordinateur humanitaire de l’OCHA. « Les Haïtiens sont pris entre la faim, la peur et l’absence d’État. »

(/Unocha / OIM / PAM / UNICEF / OPS)

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