Les dirigeants aux passeports dorés
Ils rencontrent empereur, pape, roi et président,
mais dédaignent leur peuple.
Leur sourire s’illumine à l’ombre des drapeaux étrangers,
leurs cœurs battent à l’unisson des hymnes d’ailleurs.
Ils s’émeuvent d’un séisme au loin,
d’une inondation sous d’autres cieux,
et signent des lettres de condoléances
pendant que la terre tremble sous nos pieds.
Leur compassion voyage en business class,
leurs promesses dorment dans les valises diplomatiques.
Ils applaudissent les progrès des autres,
comme si la réussite était un spectacle réservé
aux nations mieux nées.
Pendant ce temps,
les enfants de leurs collines
mangent la poussière du progrès manqué,
les rues avalent les rêves
comme les rivières avalent les ponts.
Le peuple attend … toujours.
Sous le soleil des promesses creuses,
dans la nuit sans électricité,
il sculpte l’espoir à mains nues,
sans outils, sans futur.
Eux,
ils trônent sur des mots vides,
parlent de réformes et d’avenir,
mais leurs voix s’éteignent au premier cri du peuple.
Ils rencontrent empereur, pape, roi et président,
mais dédaignent leur peuple.
Et Haïti, la tête haute malgré tout,
continue d’espérer
non pas un sauveur,
mais un réveil.
Elensky Fragelus