L’ancien parlementaire Hugues Célestin dénonce un projet électoral irréaliste dans un contexte de crise
L’ancien député Hugues Célestin s’est indigné de l’annonce faite par M. Leslie Voltaire de la tenue possible d’élections générales en Haïti, malgré l’exclusion de deux départements du processus. Interviewé mardi matin à l’émission « Invité du jour » sur Vision 2000, il a qualifié de « vulgaire plaisanterie » cette déclaration qu’il juge non seulement irréaliste mais aussi irresponsable au regard de la situation actuelle catastrophique du pays.
Selon M. Célestin, l’organisation des élections avec huit départements sur dix est une aberration qui traduit une ignorance flagrante de la réalité du terrain. « C’est une vulgaire plaisanterie », a-t-il lancé, ajoutant que l’initiative ne reposait sur aucune base sérieuse. L’ancien député a rappelé que même le parti Fanmi Lavalas, auquel appartient Leslie Voltaire, a catégoriquement rejeté la proposition, la qualifiant de « mascarade électorale » et de « référendum bidon ».
Au-delà de l’annonce, M. Célestin s’interroge sur la légitimité du Conseil Electoral Provisoire (CEP) de Patrick St-Hilaire, chargé de superviser le processus et même d’organiser un référendum constitutionnel, mission qui n’est nulle part inscrite dans les actes juridiques de la République. Il s’interroge sur la finalité de cette structure et pointe du doigt une approche qui, selon lui, vise à imposer une « sélection » en 2025 plutôt qu’un processus démocratique transparent.
Pour l’ancien parlementaire, l’urgence nationale ne réside pas dans l’organisation d’élections « pike kole », mais dans le rétablissement de la sécurité. Il rappelle que le mandat principal du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), en place depuis avril dernier, était de rétablir l’ordre avant toute initiative politique. Or, à ce jour, la situation sécuritaire reste toujours précaire et toute tentative d’organiser des élections dans ces conditions serait vouée à l’échec.
« Peut-on parler d’élections quand la population vit sous la menace constante des gangs, quand des régions entières sont sous le contrôle de groupes armés ? » interroge M. Célestin, estimant que la priorité doit être de stabiliser le pays avant toute échéance électorale. Selon lui, précipiter les élections dans ces conditions revient à ignorer les souffrances de la population et à légitimer une crise institutionnelle sans précédent.