11 octobre 2025
Le CEP, une mécanique bien huilée pour l’instabilité en Haïti
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Le CEP, une mécanique bien huilée pour l’instabilité en Haïti

Minute de la Rédaction

CEP : On commence toujours par la case départ

Depuis 1987, après les premières élections avortées, étouffées dans l’œuf par une armée de domestique, comme tous nos autres dirigeants passés et actuels de gouvernements de doublure, Haïti s’accroche à l’illusion d’un Conseil Électoral Provisoire (CEP) – indépendant – qui, paradoxalement, est éternellement provisoire. Un chantier démocratique inachevé où chaque gouvernement de doublure entreprend, avec une prévisibilité désarmante, la quête éphémère d’un CEP fonctionnel.

Pourtant, jamais l’idée d’un CEP permanent ne semble avoir traversé l’esprit de nos dirigeants en transit. La Constitution, accusée d’être « désuette, surannée et inadaptée », mérite, selon certains, à proprement parler d’être amendée. Mais avant d’envisager de la remodeler, de la jeter à la sale poubelle des Tèt Kale et Lavalas, deux entités qui ont flirté ouvertement avec les « gangs Kokorat » et « bandits illegaux G9 », peut-être faudrait-il déjà respecter a la lettre ses prescriptions en matière électorale ?

Là où la Constitution impose un cadre, la réalité impose ses propres lois. La nomination des membres du CEP est un rituel aussi attendu que décrié. Mais attention, le vrai enjeu ne réside pas tant dans la composition de ce Conseil que dans le choix de son directeur général. C’est là que tout se joue. Ce poste stratégique, qui tient entre ses mains le centre de tabulation, devient le véritable arbitre des élections.

Siéger au CEP ? Un simple prétexte démocratique. Tenir les résultats ? Voilà le nerf de la guerre. Men bagal la ! Et comme il se doit, les rumeurs de corruption battent leur plein : on parle déjà d’enchères pour cette précieuse fonction, tandis que les 50 millions de gourdes disparus sous l’administration précédente ajoutentun parfum de scandale à cette mascarade électorale annoncée pour le 11 mai, en souvenir de l’anniversaire de l’arrivée au pouvoir de SweetMicky. Bravo pour ce beau rappel.

Mais au-delà du choix du directeur général, une autre aberration se dessine : ce CEP serait chargé d’organiser un référendum constitutionnel. Une mission qui n’existe dans aucun article, dans aucun principe juridique en vigueur en République d’Haïti. Sur quelle base légale repose cette décision ? Mystère. Pourquoi continuer à précipiter Haïti dans ce bourbier institutionnel ? À qui profite ce chaos organisé ? La Constitution prévoit bel et bien des mécanismes d’amendement, encore faudrait-il qu’ils soient respectés. Ce CEP illégitime n’a ni le droit ni la compétence d’organiser un tel scrutin.

Et pourtant, on persiste, on s’acharne. Le CEP, contesté dès le départ par la manière dont le lavalassien Leslie Voltaire a parachuté ses deux derniers membres – un tour de passe-passe applaudi par le BINUH mais totalement illégal –, s’apprête à conduire Haïti vers une grave crise électorale annoncée. Seulement huit des dix départements du pays, plongés dans un climat de défiance depuis plus de quatre ans, s’apprêtent à voir défiler une farce référendaire dont le résultat est déjà écrit. Un engrenage absurde qui ne fera que perpétuer l’instabilité, nous enfonçant davantage dans cette impasse institutionnelle sans fin. Un pays mis à jaune, une démocratie en trompe-l’œil, un avenir toujours aussi incertain.

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