M. Haynes Miller
Massachusetts Institute of Technology
& MIT Haiti Initiative Project
Boston
Massachusetts
USA
Montréal, le 9 novembre 2024.
OBJET / « L’AFFAIRE MICHEL DEGRAFF » – Courriel responsif du professeur Haynes Miller daté du 8 novembre 2024 en réponse à mon courriel du 7 novembre 2024 relatif à la controverse entre Michel DeGraff et (1) le MIT Department of Linguistics, (2) le Massachusetts Institute of Technology Rectorate et (3) la Linguistic Society of America.
Cher Monsieur Haynes Miller,
J’accuse réception de votre courriel responsif au mien, daté du 8 novembre 2024, et je vous en remercie. Vous avez certainement noté que j’ai eu à cœur d’acheminer mon courriel du 7 novembre 2024, en copie conforme, à plusieurs interlocuteurs oeuvrant dans des institutions universitaires américaines et haïtiennes, ainsi qu’au ministre de l’Éducation nationale d’Haïti.
Sachant que vous êtes, à l’instar de Michel DeGraff, enseignant au Massachusetts Institute of Technology et l’un des fondateurs du MIT Haiti Initiative, dans le courriel que je vous ai adressé le 7 novembre 2024 j’ai proposé d’avoir avec vous une entrevue écrite à propos de la controverse entre Michel DeGraff et (1) the MIT Department of Linguistics, (2) le Massachusetts Institute of Technology Rectorate et (3) la Linguistic Society of America. J’ai clairement précisé que « This interview will give you the opportunity to state very freely (1) your version of the facts you have witnessed and/or been involved in ; it will also be an opportunity to state (2) your analytical view of the position of each of the parties to the controversy, as well as (3) your professional view and personal position on the controversy between Michel DeGraff and the American academic institutions in question ».
Dans votre courriel responsif daté du 8 novembre 2024, vous fermez la porte à ma proposition d’entrevue écrite et vous refusez tout échange, tout débat documenté et public sur un sujet d’intérêt public… Cela est contraire au principe de la liberté académique inscrite dans le document relatif à la liberté d’expression du Massachusetts Institute of Technology, à savoir le « MIT Statement on Freedom of Expression and Academic Freedom ».
Il ne vous a certainement pas échappé que ma démarche traduit très clairement ma volonté de soumettre au débat public, à visière levée, un sujet d’intérêt public : la controverse entre Michel DeGraff et (1) the MIT Department of Linguistics, (2) le Massachusetts Institute of Technology Rectorate et (3) la Linguistic Society of America. Vous n’êtes pas censé ignorer que pareille démarche est conforme au principe de la liberté d’expression inscrite dans les Constitutions américaine, canadienne et haïtienne. Également, vous n’êtes pas censé ignorer que ma démarche est conforme au principe de la liberté académique inscrite dans le document relatif à la liberté d’expression du Massachusetts Institute of Technology, à savoir le « MIT Statement on Freedom of Expression and Academic Freedom ».
En toute rigueur, et pour répondre adéquatement à votre courriel responsif –qui est, je vous le dis tout net, un erratique libelle qui véhicule des clichés et des poncifs à l’aune d’une flagrante et rachitique pensée analytique–, je reproduis fidèlement votre courriel daté du 8 novembre 2024. Et pour ceux qui ne sont pas des locuteurs natifs de l’anglais, je donne accès à la version française de votre courriel daté du 8 novembre 2024. Cela me permettra de d’exposer rigoureusement l’inanité de votre propos, la lourde et encombrante faiblesse des pseudo arguments que vous assumez, ainsi que la myopie volontaire à géométrie variable de votre si faible « argumentaire » en lien avec l’indéfendable « brevet de crédibilité » que vous offrez à Michel DeGraff alors même que, comme vous le savez, il a déjà été l’objet de sanctions administratives prises à son encontre par le Département de linguistique du MIT et par le Rectorat du Massachusetts Institute of Technology. En vertu de ce « brevet de crédibilité », Michel DeGraff n’aurait donc pas de compte à rendre dans le domaine de la lexicographie créole —ses pairs n’auraient pas le droit d’établir un diagnostic documenté sur sa fantaisiste production lexicographique—, et l’on devrait passer sous silence son appui public au PHTK néo-duvaliériste…
–1– Courriel de Haynes Miller, membre fondateur du MIT Haiti Initiative Project. Haynes Miller est professeur émérite de mathématique au Département de mathématique du Massachusetts Institute of Technology. Courriel daté du 8 novembre 2024
« I have no intention of interacting with you about this or about any other matter. For many years you have been attacking the MIT-Haiti Initiative and the constructive and community-based work it has been doing in support of educational opportunities for all in Haiti, while making no meaningful contributions of your own to this objective. The habit of tearing down the constructive work of others is a pathetic and obstructive occupation. For some reason you are engaged in a vendetta against my colleague Michel DeGraff. You have attempted to construct the impression of an affiliation between Michel and a Haitian political party, mimicking the worst ploys of the McCarthy era. This ridiculous obsession has now extended to attacks on him beyond the educational and linguistic sphere to this political issue within MIT.
I know it’s useless to encourage you to engage in more constructive pursuits, but I do so anyway.
Sincerely,
Haynes Miller »
–2– Traduction française du courriel de Haynes Miller daté du 8 novembre 2024
« Je n’ai pas l’intention d’interagir avec vous sur ce sujet ou sur tout autre sujet. Depuis de nombreuses années, vous attaquez l’initiative MIT-Haïti et le travail constructif et communautaire qu’elle accomplit pour soutenir les opportunités d’éducation pour tous en Haïti, tout en n’apportant aucune contribution significative à cet objectif. L’habitude de démolir le travail constructif des autres est une occupation pathétique et obstructive. Pour une raison quelconque, vous êtes engagé dans une vendetta contre mon collègue Michel DeGraff. Vous avez tenté de donner l’impression d’une affiliation entre Michel et un parti politique haïtien, imitant ainsi les pires stratagèmes de l’ère McCarthy. Cette obsession ridicule s’est maintenant étendue aux attaques contre lui au-delà de la sphère éducative et linguistique, jusqu’à cette question politique au sein du MIT.
Je sais qu’il est inutile de vous encourager à vous engager dans des activités plus constructives, mais je le fais quand même.
Sincèrement,
Haynes Miller »
–3– REVUE CRITIQUE DU COURRIEL DE HAYNES MILLER DATÉ DU 8 NOVEMBRE 2024
3.1. Votre première assertion falsificatrice : « Depuis de nombreuses années, vous attaquez l’initiative MIT-Haïti et le travail constructif et communautaire qu’elle accomplit pour soutenir les opportunités d’éducation pour tous en Haïti, tout en n’apportant aucune contribution significative à cet objectif. »
Cher Monsieur Haynes Miller, vous vous livrez à une aventureuse occultation et falsification des faits en assimilant ma démarche analytique à une « attaque » : par ce procédé de la falsification des faits vous tentez de réduire, d’enfermer et de décrédibiliser ma libre critique au périmètre improductif d’une « attaque » contre le MIT Haiti Initiative. Vous évitez ainsi de préciser que ma démarche analytique, qui prend appui sur des documents clairement identifiés et que mes lecteurs ont pu consulter, cible très précisément « Le naufrage de la lexicographie créole au MIT Haiti Initiative » (titre de l’article que j’ai publié en Haïti dans le journal Le National le 15 février 2022). Cet article est le compte-rendu analytique du « Glossary of STEM terms from the MIT – Haiti Initiative » effectué selon le protocole méthodologique de la lexicographie professionnelle. J’ai le souci de vous apprendre que ce protocole méthodologique est enseigné, à l’échelle internationale, dans toutes les universités qui offrent un programme de formation en traduction, en terminologie et en lexicographie. Ce même protocole méthodologique est de rigueur dans l’élaboration des ouvrages de référence que sont les dictionnaires usuels de la langue tels que Le Robert, Le Larousse, le Hachette, Usito, le Littré, etc. (voir l’article de la célèbre lexicographe française Josette Rey-Debove, « Typologie des dictionnaires généraux monolingues de la langue actuelle » paru dans Quaderni del CIRSIL –4 (2005) ; voir aussi son livre de référence « Étude linguistique et sémiotique des dictionnaires français contemporains » (Éditions de Gruyter Mouton, 1971). L’aventureuse occultation et falsification des faits à laquelle vous vous livrez –au motif fallacieux de débusquer une « attaque » contre le MIT Haiti Initiative–, est d’autant plus significative que la lexicographie en tant que discipline de la linguistique appliquée n’est pas enseignée au MIT Department of Linguistics et que celui-ci ne comprend aucun linguiste spécialisé en lexicographie générale et en lexicographie créole.
De manière objective, j’observe que vous, professeur émérite de mathématique, vous ne disposez d’aucune compétence en lexicographie créole, ce qui vous aurait permis de comprendre le bien-fondé de ma démarche analytique du « Glossary of STEM terms from the MIT – Haiti Initiative ». Si d’aventure vous disposiez d’un minimum de compétence en lexicographie générale et en lexicographie créole, vous auriez pu comprendre la rigoureuse justesse de mon évaluation du « Glossary of STEM terms from the MIT – Haiti Initiative »… Comme je l’ai démontré dans plusieurs articles, ce lexique anglais-créole de 800 termes est un médiocre bricolage pré-scientifique, un ouvrage amateur, il renferme un grand nombre de pseudo équivalents « créoles » fantaisistes, erratiques, a-sémantiques et souvent non conformes au système morphosyntaxique du créole (voir mon article « Le naufrage de la lexicographie créole au MIT Haiti Initiative » (Le National, 15 février 2022).
C’est le lieu de rappeler au mathématicien que vous êtes un principe de base de toute démarche scientifique : « (…) il n’est pas de production de connaissance robuste et fiable hors du collectif de scientifiques qui s’intéressent aux mêmes objets, faits et questions. La connaissance scientifique doit être mise à l’épreuve et vérifiée par des collègues ou pairs compétents, à savoir ceux qui sont préoccupés par les mêmes questions ou sont pour le moins familiers de la démarche scientifique concernant la matière spécifique (…). » (« Les sciences et leurs problèmes : la fraude scientifique, un moyen de diversion ? », par Serge Gutwirth et Jenneke Christiaens, Revue interdisciplinaire d’études juridiques 2015/1 (Volume 74).
3.2. Votre seconde assertion falsificatrice : « Depuis de nombreuses années, vous attaquez l’initiative MIT-Haïti et le travail constructif et communautaire qu’elle accomplit (…). Il est hautement significatif que le présumé « travail constructif et communautaire » que vous évoquez n’est attesté nulle part… sauf sur le site du MIT Haiti Initiative. Or il est aisé de constater –sur le site officiel du ministère de l’Éducation nationale d’Haïti, sur le site de l’Université d’État d’Haïti et sur les sites des autres universités d’Haïti–, qu’aucun document public ne présente un quelconque bilan de ce prétendu « travail constructif et communautaire ». En quoi consiste donc ce présumé « travail constructif et communautaire » que le MIT Haiti Initiative aurait, semble-t-il, effectué en Haïti ? Dans quelles régions du pays aurait-il été accompli ? Dans l’hypothèse où ce présumé « travail constructif et communautaire » aurait été effectué, pourquoi le MIT Haiti Initiative n’a-t-il publié aucun document public en Haïti, dans les deux langues de notre patrimoine linguistique historique, le créole et le français, pour présenter au public, aux enseignants, aux directeurs d’écoles et aux parents d’élèves un bilan détaillé de ce présumé « travail constructif et communautaire » ? Un tel bilan détaillé ne figure pas sur le site du MIT Haiti Initiative de l’année 2010, date de la création de cette institution, à l’année 2024… Vous conviendrez avec moi, cher Monsieur Haynes Miller, qu’il est curieux sinon suspect qu’une institution qui bénéficie du prestigieux « label » scientifique MIT n’ai pas diffusé en 14 ans d’existence le moindre bilan public détaillé destiné à informer le public, les enseignants, les directeurs d’écoles et les parents d’élèves au sujet de son présumé « travail constructif et communautaire ».
Bien que vous soyez l’un des membres fondateurs du MIT Haiti Initiative, j’observe que de 2010 à 2024 vous n’avez toujours pas lu, sur le site du MIT Haiti Initiative, l’invraisemblable prétention de votre institution à modéliser le domaine de la néologie créole… Voici en quels termes l’élaboration du « Glossary of STEM terms from the MIT – Haiti Initiative » est présentée, sur le site du MIT – Haiti Initiative, au chapitre « Kreyòl-English glosses for creating and translating materials in Science, Technology, Engineering & Mathematics (STEM) fields in the MIT-Haiti Initiative » : « (…) l’un des effets secondaires positifs des activités du MIT-Haïti (ateliers sur les STIM, production de matériel en kreyòl de haute qualité, etc.) est que nous enrichissons la langue d’un nouveau vocabulaire scientifique qui peut servir de ressource indispensable aux enseignants et aux étudiants. Ces activités contribuent au développement lexical de la langue » créole. » [Traduction : RBO]
Le pseudo « nouveau vocabulaire scientifique » du MIT – Haiti Initiative n’ayant jamais pu être implanté en Haïti dans le système éducatif national, le directeur de cette institution, le linguiste Michel Degraff, a livré une toute autre version de la mission et des objectifs du « Glossary of STEM terms from the MIT – Haiti Initiative » dans son article « Verite se tankou lwil nan dlo » (Le National, 10 février 2022). Il précise en effet ceci : « Enben, fòk nou klè sou sa : TRAVAY SOU GLOSÈ MIT-AYITI A SE PA TE JANM YON AKTIVITE « LEKSIKOGRAFI SYANTIFIK » ditou pyès. Nou pa te janm gen pretansyon sa a. Depi an lagan, se te yon aktivite pratik, entèraktif e dinamik sou teren (se pa nan « laboratwa », non !). Objektif Glosè MIT-Ayiti a se ede nan devlope epi aplike bibit vokabilè kreyòl la nan ansèyman lasyans » (…) se sa ki toujou fèt pou tout lang k ap pran jèvrin. Se moun k ap sèvi ak lang lan nan aktivite tou lè jou ki souvan kreye tèminoloji ki nesesè nan aktivite sa yo ». Dans cet article publié en Haïti dans Le National du 10 février 2022, Michel DeGraff « confesse » bien ingénument que « LE TRAVAIL [D’ÉLABORATION] DE CE GLOSSAIRE N’A JAMAIS ÉTÉ UNE ACTIVITÉ DE « LEXICOGRAPHIE SCIENTIFIQUE »…
Ce que manifestement vous banalisez et occultez, Monsieur Haynes Miller, c’est la réalité observable que le MIT Haiti Initiative prétend frauduleusement (1) qu’il effectue un « travail constructif et communautaire », (2) qu’il prétend modéliser le domaine de la néologie créole, qu’il prétend (3) enrichir « la langue [créole] d’un nouveau vocabulaire scientifique qui peut servir de ressource indispensable aux enseignants et aux étudiants » à l’aide d’un « glossaire [qui] n’a jamais été une activité de « lexicographie scientifique »… Il est invraisemblable que le mathématicien Haynes Miller ait pu un jour d’errance professorale et de grande confusion méthodologique, offrir aux étudiants du MIT, dans les domaines scientifiques, un raisonnement « scientifique » d’une si piètre teneur argumentative…
3.3. Votre troisième assertion falsificatrice : « Depuis de nombreuses années, vous attaquez l’initiative MIT-Haïti et le travail constructif et communautaire qu’elle accomplit pour soutenir les opportunités d’éducation pour tous en Haïti, tout en n’apportant aucune contribution significative à cet objectif. »
L’empressement que vous mettez à occulter ma démarche analytique dans le domaine de la lexicographie créole –un domaine dans lequel vous n’a aucune compétence, je le précise une fois de plus–, dans le but d’offrir un erratique « brevet de crédibilité » à Michel DeGraff ne vous a pas permis de vous renseigner adéquatement sur mon parcours académique ni de prendre connaissance des nombreux articles et des livres que j’ai publiés au fil des ans en Haïti, au Canada, en France, aux États-Unis et en Martinique. Votre empressement à offrir un indéfendable « brevet de crédibilité » à Michel DeGraff ne vous a pas permis de comprendre que mes diverses publications ont été nourries de l’enseignement que j’ai autrefois dispensé à la Faculté de linguistique appliquée de l’Université d’État d’Haïti… Vous avez toutefois la liberté de lire mon premier livre de linguistique publié en 2011, « L’aménagement linguistique en Haïti : enjeux, défis et propositions » (Éditions de l’Université d’État d’Haïti, Port-au-Prince, et Éditions du Cidihca, Montréal ; ce livre a été réédité en France en 2023 par l’antenne locale du Cidihca). Vous avez également la liberté de lire l’ouvrage collectif que j’ai conceptualisé, co-écrit et dirigé, « La didactisation du créole au cœur de l’aménagement linguistique en Haïti » (Éditions Zémès, Port-au-Prince, et Éditions du Cidihca, Montréal, 381 pages, 2021). Pour la première fois de toute l’histoire de la créolistique, un ouvrage spécialisé rassemble les contributions expertes de 15 spécialistes sur le registre-clé de l’aménagement du créole, à savoir la didactisation du créole. Je dois vous préciser que la didactisation du créole est un passage obligé dans différentes sphères : l’enseignement DE la langue créole et l’enseignement EN langue créole ; l’élaboration de curriculum ; la rédaction en créole de livres de référence dans toutes les matières du programme officiel du ministère de l’Éducation nationale ; la rédaction en créole de lexiques et de dictionnaires. La didactisation du créole est également indispensable à la presse écrite et audio, aux institutions nationales appelées à communiquer avec le public dans divers domaines (santé publique, sécurité publique, etc.), ainsi qu’aux instances de l’État qui, en vertu de l’article 40 de la Constitution haïtienne de 1987, ont l’obligation de diffuser tous leurs documents dans les deux langues officielles du pays, le créole et le français.
Parmi la trentaine d’articles que j’ai consacrés à la lexicographie créole ces dernières années et qui seront sous peu publiés au format livre aux Éditions Zémès (Haïti) et aux Éditions du Cidihca (Canada), je vous invite à consulter les titres suivants :
–« Le naufrage de la lexicographie créole au MIT Haiti Initiative » (Le National, 15 février 2022) ;
–« Le traitement lexicographique du créole dans le « Glossary of STEM terms from the MIT – Haïti Initiative » (Le National, 21 juillet 2022) ;
–« La lexicographie créole à l’épreuve des égarements systémiques et de l’amateurisme d’une « lexicographie borlette » (Le National, 28 mars 2023) ;
–« La « lexicographie borlette » du MIT Haiti Initiative n’a jamais pu s’implanter en Haïti
dans l’enseignement en créole des sciences et des techniques » (Rezonòdwès, 4 juillet 2023).
–« Lexicographie créole : retour-synthèse sur la méthodologie d’élaboration des lexiques et des dictionnaires » (Le National, 4 avril 2023).
–« Plaidoyer pour une lexicographie créole de haute qualité scientifique » (Le National,
14 décembre 2021).
3.4. Votre quatrième assertion affabulatrice et falsificatrice : « Pour une raison quelconque, vous êtes engagé dans une vendetta contre mon collègue Michel DeGraff. Vous avez tenté de donner l’impression d’une affiliation entre Michel et un parti politique haïtien, imitant ainsi les pires stratagèmes de l’ère McCarthy ».
Le dictionnaire Le Larousse définit comme suit le terme « vendetta » : « Dans certaines régions méditerranéennes (Corse, Sardaigne, Sicile), poursuite de la vengeance d’une offense ou d’un meurtre, qui se transmet à tous les parents de la victime ».
Pour sa part, ORTOlang (le dictionnaire du Centre national de ressources textuelles et lexicales, Université de Nantes et CNRS – Centre national de la recherche scientifique de France), définit ainsi le terme « vendetta » : « État d’inimitié, d’hostilité, consécutif à une injure ou à un meurtre, entre deux familles, deux clans. (…) Vengeance d’une injure ou d’un meurtre par le meurtre, qui se transmet de génération en génération dans les familles et dans les clans ».
Le fait d’avoir soumis au débat public les liens avérés existant entre Michel DeGraff et le cartel politico-mafieux du PHTK néo-duvaliériste relève-t-il d’une « vendetta », d’un « État d’inimitié, d’hostilité, consécutif à une injure ou à un meurtre, entre deux familles, deux clans ? Relève-t-il d’une « Vengeance d’une injure ou d’un meurtre par le meurtre, qui se transmet de génération en génération dans les familles et dans les clans » ? Cher Monsieur Haynes Miller, votre quatrième assertion est manifestement falsificatrice et elle est surtout profondément affabulatrice et fantaisiste… Détenteur d’un haut savoir en mathématique et familier des rigoureuses démonstrations mathématiques, vous n’avez à aucun moment fait la démonstration, documents à l’appui, que j’aurais institué une « vendetta contre [votre] collègue Michel DeGraff ». Cette absence de démonstration documentée illustre bien la myopie volontaire à laquelle un scientifique tel que vous se soumet dans le but d’offrir un improbable « brevet de crédibilité » à Michel DeGraff alors même que celui-ci a déjà été l’objet de sanctions administratives prises par le Département de linguistique du MIT et par le Rectorat du Massachusetts Institute of Technology. De plus, dans l’hypothèse où en « structure sous-jacente » de votre propos l’on pourrait éventuellement y voir un artifice d’intimidation à mon égard sous couvert des « pires stratagèmes de l’ère McCarthy », sachez que je ne saurais y souscrire. Je préfère m’en tenir au débat d’idées, au libre exercice de la pensée critique-analytique dont vous tentez de m’éloigner et qui ne semble pas appartenir à votre culture scientifique. Comme vous le savez déjà, les meilleurs analystes de l’histoire des idées en ce début de 21ème siècle notent que dans diverses sphères complotistes aux États-Unis, toute parole critique qui cible rigoureusement des accointances politiques avec les pouvoirs autoritaires et corrompus est stigmatisée et affublée de différents épouvantails, entre autres celle des « pires stratagèmes de l’ère McCarthy » qui flaire la naphtaline et le pain rance… Comme vous le savez, le dispositif narratif des diverses sphères complotistes aux États-Unis ne s’embarrasse pas des exigences du discours scientifique : il lui suffit d’égrener des poncifs et des clichés, vidant ainsi le discours académique de ses véritables fondements épistémologiques…
Je le dis haut et fort, en toute clarté : je n’ai aucun problème personnel avec Michel DeGraff et je ne mène contre lui aucune vendetta. J’ai avec lui de PROFONDES DIVERGENCES SCIENTIFIQUES sur l’aménagement du créole en Haïti, sur la lexicographie créole et la néologie créole –domaines dans lesquels Michel DeGraff n’a aucune compétence connue. J’ai avec lui de PROFONDES DIVERGENCES POLITIQUES d’autant plus évidentes que Michel DeGraff est le seul linguiste haïtien qui soutient publiquement le cartel politico-mafieux du PHTK par la promotion du PSUGO qu’il fait de manière soutenue depuis 2014 (voir plus bas ma présentation succincte du PSUGO). De surcroît, je vous signale, cher Monsieur Haynes Miller, que dans le dossier que j’ai publié sur « l’affaire Michel DeGraff », j’ai librement donné accès à tous les articles et courriels écrits par Michel DeGraff dans le différend qui l’oppose au MIT Department of Linguistics et au Rectorat du Massachusetts Institute of Technology. Publié le 22 octobre 2024 sur les sites Rezonòdwès (États-Unis) et Médiapart (France), cet article-synthèse –« Le linguiste Michel DeGraff, actif supporteur du PHTK néo-duvaliériste, est-il également un propagandiste de l’antisémitisme ? »–, est également paru en Martinique le 23 octobre 2024 sur le site Madinin’Art.
J’observe que dans votre empressement à occulter et à nier ma critique citoyenne, rigoureuse et amplement documentée relative aux liens aujourd’hui encore actifs entre Michel DeGraff et le cartel politico-mafieux du PHTK néo-duvaliériste au pouvoir en Haïti depuis douze ans, vous avez « oublié » de vous renseigner et de consulter les sources crédibles que j’ai fournies à l’appui de ma critique. Vous êtes un scientifique, Monsieur Haynes Miller, et à moins de vouloir confondre, en une myopie toute volontaire, les mirages de votre « argumentaire » et les faits observables, vous auriez dû vous informer adéquatement…
Ainsi, vous auriez dû savoir –et ne plus passer sous silence–, que l’appui public de Michel DeGraff au cartel politico-mafieux du PHTK néo-duvaliériste est de notoriété publique, il est consigné dans deux documents accessibles en ligne : (1) dans son article « La langue maternelle comme fondement du savoir : L’Initiative MIT-Haïti : vers une éducation en créole efficace et inclusive » paru dans la Revue transatlantique d’études suisses, 6/7, 2016/2017 ; et (2) dans la vidéo qu’il diffuse sur Youtube depuis le 5 juin 2014 et dans laquelle il prétend frauduleusement que « Gras a pwogram PSUGO a 88% timoun ale lekòl ann Ayiti » (« Grâce au PSUGO 88% des écoliers haïtiens sont scolarisés en Haïti »).
Dans votre empressement à occulter et à nier la justesse ma critique citoyenne amplement documentée, vous avez « oublié » de vous renseigner au sujet du PSUGO dont Michel DeGraff fait publiquement la promotion depuis… 2014.
Mis en route par les deux caïds-en-chef du PHTK néo-duvaliériste Michel Martelly et Laurent Lamothe, le PSUGO (Programme de scolarisation universelle gratuite et obligatoire), a été très largement dénoncé en Haïti par les enseignants et les associations d’enseignants. Il s’est révélé être une vaste entreprise de corruption et de dilapidation des ressources financières de l’État haïtien (voir les remarquables enquêtes de terrain d’AlterPresse diffusées en Haïti en juillet 2014, « Le Psugo, une menace à l’enseignement en Haïti ? (I – IV) / Un processus d’affaiblissement du système éducatif… » ; voir aussi le rigoureux article de Charles Tardieu, enseignant-chercheur, ancien ministre de l’Éducation nationale d’Haïti, « Le Psugo, une des plus grandes arnaques de l’histoire de l’éducation en Haïti », Port-au-Prince, 30 juin 2016).
Armé de votre boule de cristal mathématique, vous affirmez frauduleusement que j’ai tenté de « donner l’impression d’une affiliation entre Michel et un parti politique haïtien » : c’est pourtant Michel DeGraff lui-même qui, depuis… 2014, fait publiquement la promotion du PSUGO créé par le cartel politico-mafieux du PHTK néo-duvaliériste dans son article « La langue maternelle comme fondement du savoir : L’Initiative MIT-Haïti : vers une éducation en créole efficace et inclusive » paru dans la Revue transatlantique d’études suisses, 6/7, 2016/2017 et dans la vidéo qu’il diffuse sur Youtube depuis le 5 juin 2014.
L’appui public de Michel DeGraff au cartel politico-mafieux du PHTK néo-duvaliériste est de notoriété publique, je vous le dis à nouveau en toute clarté. Ainsi, au cours de l’entrevue parue sur le site MIT News Office le 20 juillet 2015, Michel DeGraff, selon sa vision de la promotion du créole, se prononce comme suit sur le « Pwotokòl akò ant ministè Edikasyon nasyonal ak fòmasyon pwofesyonèl (Menfp) ak Akademi kreyòl ayisyen (Aka) [« Protocole d’accord entre le ministère de l’Éducation nationale et de la formation professionnelle et l’Académie du créole haïtien »]. Cet accord, signé le 8 juillet 2015, est ainsi présenté par Michel DeGraff dans son entrevue du 20 juillet 2015 :
« The core objective of this new agreement between MENFP and AKA is to further promote Kreyòl, and Kreyòl speakers’ linguistic rights. MENFP and AKA have now created a formal framework to work together to expand the use of Kreyòl as a teaching tool at all levels of Haiti’s system, from kindergarten to university. This also entails the standardization of Kreyòl writing, and the training of teachers for instruction of, and in, Kreyòl. »
« L’objectif principal de ce nouvel accord entre le MENFP et l’AKA est de promouvoir davantage le kreyòl et les droits linguistiques des locuteurs du kreyòl. Le MENFP et l’AKA ont créé un cadre formel pour travailler ensemble afin d’étendre l’utilisation du kreyòl comme outil d’enseignement à tous les niveaux du système haïtien, de la maternelle à l’université. Cela implique également la normalisation de l’écriture en kreyòl et la formation des enseignants pour l’enseignement du kreyòl et en kreyòl. » [Traduction : RBO]
Et Michel DeGraff conforte son propos en y ajoutant des considérations d’ordre idéologique et politique de la manière suivante :
« (…) MENFP Minister Nesmy Manigat has shown an extraordinary amount of political will to promote Kreyòl. He is wholeheartedly supporting AKA and its agenda, as shown in the signing, on July 8, of this MENFP-AKA agreement. As he explained at the signing ceremony, Haitian schools have for too long wasted the potential of too many students by ignoring their native Kreyòl, and he trusts that this agreement will help ensure that all Haitian students have the same opportunity to succeed in school. »
« (…) le ministre de l’Éducation nationale, Nesmy Manigat, a fait preuve d’une volonté politique extraordinaire pour promouvoir le kreyòl. Il soutient sans réserve l’AKA [Akademi kreyòl ayisyen] et son programme, comme en témoigne la signature, le 8 juillet, de cet accord MENFP-AKA. Comme il l’a expliqué lors de la cérémonie de signature, les écoles haïtiennes ont trop longtemps gaspillé le potentiel de trop d’élèves en ignorant leur langue maternelle, le kreyòl, et il est convaincu que cet accord contribuera à garantir que tous les élèves haïtiens aient les mêmes chances de réussir à l’école. » [Traduction de RBO]
Il est hautement significatif que Michel DeGraff expose une vision frauduleuse de cet Accord et qu’il n’a jamais présenté le moindre bilan analytique de cette initiative pilotée par le ministre de facto de l’Éducation nationale, Nesmy Manigat, l’un des « caïds à cravate » du cartel politico-mafieux du PHTK néo-duvaliériste. Michel DeGraff n’est pas sans savoir que durant la mandature de Nesmy Manigat –louangé publiquement au motif fallacieux qu’il aurait « fait preuve d’une volonté politique extraordinaire pour promouvoir le kreyòl »–, le système éducatif haïtien a connu ses plus vastes scandales de corruption et de détournement de fonds, en particulier au Fonds national de l’éducation (voir mon article « La corruption au Fonds national de l’éducation : ce que nous enseigne le saint-Évangile de la transparence politique de Joseph Jouthe, ex-Premier ministre d’Haïti », Madinin’Art, 25 septembre 2004).
Je vous informe, cher Monsieur Haynes Miller, que de juillet 2015 à octobre 2024, aucun des deux signataires n’a présenté le moindre bilan public attestant que les objectifs fixés dans cet accord ont été atteints. Le « Protocole d’accord entre le ministère de l’Éducation nationale et de la formation professionnelle et l’Académie du créole haïtien » tant vanté par Michel DeGraff n’a pas eu de suite connue et mesurable de 2015 à 2024, et l’Académie créole, qui se plaint désormais dans la presse locale d’être « marginalisée » et sous-financée par l’État et dont l’action est quasi nulle à l’échelle nationale, s’évertue à identifier publiquement le ministère de l’Éducation nationale comme étant la principale institution qui s’oppose à la « promotion » du créole dans les écoles. L’Académie créole rejette ainsi sur « les autorités de l’État haïtien » le très maigre bilan de son action. Dans un article publié par Le Nouvelliste le 1er mars 2018, « L’Académie du créole haïtien réclame le support de l’État », les représentants de l’AKA exposent que « Faisant face à d’innombrables difficultés, les académiciens ont fait remarquer que les autorités de l’État haïtien ne soutiennent pas les actions et les travaux de l’Académie du créole haïtien. Selon Pierre Michel Chéry, l’État devrait prendre des mesures exigeant l’usage du créole dans toutes les sphères de la société. Rien n’en est fait cependant [sic] ».
3.5. Votre cinquième assertion affabulatrice et falsificatrice : « Pour une raison quelconque, vous êtes engagé dans une vendetta contre mon collègue Michel DeGraff. Vous avez tenté de donner l’impression d’une affiliation entre Michel et un parti politique haïtien, imitant ainsi les pires stratagèmes de l’ère McCarthy ».
J’observe que vous employez avec légèreté et de manière outrageusement fantaisiste l’expression « les pires stratagèmes de l’ère McCarthy ». N’ayant à aucun moment apporté la moindre preuve documentée que ma démarche analytique consisterait à « imit[er] ainsi les pires stratagèmes de l’ère McCarthy », vous instrumentalisez l’opprobre stigmatisante en agitant confusément le drapeau de « l’ère McCarthy » sans manifestement savoir en quoi consiste cette ère sur le plan historique aux États-Unis.
Cher Monsieur Haynes Miller vous avez l’obligation –au plan intellectuel et éthique–, de vous renseigner rigoureusement au sujet de « l’ère McCarthy » avant de l’évoquer de manière aussi superficielle et fantaisiste… Je vous suggère donc de lire avec la meilleure attention l’étude « Le cas McCarthy. Une construction politique et savante » de Yves Viltard parue dans la revue « Culture et conflits » numéro 43, automne 2001 ». Tout en gardant à l’esprit que votre « méthode scientifique » se déploie à l’aune d’une évidente myopie volontaire à géométrie variable, j’ai grand plaisir –afin de contribuer à vous informer adéquatement–, à reproduire le sommaire de l’étude de premier plan d’Yves Viltard :
« La machinerie mise en œuvre par McCarthy
Une méthode qui ne trompe pas grand monde à l’époque
McCarthy, McCarthysme et l’auto-victimisation du persécuteur
La construction politique de l’ennemi intérieur
Les contraintes sur l’exécutif et leur rôle dans la construction de la menace
La dramatisation des enjeux par l’exécutif
La construction par l’exécutif de l’ennemi intérieur
La construction savante de l’ennemi intérieur
Les origines américaines du paradigme totalitaire
L’adoption dès la fin des années trente d’une législation pour lutter contre la cinquième colonne
Après l’élection de 1948 le Parti communiste américain est définitivement marginalisé
Les intellectuels anticommunistes voient en McCarthy un ennemi intime ».
3.6. Sixième séquence : occulter, au moyen du déni des faits observables et du silence, les choix politiques indéfendables de Michel DeGraff
Il est hautement significatif que, dans votre courriel daté du 8 novembre 2024, vous vous efforcez de nier la réalité des sanctions administratives déjà prises par le Département de linguistique du MIT et par le Rectorat du Massachusetts Institute of Technology à l’encontre de Michel DeGraff. C’est pourtant Michel DeGraff lui-même qui en a fait état publiquement, entre autres, dans son article « Is MIT’s #MindHandHeart for a #BetterWorld compatible with its “vibrant” complicity in Israel’s genocide of Palestinians in Gaza ? » paru le 13 juin 2024 sur le site « The Tech »…
Cet article a donné lieu à une « Tribune » responsive signée par 9 enseignants du Département de linguistique du MIT, « A Faculty Response to Prof. Michel DeGraff », parue le 11 juillet 2024 sur le site « The Tech ».
J’en donne ici la traduction française :
« Note de l’éditeur : La lettre suivante à l’éditeur traite d’une chronique antérieure (« Is MIT’s #MindHandHeart for a #BetterWorld compatible with its “vibrant” complicity in Israel’s genocide of Palestinians in Gaza ? ») rédigée par le professeur de linguistique Michel DeGraff et publiée le 13 juin 2024. Cette réponse a été signée par plusieurs membres seniors du Département de linguistique en réponse à un différend en cours entre DeGraff et le Département de linguistique concernant un proposé pour l’automne 2024 qui touche au conflit israélo-palestinien ».
« Nous écrivons en tant que membres seniors du Département de linguistique en réponse aux commentaires de nature personnelle qui sont apparus dans quatre paragraphes d’une récente (13 juin 2024) « Tribune libre » publiée par le professeur Michel DeGraff de notre Département. Nous tenons à exprimer notre soutien le plus ferme à notre collègue et directeur de Département, le professeur Danny Fox, qui a été attaqué dans cette « Tribune libre ». Le professeur DeGraff se trouve en désaccord avec une décision négative de son Département concernant un projet de séminaire d’automne intitulé « Langue et linguistique pour la décolonisation et la libération, pour la paix et la construction de la communauté, de la rivière à la mer en Palestine et en Israël jusqu’aux sommets des montagnes d’Haïti et au-delà ». Nous pensons que son récit des événements ne caractérise pas correctement le processus qui a conduit à cette décision.
[NOTE : le slogan-programme « DE LA RIVIÈRE À LA MER EN PALESTINE ET EN ISRAËL », repris par Michel DeGraff, est habituellement utilisé dans leur propagande politique par le Hamas et le Hezbollah : voir mon article « Le linguiste Michel DeGraff, actif supporteur du PHTK néo-duvaliériste, est-il également un propagandiste de l’antisémitisme ? », Médiapart, Paris, 21 octobre 2024.]
[Suite et fin de l’article « A Faculty Response to Prof. Michel DeGraff »] « Bien que nous ne pensions pas que ce soit le lieu approprié pour discuter des détails, nous pensons qu’il est important de clarifier que la décision concernant le séminaire proposé a été le résultat d’un processus d’approbation de cours impliquant une proposition, un comité et une discussion par le département dans son ensemble. La décision n’a pas été prise en raison de la nationalité et des convictions politiques de notre directeur (que la chronique du professeur DeGraff qualifie d’ailleurs de manière trompeuse), et le fait d’insinuer le contraire constitue une attaque personnelle injustifiée.
Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de mes salutations distinguées,
Adam Albright
Kai von Fintel
Edward Flemming
Suzanne Flynn
Martin Hackl
Sabine Iatridou
David Pesetsky
Norvin Richards
Donca Steriade ».
La « Tribune » intitulée « A Faculty Response to Prof. Michel DeGraff » parue le 11 juillet 2024 sur le site « The Tech » –que vous avez certainement lue mais que vous passez sous silence dans le courriel que vous m’avez adressé le 8 novembre 2024–, est éclairante à plusieurs titres. Elle est notamment éclairante quant aux critères administratifs de rejet du séminaire proposé par Michel DeGraff en 2023 au Département de linguistique du MIT. Le titre complet du séminaire est « Langue et linguistique pour la décolonisation et la libération, pour la paix et la construction de la communauté, DE LA RIVIÈRE À LA MER EN PALESTINE ET EN ISRAËL jusqu’aux sommets des montagnes d’Haïti et au-delà ».
Cher Monsieur Haynes Miller, je vous invite à lire le courriel responsif automatique de Michel DeGraff daté du 19 octobre 2024 et dont j’ai obtenu copie. Il donne sa version des faits et elle est différente de celle des 9 enseignants formulée dans leur lettre collective parue le 11 juillet 2024 sur le site « The Tech » :
« Thank you for your email. This auto-reply has been classified as « misconduct » deserving of financial punishment (withholding of my yearly pay increase) by the Dean of MIT’s School of Humanities, Arts & Social Science. But here goes it anyway because my first-amendment right is NOT for sale… I’m now back from sabbatical as of September 4, 2024. But this is a semester unlike any other in my 28 years at MIT Linguistics, since I am now prevented from teaching a linguistics course in my own department. But I’m offering a « People’s Seminar » for the MIT community ON THE VERY SAME LINGUISTIC TOPIC : Language and linguistics for decolonization and liberation in Haiti, Palestine and Israel. This article explains the larger context for this struggle about my « lack of expertise » and what’s « fit » for linguistics in the context of rising fascism in higher education : In my opinion, such censorship amounts to slander since my senior colleagues (all but one) claim that I lack « expertise » and « scholarly competence » for leading a linguistic seminar in the one subfield of linguistics — language in society and the politics of linguistics — in which I’ve worked and published the most. I’m now struggling to find my way out of this predicament that’s deeply harming my personal and professional life. »
« Je vous remercie pour votre courriel. Cette réponse automatique a été classée comme « mauvaise conduite » donnant lieu à une sanction financière (retenue de mon augmentation de salaire annuelle) par le Doyen de l’École des sciences humaines, des arts et des sciences sociales du MIT. Mais je le fais quand même parce que mon droit au premier amendement n’est PAS à vendre… Je suis (…) de retour de mon congé sabbatique depuis le 4 septembre 2024. Mais ce semestre n’est pas comme les autres en 28 ans de carrière au MIT Linguistics, puisque je ne peux plus donner de cours de linguistique dans mon propre Département. Mais je propose à la communauté du MIT un « séminaire populaire » sur le même sujet linguistique : la langue et la linguistique pour la décolonisation et la libération en Haïti, en Palestine et en Israël. Cet article explique le contexte plus large de cette lutte à propos de mon « manque d’expertise » et de ce qui est « convenable » pour la linguistique dans le contexte de la montée du fascisme dans l’enseignement supérieur : À mon avis, une telle censure équivaut à une calomnie puisque mes collègues seniors (tous sauf un) prétendent que je manque « d’expertise » et de « compétence académique » pour diriger un séminaire linguistique dans le seul sous-domaine de la linguistique – le langage dans la société et la politique de la linguistique – dans lequel j’ai le plus travaillé et publié. Je me bats maintenant pour trouver la voie de sortie de cette situation difficile qui nuit profondément à ma vie personnelle et professionnelle… » [Traduction : RBO]
De surcroît je note
- que vous n’êtes pas signataire de la lettre collective signée par les 9 enseignants du Département de linguistique du MIT parue le 11 juillet 2024 sur le site « The Tech » et que, entre le 11 juillet 2024 et le 8 novembre 2024, vous vous êtes bien gardé de prendre publiquement la défense de Michel DeGraff dans la controverse qui l’oppose au MIT Department of Linguistics, au Massachusetts Institute of Technology Rectorate et à la Linguistic Society of America.
- Que bien au fait d’une si vaste controverse publique, vous vous êtes bien gardé de stigmatiser ces trois institutions universitaires américaines au motif qu’elles auraient présumément fait usage, à l’égard de Michel DeGraff, des « pires stratagèmes de l’ère McCarthy »… Cela vous aurait certainement valu des poursuites judiciaires pour diffamation –ce que je n’ai nullement l’intention de faire : je préfère vous interpeller sur le terrain d’un vrai débat, des échanges respectueux à l’aune du principe de la liberté académique et de celui de la liberté d’expression citoyenne. J’en profite d’ailleurs pour exprimer une fois de plus un principe éthique auquel je tiens fermement : aucun linguiste haïtien, aucun linguiste américain ne doit se réjouir de l’éventuelle révocation et/ou de la démission forcée de Michel DeGraff du Département de linguistique du MIT…
- Qu’aucun enseignant du Département de linguistique du MIT –y compris vous, qui êtes pourtant l’un des membres fondateurs du MIT Haiti Initiative–, n’a pris publiquement la défense de Michel DeGraff dans une si vaste controverse publique dont ils ont connaissance.
- Qu’il est hautement significatif que le linguiste Michel DeGraff soit à l’origine d’une si vaste controverse avec deux institutions universitaires du domaine linguistique –le Département de linguistique du MIT et la Linguistic Society of America–, et également avec le Rectorat du MIT. Faudrait-il en conclure, selon votre fallacieuse « logique » argumentative, que ces trois instances universitaires américaines auraient d’un commun accord « comploté » et mis en route contre Michel DeGraff l’« un les pires stratagèmes de l’ère McCarthy » ? Et si par hypothèse c’était le cas, pourquoi n’avez-vous pas publiquement dénoncé ce présumé « complot maCartiste » ?
Cher Monsieur Haynes Miller, permettez-moi de vous fournir un éclairage supplémentaire sur les liens politiques avérés existant entre Michel DeGraff et le cartel politico-mafieux du PHTK néo-duvaliériste, ainsi que sur « l’amnésie politique sélective » qui lui permet d’évacuer, par le déni, le rôle violemment impérial que jouent les États-Unis d’Amérique en Haïti depuis fort longtemps.
–1– Le signataire de l’accord bilatéral entre le MIT Haiti et la République d’Haïti a été signé par le Premier ministre haïtiens d’alors, Laurent Lamothe. C’est lui qui a signé au nom de l’État haïtien, le 17 avril 2013, l’accord de partenariat avec le MIT Haiti Initiative dirigé par Michel DeGraff (voir le document « MIT and Haiti sign agreement to promote Kreyòl-language STEM education », par Peter Dizikes, MIT News Office, April 17, 2013 ; source : « Platfòm MIT Haiti). Au sujet de Laurent Lamothe, vous devez savoir que le site officiel du ministère des Affaires étrangères du Canada consigne une information de premier plan sous le titre « Sanctions : violations graves de la paix et de la sécurité internationales en Haïti ». La décision du gouvernement canadien, entrée en vigueur le 17 novembre 2022, se lit comme suit : « Le Canada impose de nouvelles sanctions contre des gangs armés haïtiens et les personnes qui les soutiennent en réponse aux graves atteintes à la paix et à la sécurité internationales. Ces gangs et leurs partisans terrorisent les populations vulnérables en Haïti et ont précipité la crise humanitaire dans le pays, y compris la résurgence du choléra. Ils commettent des violences indescriptibles à l’encontre des populations touchées, notamment des violences sexuelles généralisées, et empêchent la prestation de services essentiels. Les sanctions imposées par le Canada visent à mettre fin au flux de capitaux et d’armes illicites afin d’affaiblir et de mettre hors d’état de nuire les gangs criminels. »
Le site officiel du ministère des Affaires étrangères du Canada précise que « Le Canada inscrit sur la liste 6 personnes qui ont participé à des violations flagrantes et systématiques des droits de la personne en Haïti et se sont livrées à des actes qui menacent la paix, la sécurité et la stabilité de ce pays. Liste des personnes : Rony Célestin, Hervé Fourcand, Gary Bodeau, Jean-Henry Céant, [l’ex-président] Michel Joseph Martelly, [l’ex-premier ministre] Laurent Salvador Lamothe ». Le ministère des Affaires étrangères du Canada émet un avis explicite relatif aux sanctions annoncées : « Contrevenir aux sanctions canadiennes constitue une infraction criminelle. Toute violation ou infraction éventuelle fera l’objet d’une enquête en vue de l’application des sanctions par l’Agence des services frontaliers du Canada et la Gendarmerie royale du Canada (GRC). »
–2—L’actuel gouvernement haïtien est dirigé par Gary Conille dont le Directeur de cabinet est… Nesmy Manigat, l’ancien ministre de l’Éducation nationale dont Michel DeGraff a tant vanté la pseudo « volonté politique extraordinaire pour promouvoir le kreyòl (voir plus haut l’entrevue de Michel DeGraff parue sur le site MIT News Office le 20 juillet 2015). Les meilleurs analystes de la tragédie politique et sécuritaire que vit Haïti aujourd’hui sont unanimes quant aux conditions politiques d’installation de l’actuel gouvernement intérimaire haïtien : il s’agit d’un « deal » scabreux mis au point par le Département d’État américain avec la Caricom et le cartel politico-mafieux du PHTK néo-duvaliériste auquel appartiennent Gary Conille et Nesmy Manigat, tous deux ayant auparavant été nommés ministres par le même cartel politico-mafieux du PHTK néo-duvaliériste…
Je n’ai pas encore trouvé un texte public dans lequel Michel DeGraff procède à une analyse citoyenne et documentée sur le « deal » scabreux mis au point par le Département d’État américain avec la Caricom et le cartel politico-mafieux du PHTK néo-duvaliériste ». Michel DeGraff a voulu donner un séminaire d’automne intitulé « Langue et linguistique pour la décolonisation et la libération, pour la paix et la construction de la communauté, de la rivière à la mer en Palestine et en Israël jusqu’aux sommets des montagnes d’Haïti et au-delà », mais je n’ai pas encore trouvé de texte public dans lequel Michel DeGraff procède à une analyse critique et interpelle son pays d’adoption, les États-Unis d’Amérique, pour le rôle impérial violemment mortifère qu’il joue en Haïti. La Palestine et Israël sont tellement proches, tandis qu’Haïti se trouve à des années-lumière du « radar analytique » de Michel DeGraff…
Ce sont précisément les liens politiques avérés existant entre Michel DeGraff et le cartel politico-mafieux du PHTK néo-duvaliériste, ainsi que son « amnésie politique sélective », qui expliquent son silence prémédité sur la tragédie politique et sécuritaire que vit Haïti aujourd’hui et sur le rôle impérial violemment mortifère que jouent les États-Unis d’Amérique en Haïti. Je le répète : pour Michel DeGraff la Palestine et Israël sont tellement proches, tandis que la tragédie d’Haïti se déroule à des années-lumière du « radar analytique » de Michel DeGraff…
Les États-Unis ont-ils noué des contacts –« business as usual »–, avec les puissants chefs de gangs armés qui contrôleraient 80% de la capitale d’Haïti, Port-au-Prince ? L’on observe, à ce chapitre, que « L’ambassade américaine dénonce une photo en circulation sur les réseaux sociaux concernant une éventuelle rencontre entre l’ambassadeur Dennis B. Hankins et le chef de gang Jimmy Chérizier alias Barbecue. « L’ambassadeur Hankins n’a jamais rencontré Jimmy Chérizier ni aucun autre membre de gang haïtien », a indiqué l’ambassade dans un message sur X » (voir l’article « Haïti-Insécurité: l’ambassade américaine nie toute rencontre de son ambassadeur avec Barbecue », Gazette Haiti News, 28 octobre 2024).
L’on cherchera en vain un texte analytique de Michel DeGraff –ardent pourfendeur de la « gwojemoni » française en Haïti–, sur la duplicité politique des États-Unis en Haïti. Ainsi, l’ambassadeur américain à Port-au-Prince « Dennis Hankins admet avoir des contacts avec des gangs pour la sécurité de l’ambassade ». Selon un article paru sur le site « Haïti 24.net » le 26 octobre 2024, « Lors d’une interview à l’émission Le Point sur Radio Télé Métropole, l’ambassadeur des États-Unis en Haïti, Dennis Hankins, a reconnu avoir eu des communications occasionnelles avec des membres de gangs notoires pour assurer la sécurité de l’ambassade américaine et de son personnel. C’est une question de voir la sécurité de l’ambassade et de mon personnel, de temps en temps il y a ces échanges », a déclaré Hankins, soulignant que les échanges avec les groupes armés étaient restreints. « Ce sont des criminels, il n’y a pas de bonne relation avec eux », a-t-il ajouté.
Toujours est-il que « Au moins 3661 personnes [ont été] tuées depuis janvier dans les violences en Haïti » (journal Le Devoir, Montréal, 27 septembre 2024). La Palestine et Israël sont tellement proches, tandis que la tragédie d’Haïti se déroule à des années-lumière du « radar analytique » de Michel DeGraff…
Soyons clairs, sans équivoque : il n’y a aucune échelle préférentielle en ce qui concerne les crimes de nature diverse et le déplacement forcé de milliers de personnes fuyant les quartiers contrôlés par les gangs armés. Alors même que les causes ne sont pas les mêmes d’un pays à l’autre, l’assassinat d’un enfant à Gaza, à Abidjan, en Cisjordanie, en Ukraine ou dans les bidonvilles de Port-au-Prince est un crime majeur et intolérable qui contrevient aux lois du pays où il est commis et à la « Convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant ».
L’on a bien noté que « Plus de 700 000 personnes, dont plus de la moitié sont des enfants, sont aujourd’hui déplacées à l’intérieur d’Haïti, selon un nouveau rapport de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) » (voir l’article « Haïti : plus de 700 000 personnes déplacées, la moitié sont des enfants », ONU Info, 2 octobre 2024). La Palestine et Israël sont tellement proches, tandis que la tragédie d’Haïti se déroule à des années-lumière du « radar analytique » de Michel DeGraff…
Alors même que Michel DeGraff fait la promotion de la collaboration avec le cartel politico-mafieux du PHTK néo-duvaliériste dans la scabreuse affaire du PSUGO, la presse haïtienne mène de sérieuses enquêtes de terrain et alerte l’opinion publique sur la « Crise : Fermeture de plus d’un millier d’écoles en Haïti, à cause de la terreur des gangs, alerte la Cojhit » : « La dégradation du climat sécuritaire en Haïti, notamment dans la zone métropolitaine de la capitale, Port-au-Prince, a provoqué la fermeture brutale de plus d’un millier d’établissements publics et privés, alerte la Coalition de la jeunesse haïtienne pour l’intégration (Cojhit). C’est un véritable désastre scolaire, qui met en péril le devenir de plusieurs milliers d’enfants et de jeunes, déplore la Cojhit » (AlterPresse, 1er février 2024). La Palestine et Israël sont tellement proches, tandis que la tragédie d’Haïti se déroule à des années-lumière du « radar analytique » de Michel DeGraff…
Il faut encore le préciser avec clarté : alors même que Michel DeGraff, sous couvert de « défense du créole », fait depuis 2014 la promotion de la collaboration avec le cartel politico-mafieux du PHTK néo-duvaliériste dans la scabreuse affaire du PSUGO, les institutions haïtiennes des droits humains et leurs partenaires internationaux ne cessent d’alerter l’opinion publique nationale et internationale sur la dégradation des droits des citoyens ces dernières années. Ainsi, dans le rapport intitulé « Les droits humains et L’État du droit en Haïti : développement clés récents –Décembre 2021 à mai 2022 »–, le Bureau des avocats internationaux établit un rigoureux rapport-diagnostic d’observation comme suit : « Depuis la dernière mise à jour sur les droits humains et l’État du droit en Haïti publiée par l’IJDH en décembre 2021, la détérioration des droits humains continue. Les vagues croissantes de violence des gangs entravent encore plus tous les aspects de la vie, les incidents de violence de masse et les enlèvements se multiplient au milieu d’allégations persistantes de complicité du gouvernement. [NOTE de RBO : ce gouvernement dit de transition a été mis en place par les États-Unis, la Caricom et l’aile la plus kleptocratique du PHTK néo-duvaliériste.] L’impunité chronique, qui est à la fois un facteur et une conséquence de la crise de l’insécurité, persiste, alors que le gouvernement de facto sape le système judiciaire, démantèle les mécanismes de responsabilité et préside à un rétrécissement de l’espace civique qui menace les droits civils et politiques des Haïtiens. Des millions d’Haïtiens sont sans nourriture ni eau adéquates. L’accès à d’autres droits humains fondamentaux tels que les soins de santé, l’éducation et un salaire de subsistance est extrêmement et de plus en plus limité. Des conditions invivables et une insécurité omniprésente poussent les Haïtiens à émigrer ; ceux qui ont cherché refuge aux États-Unis et dans d’autres pays américains ont été victimes d’expulsions massives à cause de politiques racistes et illégales qui violent le droit de demander l’asile. La société civile, les fonctionnaires du gouvernement et d’autres observateurs continuent d’attirer l’attention sur l’incapacité du gouvernement de facto à assurer la sécurité, à garantir les services de base ou à protéger ou revendiquer les droits des Haïtiens ».
Avec rigueur et hauteur de vue, le Bureau des avocats internationaux précise que « Cette mise à jour détaille ci-dessous (a) les violations des droits à la vie et à la sécurité de la personne ; (b) les abus du gouvernement, notamment la violence institutionnalisée et la corruption ; (c) le manque d’accès à la justice et l’impunité chronique ; (d) l’absence de protections égales pour les individus socialement vulnérables, en particulier les femmes et les filles ; (e) l’effondrement des droits économiques et sociaux ; et (f) les pressions à l’émigration. Ces défis et ces abus sont avant tout l’héritage de politiques et d’ingérences étrangères persistantes en matière d’extraction – qualifiées de pratiques néocoloniales partout dans la mise à jour. La crise aiguë à laquelle Haïti est confronté aujourd’hui a été directement précipitée par dix années de mauvaise gouvernance par le Pati ayisyen tèt kale (PHTK) corrompu, dont le Premier ministre Ariel Henry est un membre actif et un héritier politique de longue date. Par conséquent, aucun de ces défis ne peut être compris ou affronté sans s’attaquer à la crise de gouvernance provoquée par le PHTK, qui a laissé Haïti sans gouvernement légitime ni institutions démocratiques opérationnelles, ou même des élus ».
Le rapport du Bureau des avocats internationaux intitulé « Les droits humains et L’État du droit en Haïti : développement clés récents –Décembre 2021 à mai 2022 » est accessible et je vous suggère positivement, cher Monsieur Haynes Miller, de le lire avec la meilleure attention et de le faire lire à Michel DeGraff… Dans tous les cas de figure, je le répète : pour Michel DeGraff la Palestine et Israël sont tellement proches, tandis que la tragédie d’Haïti se déroule à des années-lumière du « radar analytique » de Michel DeGraff…
Cher Monsieur Haynes Miller, je porte à votre attention que la correspondance que je vous achemine aujourd’hui sera également envoyée à des collègues linguistes et à des enseignants oeuvrant en Haïti. Je vous informe également que la présente correspondance sera bientôt publiée sur le mode d’une lettre ouverte afin que, en Haïti et ailleurs, les étudiants, les enseignants, les directeurs d’école, les rédacteurs de manuels scolaires, les travailleurs de la presse, etc. puissent prendre connaissance de votre propos et apprécier l’analyse critique que j’en fais. Loin de toute pseudo « vendetta », loin des prétendus « pires stratagèmes de l’ère McCarthy » que vous évoquez avec tant de suspicion et dans un grand brouillard épistémologique, ce sera une façon de contribuer à actualiser un débat public sur un sujet d’intérêt public. Ce sera aussi une façon de tenir à distance toute velléité de faire taire une parole critique et libre en donnant la primauté au libre exercice de la parole académique et citoyenne. Enfin j’ai à cœur de vous inviter, une fois de plus, à lire attentivement le dossier que j’ai publié sous le titre « Le linguiste Michel DeGraff, actif supporteur du PHTK néo-duvaliériste, est-il également un propagandiste de l’antisémitisme ? » (Madinin’Art, 23 octobre 2024).
La version anglaise de cet article est jointe à la présente correspondance.
Veuillez agréer, cher Monsieur Haynes Miller, l’assurance de ma considération distinguée.
Robert Berrouët-Oriol
Linguiste-terminologue