L’Émotion, la Raison: Pour l’équilibre de la conscience pensante et agissante.

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Par Camille Loty Malebranche

Ni la masse d’objectivité noyant les sensibilités subjectives chez le partisan de la raison exclusive ni la subjectivité délirante de l’émotif primitif s’abandonnant à ses pulsions et réactions primaires impulsives, ne peuvent en exclusives – chacune seule dévorant l’autre et s’excluant réciproquement – conférer l’équilibre indispensable qui caractérise un homme assumé. Raison et Émotion sont comme les deux pieds sur lesquels se tient debout la complétude du penseur-acteur qu’est l’homme. Ce sont deux facultés-attributs dont l’équilibre est nécessaire à l’équilibre humain, à la verticalité de posture de la conscience pensante et agissante au feu multiple des situations tant pondérables qu’impondérables de la vie.

La raison nous est donnée pour interroger et comprendre le monde, alors que l’émotion nous le fait sentir dans notre intériorité. L’émotion, pilier de la création et de la représentation; la raison, socle de la découverte et de l’invention. À ce stade, les deux se contrebalancent dans l’entendement interdépendant pour la complétude du progrès de la conscience collective de l’espèce dans sa marche culturophore, c’est-à-dire porteuse de cultures et fondatrice de civilisations. La raison agit physiquement et administrativement sur le réel dans son rapport à l’immédiateté, l’émotion vibre, par-delà les présences tangibles, selon la perception des valeurs et du sens transcendant dont le réel n’est que l’instance médiate.

Quand la raison exclut l’émotion, l’homme en devient un monstre pétrifié de la gestion implacable, une sorte de golem de marbre, froid et sans réflexe ni inflexion d’humanité, strictement programmé par et pour les résultats visés par l’action considérée rationnelle.    

Quant à l’émotion, lorsqu’elle empiète sur la raison, en envahit l’espace, elle fait de l’homme, un jouet de la débilité, un amas stupide de pulsions, incapable de recul et agissant au premier degré. L’émotion au pouvoir sans la raison, fait basculer l’humain dans les rêvasseries et excentricités de l’imaginaire qui croit à la pensée magique là où la raison aiderait à construire en toute objectivité.

Il n’y a pas d’hommes uniquement d’émotion ou de raison ni de cultures et civilisations exclusivement émotives ou rationnelles, c’est la sollicitation de l’une ou de l’autre qui détermine laquelle prédomine voire éclipse l’autre! L’équilibre de la raison et de l’émotion doit être l’objet du travail mental de l’homme et des sociétés. Prendre conscience de la mesure des choses en ces fragiles domaines du psychisme humain, peut éviter les rages émotionnelles des tueurs collectifs justiciers ou racistes qui prolifèrent aujourd’hui dans certaines sociétés, tout en enrayant l’imbécile et sauvage déferlement des rationalités monstrueuses telles l’interventionnisme belliciste, l’impérialisme et sa géostratégie du massacre perpétrée au nom de la froide raison pour la domination de certains establishments sur le monde. Car individuel ou collectif, le déséquilibre de l’émotion et de la raison enfante toujours des excès, des abus et parfois d’effrayantes monstruosités mortifères et meurtrières.

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L’émotion et la raison se limitent et se tempèrent pour le meilleur quand l’homme prend conscience que tous ses attributs doivent vivre en équilibre symbiotique pour sa plus grande et glorieuse croissance ontologique globale.     

CAMILLE LOTY MALEBRANCHE

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