Par Camille Loty Malebranche
En vérité, à l’heure de la déroute du sens dans l’idéologie économique appliquée et mondialisée, le plus sûr moyen de vaincre en politique et de conquérir le pouvoir, n’est plus ni les idées ni même le langage, vu la sottise arrogante et agressive de la plupart des candidats et votants. Le pouvoir actuel sauf exceptions, est affaire de connerie populacière pour se faire rassembleur sur des lieux communs qui plaisent aux foules, lesquelles se complaisent à porter au timon de l’État des niais et démagogues minables qui leur ressemblent!
La dictature du nombre conditionné pour les pires misérabilismes partisans, la mobilisation des foules appelées dans leurs réflexes les plus irrationnels et les plus vulgaires, a remplacé une certaine vision du mérite du dirigeant à élire. Car après toute l’hétéronomie du pouvoir politique totalement inféodé, vampirisé par les desiderata des oligarchies les plus opulentes et leur lobbying implacable, totalement impassible devant les misères socio-économiques des masses, que reste-t-il de légitimité voire d’utilité à nos élus, sinon leur mérite personnel et leur force de caractère pour jouer des contradictions du système et créer de petits interstices de pouvoir à exploiter au profit du peuple? Le sachant, les oligarques et leur immonde système médiatique dit « people » propulse désormais des nains intellectuels, des minables voire des clowns à la tête des États comme présidents et premiers ministres. Ces jouets vivants sur les fauteuils présidentiels et primaturaux, peuvent être actionnés au gré de la fascination que les experts du système leur imposera pour les mystifier et les faire exécuter servilement des politiques voulues par les groupuscules richissimes. Paltoquets-doublure sur trône pour gesticuler au nom de leurs maîtres de l’ombre!
Le politicien sous-produit de la civilisation en crise de sens et d’évanescence de la gouvernance étatique, est une périssoire opportuniste qui vogue aux vents et vagues des courants populaciers de mode pour maintenir ou asseoir sournoisement derrière sa gestuelle histrionique sa propre popularité tout en ayant le support de ses maîtres commanditaires ploutocrates; alors que l’homme politique, leader, tout en sachant l’importance de la popularité pour l’exercice effectif du pouvoir factuel qui vient du peuple, s’efforce d’éduquer ledit peuple pour lui instiller le goût du beau et du juste, qu’il rend ainsi populaire afin que le pouvoir soit assis sur la noblesse des choses et non la démagogie populiste ou populacière. L’homme politique s’efforce d’apporter au peuple qu’il perçoit comme raison d’être de sa mission, tous les outils de pensée et de compréhension de l’action citoyenne à la fois comme droits et devoirs collectifs de sa souveraineté, son bien-être de condition individuel et catégoriel dans le vivre ensemble.
Quand la foule dicte sa vulgarité comme méthode de conquête du pouvoir et que des jouets des oligarques maîtres du pouvoir financier et des structures de production, sont désignés leaders politiques, il n’y a ni État ni Nation mais un ordre social servile qui se complaît dans ses démagogies pour se laisser croire démocratique!
La démagogie est la voie inhérente à l’ingouvernance politique quand le sort des peuples est séquestré par le diktat pernicieux des secteurs économiques prédateurs se jouant des politiciens pour légitimer et rendre populaires par la pseudo-science endossée dans la politicaillerie des politiciens de doublure, leurs propres forfaits oligarchiques.
La démagogie est le recours politicien à la gesticulation simulatrice pour masquer l’inaction par complicité avec les tenants cachés du pouvoir et faire agir la foule selon des postiches de sens en substituts d’espoir! La démagogie est donc un accord malsain et subtil entre politiciens et votants pour ne pas faire face au devoir de la transformation d’un statu quo indigne.
La popularité du non sens brandi par le démagogue usant des mensonges pseudo-scientifiques de l’idéologie politico-économique à travers la puissante presse mainstream, constitue l’une des pires armes de destruction de l’essence de la politique qui est, comme nous l’avons dit déjà, le domaine du sens collectif des humains en société. C’est pourquoi, les vraies élites doivent tout faire dans un effort d’éducation démocratique du peuple, pour instaurer le sens en politique contre l’absurde électoralisme, contre l’imposture médiatique systémique et sa démagogie qui fabrique des imposteurs populaires.
CAMILLE LOTY MALEBRANCHE
Lisez l’original au lien qui suit https://intellection.over-blog.com/2018/02/demagogie-et-popularite.html