26 juin 2024
Haïti | Gangs et insécurité – ONU : Un rapport du Conseil de Sécurité révèle des liens troublants entre Michel Martelly, Youry Latortue, Prophane Victor, Reynold Deeb… et les gangs criminels armés
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Haïti | Gangs et insécurité – ONU : Un rapport du Conseil de Sécurité révèle des liens troublants entre Michel Martelly, Youry Latortue, Prophane Victor, Reynold Deeb… et les gangs criminels armés

Ce rapport de 158 pages sera périodiquement examiné par Rezo Nòdwès afin de révéler les noms associés à des complicités avec les gangs criminels qui ont appauvri et endeuillé de nombreuses familles haïtiennes.

Extrait du rapport: … D’après plusieurs sources, M. Martelly a créé la Base 257, qui a été financée et armée au fil du temps pour empêcher les manifestations contre le pouvoir à Pétion – Ville, notamment à partir de 201451. Ce gang est régulièrement mêlé à des meurtres, des enlèvements, des vols et au trafic de drogue. M. Martelly est également passé par des intermédiaires, notamment des fondations ou des membres de sa garde rapprochée, pour établir des relations et négocier avec d’autres gangs.

Ariel Henry, rappelons-le, a occupé le poste de ministre de l’Intérieur sous la présidence de Michel Martelly en 2015. Sa réputation est-elle intacte ?

New York, mercredi 18 octobre 2023 ((rezonodwes.com))–

Un rapport accablant soumis par des experts des Nations Unies au Conseil de Sécurité détaille une situation critique en Haïti depuis l’adoption de la résolution 2653 en 2022. Les conditions de sécurité se sont aggravées, principalement dans les départements de l’Ouest et de l’Artibonite, où la violence armée et les violations des droits humains s’intensifient. Les gangs étendent leur contrôle sur de nouveaux territoires, affectant l’ensemble de Port-au-Prince. Les chiffres sont alarmants : 80 % de la zone métropolitaine est sous leur influence, laissant seulement 20 % épargnés par leurs incursions.

La situation est exacerbée par l’absence de représentants élus, des divisions politiques marquées, et une transition politique laborieuse. Ces facteurs entravent une gouvernance efficace face aux crises sociales, économiques et sécuritaires. L’organisation d’élections cruciales demeure incertaine.

L’économie haïtienne est sous le contrôle d’un groupe restreint de familles influentes qui favorisent leurs intérêts commerciaux au détriment de la stabilité du pays. Des élites économiques et politiques s’emparent des ressources publiques, utilisent les gangs et la violence pour servir leurs objectifs politiques ou économiques, sapant l’état de droit pour préserver leur impunité. Cette situation menace la paix et la sécurité nationale.

En dépit des sanctions imposées à certaines personnalités haïtiennes, les gangs semblent gagner en autonomie en diversifiant leurs sources de revenus. Toutefois, la collusion entre les gangs et des membres de l’élite politique et économique n’a pas disparu entièrement.

Le rapport met en lumière l’augmentation de la coopération entre la coalition du G-Pèp et ses alliés à Port-au-Prince, qui diversifient leurs revenus par des enlèvements contre rançon, renforçant ainsi leur capacité de combat. Johnson André, alias « Izo », devient une figure majeure au sein de l’alliance du G-Pèp, fournissant un soutien en hommes et en armes à feu. De l’autre côté, Jimmy Chérizier, alias « Barbecue », à la tête de l’alliance « Famille G9 et alliés », mène des attaques violentes contre des quartiers rivaux, provoquant de nombreuses victimes.

Le département de l’Artibonite, au nord de la capitale, est également touché par une montée en flèche de la violence des gangs, qui commettent des crimes abominables contre la population et les forces de l’ordre.

Le rapport pointe également du doigt Michel Martelly, ancien président de 2011 à 2016, accusé d’avoir utilisé les gangs pour étendre son influence politique, contribuant ainsi à l’insécurité persistante. Des informations indiquent que Martelly a financé plusieurs gangs en leur fournissant des fonds et des armes à feu. Il aurait notamment créé le gang « Base 257 », impliqué dans des actes criminels graves. Martelly aurait établi des relations avec d’autres gangs par le biais d’intermédiaires, menaçant ainsi la stabilité du pays.

D’autres personnalités politiques, telles que Prophane Victor et Youri Latortue, sont également accusées de financer et de soutenir des gangs, alimentant ainsi le cycle de violence et d’insécurité en Haïti.

L’homme d’affaires Reynold Deeb, avait l’habitude de payer des chefs de gangs et de soudoyer des députés, qui ont utilisé des chefs de gangs pour disperser des
manifestants et débloquer les rues afin de permettre l’entrée de ses marchandises.
.

Ce rapport alarmant de l’ONU expose la gravité de la situation en Haïti et souligne la nécessité de prendre des mesures pour mettre fin à l’influence destructrice des gangs et de leurs soutiens politiques et économiques.

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Extrait du Rapport d’Experts des Nations-Unies

Michel Martelly, qui a été président de 2011 à 2016, s’est servi des gangs pour étendre son influence dans les quartiers afin de faire avancer son agenda politique, contribuant ainsi à un héritage d’insécurité dont les effets se font encore sentir aujourd’hui.

Le Groupe d’experts a reçu des informations selon lesquelles, pendant son mandat, M. Martelly a financé plusieurs gangs, tels que Base 257, Village de Dieu, Ti Bois et Grand Ravine, notamment en leur fournissant des fonds ou des armes à feu.

74. D’après plusieurs sources, M. Martelly a créé la Base 257, qui a été financée et armée au fil du temps pour empêcher les manifestations contre le pouvoir à Pétion – Ville, notamment à partir de 201451. Ce gang est régulièrement mêlé à des meurtres, des enlèvements, des vols et au trafic de drogue

52. M. Martelly est également passé par des intermédiaires, notamment des fondations ou des membres de sa garde rapprochée, pour établir des relations et négocier avec d’autres gangs. Ainsi, Arnel Joseph, l’ancien chef du gang de Village de Dieu, a déclaré qu’il s’entretenait régulièrement avec un intermédiaire travaillant dans l’unité de protection rapprochée de M. Martelly, ajoutant que cet intermédiaire lui donnait des armes à feu et d’importantes sommes d’argent

53. Dans une vidéo, Ti Lapli, l’un des chefs actuels de Grand Ravine, explique que l’ancien Président a remis à Tet Kale (ancien chef de Grand Ravine) un fusil Galil 5,56 mm appartenant à la police et un fusil de même type à Chrisla, chef du gang Ti Bois. Après l’assassinat de Tet Kale, Ti Lapli a récupéré l’arme.

75. De 2016 à 2020, Prophane Victor a été député de Petite Rivière, dans le département de l’Artibonite, une région où les niveaux de violence et de contrôle des gangs sont en augmentation. Pour assurer son élection en 2016 et son contrôle sur la région, M. Victor a commencé à armer des jeunes de Petite Rivière, qui ont ensuite formé le gang Gran Grif

54 , actuellement le plus important du département de l’Artibonite et principal responsable des violations des droits humains, y compris de violences sexuelles. M. Victor a continué à soutenir Gran Grif jusqu’en 2020, date à laquelle le gang et lui se sont brouillés à la suite de promesses non tenues faites pendant la période électorale. Depuis, il soutient des gangs rivaux et des groupes d’autodéfense dans la région

55. Outre les éléments de preuve recueillis par le Groupe d’experts, M. Victor fait l’objet de sanctions par le Canada depuis juin 202356 .

76. Youri Latortue, originaire des Gonaïves, ancien Président du Sénat de 2017 à 2018, exerce un contrôle considérable sur la vie politique et économique du département de l’Artibonite, notamment par le recours à des gangs, comme Raboteau, qu’il finance et arme. Plus récemment, des sources confidentielles ont dit au Groupe d’experts que M. Latortue avait également financé le gang Kokorat Sans Ras, un groupe extrêmement violent du département de l’Artibonite, en collusion avec Raboteau. M. Latortue a eu recours à des gangs pour assurer sa protection rapprochée et détruire des biens. Outre les éléments de preuves recueillis par le Groupe d’experts, M. Latortue fait l’objet de sanctions imposées par le Canada et les États-Unis pour aide aux gangs. Le Groupe d’experts a récemment reçu une vidéo dans laquelle Barbecue (HTi.001), le chef de gang, déclare que M. Latortue lui avait remis 30 000 dollars.

77. Le Groupe d’experts s’intéresse à plusieurs acteurs économiques et politiques qui ont créé ou financé des gangs, y compris au moyen de fondations, et entend poursuivre ses enquêtes.

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